Aller au contenu principal

« Nous voulons donner une bonne image de notre métier d'éleveurs de porcs»

Pierre et Romain Le Foll se sont installés le 1er janvier 2021 à la tête de l’élevage familial de 150 truies naisseur-engraisseur en label rouge Opale. L’image qu’ils veulent donner de leur métier est une composante importante de leurs projets professionnels.

En arrivant à la Ferme de la Rive qui surplombe le petit port de Pontrieux, surnommée aussi la petite Venise des Côtes-d’Armor, on remarque tout de suite le grand logo ornant le pignon d’un bâtiment. « Nous l’avons créé pour donner une identité à notre exploitation », expliquent Pierre et Romain, 30 et 28 ans, installés depuis janvier 2021 sur l’exploitation familiale. Car pour les deux frères, l’image qu’ils veulent dégager est essentielle pour se sentir bien dans leur métier. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité à continuer dans la production de porcs label rouge proposée en 2011 à leur père par leur groupement Eureden. Le choix des bâtiments qu’ils doivent construire afin de moderniser l’élevage est également influencé par ce fil conducteur. La nouvelle verraterie-gestante terminée cet automne dans le cadre d’un passage de 150 à 200 truies est sur paille. « Nous avons mis en ligne une vidéo sur Youtube pour montrer les différentes étapes de sa construction. » Il est probable que la future maternité sera constituée de cases liberté. « Ce qui compte aussi, c’est la « visitabilité » de l’exploitation. Nous tenons à ce que nos bâtiments et leurs abords soient propres à tout moment. » Les deux frères communiquent sur Instagram, en postant les faits marquants d’une vie d’agriculteurs. Les installations de biosécurité externes et internes ont fait partie des premières mesures mises en place lors de leur installation. Autour de l’élevage, des haies ont été plantées, dans le cadre du dispositif régional Breizh bocage visant à la reconstitution d’un maillage bocager. « Le bois servira à chauffer la future maternité », précise Pierre.

Deux profils différents mais complémentaires

En préalable à tous ces projets, les deux jeunes éleveurs gardent la tête sur les épaules et travaillent d’arrache-pied pour optimiser le parc bâtiment actuel, encore performant mais vieillissant, et dégager suffisamment de revenus pour vivre de leur métier. Ils ont des profils complémentaires grâce à des trajectoires professionnelles différentes, même si leur formation initiale ne les destinait pas à devenir éleveurs. Pierre, 30 ans, a fait un BTS commercial. Mais il n’a pas persévéré dans cette voie. Après un an de salariat dans l’exploitation familiale, il passe un BPREA à Quintenic pour s’installer en JA. Son expérience dans l’élevage l’a amené à s’occuper de la partie truies. Romain, 28 ans, s’est formé dans la menuiserie et la construction de bâtiments. Il avait l’expérience de l’élevage familial, mais n’a pas suivi de formation agricole. Il s’occupe essentiellement du post-sevrage, de l’engraissement, des cultures et de l’entretien des bâtiments et du matériel. Romain ne se destinait pas à s’installer dans l’immédiat, mais le décès brutal de leur père en 2019 a changé la donne. « Nous avons voulu nous installer ensemble pour créer d’emblée une notion d’équité entre nous deux », expliquent Pierre et Romain. L’entraide et la concertation sont les bases de l’organisation du travail. Une organisation facilitée par la vision commune qu’ils ont de leur métier. « J’aime être maître de mon emploi du temps et j’adore le côté technique de la production porcine », affirme Pierre. « C’est un métier qui offre des marges de progression importantes, et permet de mener à bien des projets passionnants », complète Romain.

Un projet structuré, basé sur le label rouge

Le passage à 200 truies répond à l’objectif d’améliorer le revenu dégagé par l’élevage. La nouvelle verraterie-gestante a permis de gagner en temps de travail, grâce à sa conception et à l’automatisation des tâches : alimentation aux Dac qui permettent également le tri automatique des truies pour les interventions ou le passage en maternité, racleur au sol pour évacuer les déjections vers la fumière, ventilation statique régulée avec des rideaux brise-vent latéraux… Le passage de 4 à 5 bandes a permis d’augmenter les effectifs de chaque bande sans avoir à construire de nouvelles places de maternité. « À terme, le site sera spécialisé dans le naissage. L’engraissement des porcs charcutiers sera réalisé sur un second site existant. » Le mode de rémunération du label rouge Opale constitue un filet de sécurité appréciable par les deux frères en ces temps de crise. « Une partie correspondant à la valorisation de la carcasse en produits vendus sous label rouge est contractualisée sur le coût de production. Le label rouge garantit aussi les débouchés. Il y a rarement des retards dans les départs. » L’engagement des éleveurs dans un signe de qualité a aussi aidé à faire passer leur dossier d’installation auprès des banques. Pierre et Romain participent également aux opérations de promotion de leurs produits en grande surface et au Salon de l’agriculture de Paris. Ils veulent aussi davantage s’investir dans la communication auprès du grand public, en participant notamment aux journées portes ouvertes organisées par l’association Agriculteurs de Bretagne. « Malgré la crise, qui est très dure à vivre, nous croyons dans l’avenir de notre production. Nous sommes fiers de notre métier et nous voulons le faire savoir. » Ils sont cependant assez critiques sur la profession, qui, selon eux, tarde à trouver des solutions pour assurer la pérennité du maillon de la production. « Nous ne voulons pas être toute notre vie le nez dans le guidon et vivre des périodes de doute comme ça a été trop souvent le cas pour l’ancienne génération. Il est temps que la filière trouve des solutions pour assurer un revenu minimum permettant aux éleveurs de vivre dignement de leur métier. »

Dominique Poilvet

« Il est temps que la filière trouve des solutions permettant aux éleveurs de vivre dignement de leur métier »

Fiche élevage

EARL Ferme de la Rive à Ploëzal (Côtes-d’Armor)

Pierre et Romain Le Foll
200 truies naisseur-engraisseur
Conduite en 5 bandes de 34 truies à la mise bas
Production valorisée en label rouge Opale
Groupement et aliment : Eureden
Génétique : Axiom (truie Youna et verrat Piétrain NN)

Curriculum

Pierre Le Foll

30 ans
BTS action commerciale
BPREA Quintenic

Romain Le Foll

28 ans
Bac pro de menuiserie
Formation de dessinateur-métreur ossature bois

Côté Web

Retrouvez les deux vidéos créées par Pierre et Romain Le Foll qui détaillent la création de leur bloc verraterie-gestante sur paille et la pose d’une couverture de fosse.

Instagram : fermedelarive22

Avis : Erwan Carel, responsable production porcine Eureden dans les Côtes-d’Armor

 

 
Erwan Carel, responsable production porcine Eureden dans les Côtes-d’Armor
Erwan Carel, responsable production porcine Eureden dans les Côtes-d’Armor © D. Poilvet

« Les éleveurs Opale participent à la promotion de leurs produits »

« Le groupement porc Eureden est le plus gros producteur de porcs label rouge en France. Cette production représente aujourd’hui 17 % des porcs du groupement. Les porcs sont nourris avec des aliments non OGM et contenant de la graine de lin et ils sont élevés sans antibiotiques à partir de 42 jours d’âge. Le paiement des éleveurs se compose d’une plus-value filière et d’un prix de filière intégrant le prix de revient. Au sein de l’association Opale, les éleveurs engagés dans la démarche sont partie prenante de l’évolution du cahier des charges (via des groupes de travail) et dans la mise en avant de leurs produits via des animations commerciales en magasin notamment. »

Les plus lus

éleveur de porcs en maternité
« Des performances exceptionnelles avec la nouvelle maternité de notre élevage de porcs »

Vincent et Roger Prat atteignent des niveaux de performance très élevés depuis la mise en service de leur nouveau bloc…

porcs en engraissement
Comment rénover les engraissements des élevages de porcs avec des grandes cases?
Les grands groupes semblent séduire de plus en plus d’éleveurs dans le cadre d’une rénovation de bâtiments. Mais certains points…
construction d'un bâtiment porcin
Le coût des bâtiments porcins a flambé

Le coût des bâtiments porcins a fortement augmenté entre 2015 et 2023, selon l’Ifip. Cette hausse importante s’est…

salarié élevage de sélection axiom
Axiom se lance dans l’arrêt de la caudectomie des porcelets

À Usson-du-Poitou dans la Vienne, un des élevages de sélection des lignées femelles d’Axiom s’est engagé dans une démarche d’…

éclairage dans les bâtiments porcins
La lumière oriente les porcs dans leur case

Un groupe de chercheurs allemands a réalisé un test de préférence sur les conditions d’éclairement en post-sevrage sur un…

Les porcelets sociabilisés sont très curieux et explorent beaucoup leur environnement
Bien-être animal : les éleveurs plébiscitent la sociabilisation des porcelets en maternité

Une enquête réalisée par les chambres d’agriculture de Bretagne analyse les pratiques d’éleveurs qui sociabilisent leurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)