La restauration dynamise la consommation du porc
Tous circuits confondus, les produits du porc ont bénéficié en 2024 de la dynamique des marchés hors domicile qui retrouvent la croissance. Cependant, les dépenses des ménages à domicile en viande de porc et en charcuterie sont en repli.
Tous circuits confondus, les produits du porc ont bénéficié en 2024 de la dynamique des marchés hors domicile qui retrouvent la croissance. Cependant, les dépenses des ménages à domicile en viande de porc et en charcuterie sont en repli.

En 2024, la restauration a enregistré une hausse notable de ses volumes (+2,1 %). Pourtant, les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux prix : 89 % des clients déclarent surveiller les tarifs des plats, contre 84 % l’an dernier.
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Ils limitent le nombre de composants de leur menu et se tournent vers des produits moins chers et des circuits plus accessibles comme les boulangeries. Ce contexte profite aux produits du porc. Après une baisse en 2023, la consommation apparente de produits du porc a augmenté de 1,5 % en 2024 par rapport à l’année précédente, dans un contexte de hausse des abattages (+1,1 %).

Cette croissance de la consommation est principalement due au segment de la restauration hors domicile et s’effectue au détriment de la viande bovine, dont la consommation apparente continue de diminuer (-2 %) en raison de son prix élevé. Les produits du porc destinés au traiteur sous la forme de produits agricoles intermédiaires ont également profité de ce transfert de consommation, dans une moindre mesure.
La consommation à domicile recule
Cependant, malgré un très net ralentissement de l’inflation alimentaire (+1,3 %), la prudence a prévalu dans de la consommation à domicile (1). Les volumes d’achat des ménages pour les produits frais libre-service n’ont augmenté que de 0,4 % sur un an, se situant même à un niveau inférieur de 1 % par rapport à 2019. Après quelques années de croissance, les dépenses en viande et en charcuterie en consommation à domicile se contractent également sous l’effet conjugué de la baisse en volume d’achat des ménages et du ralentissement de l’inflation. Ainsi, les dépenses en charcuterie et en viande de porc ont diminué respectivement de 0,6 % et 0,7 % sur un an.

En termes de volume, après une hausse en 2022 et un décrochage en 2023 dû à l’inflation, la consommation de viande de porc enregistre en 2024 une nouvelle baisse de 3,1 %. Les fluctuations mensuelles ont été importantes, liées à des phénomènes de stockage, les consommateurs privilégiant les promotions pour mieux maîtriser leur budget. En 2024, 61,6 % des Français ont déclaré profiter au maximum des promotions et des coupons de réduction, soit presque 1 point de plus qu’en 2023 (60,7 %). Le recul de la consommation de viande de porc est particulièrement marqué parmi les populations modestes (-4,9 %) et les familles de 35 à 49 ans (-5,1 %). Par catégorie de produits, les élaborés de porc (brochettes, marinés, etc.) et la saucisserie fraîche, en raison de hausses de prix plus importantes (+2,2 % et +3,1 %), ont vu leur consommation baisser de 4,1 % et 3,8 %. En revanche, la consommation de viande de porc non élaborée (côtes, escalopes, etc.) a moins chuté (-2,3 %). Selon les experts, les fêtes de fin d’année, habituellement synonymes de relâchement, n’ont pas inversé cette tendance.
Baisse limitée de la charcuterie-salaison
En 2024, la charcuterie salaison a mieux résisté que la viande de porc, avec une baisse limitée à 1,8 % grâce à des prix plus stables sur l’année et une hausse des prix modérée malgré le recul continu de la coupe (-7,0 %). Les marques de distributeurs (MDD) restent populaires auprès des consommateurs : les achats augmentent de 1,5 % en 2024 par rapport à l’année précédente. Depuis 2021, elles ont connu une progression constante, gagnant près de 4 points de part de marché en volume de charcuterie en trois ans. Cette croissance a été stimulée par l’inflation et des prix inférieurs de 28 % à ceux des marques nationales. Les MDD sont devenues des atouts pour les enseignes de grande distribution, contribuant à réduire leurs coûts et à attirer les consommateurs. En France, elles représentent environ un tiers des achats de produits frais en libre-service, et cette tendance est également en hausse en Espagne et en Allemagne, où elles représentent respectivement 48,3 % et 43,5 % du chiffre d’affaires en 2023.
Dans un contexte d’inflation touchant tous les postes de dépenses des Français, notamment les plus modestes, la consommation alimentaire devient de plus en plus un levier d’ajustement après le loyer ou l’essence. En 2024, les produits du porc ont bénéficié de la baisse en gamme, qui s’est étendue à la restauration hors domicile, compensant ainsi le recul de la consommation à domicile. En 2025, malgré une légère augmentation du pouvoir d’achat, les ménages devraient continuer à privilégier les arbitrages en faveur du prix.