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Réduction des phytosanitaires et sortie du glyphosate : des baisses encore timides

Le ministère de la Transition écologique vient de publier l’état des lieux des ventes et des achats de produits phytopharmaceutiques et de sortie du glyphosate en 2019. Malgré le plan Ecophyto, globalement, les achats de substances actives ne baissent pas. Certains départements sont en rouge pour l’utilisation de substances classées les plus toxiques. Le glyphosate est l’herbicide le plus vendu au niveau national.

© Stéphane Leitenberger (archives)

La France a lancé en 2008 le plan Ecophyto qui a été révisé à deux reprises. Ce plan vise une réduction des utilisations, des risques et de impacts des produits phytopharmaceutiques. La France s’est également engagée dans un plan de sortie du glyphosate pour ne laisser aucun agriculteur sans solution. L'état des lieux des ventes et des achats de produits phytopharmaceutiques et de sortie du glyphosate en 2019 publié début juin par le ministère de la transition écologique à partir des données de la Banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques montre qu'il y a encore du chemin à faire.

Une baisse d'achats en 2019 après une forte hausse en 2018

Entre les périodes 2009-2011 et 2017-2019, la quantité totale de substances actives vendues en France a augmenté de 11 %. Dans le même temps, la surface agricole utilisée (SAU) a diminué de 0,6 %. Au début des années 2010, les ventes sont proches de 63 000 tonnes. Depuis le milieu de la décennie 2010, ces ventes sont de l’ordre de 72 000 t en moyenne. Des fluctuations ont été enregistrées qui sont liées aux effets climatiques et aux comportements de stockage. Un pic a ainsi été enregistré en 2018 : 85 000 t de substances actives vendues, soit + 20 % par rapport à 2017. En revanche, c’est une forte baisse qui a été enregistrée en 2019 : 55 000 t, soit -36 % par rapport à 2018. L’explication donnée par le ministère est celle d’achats anticipés fin 2018 dans la perspective de l’augmentation du taux de redevance pollutions diffuses début 2019.

Entre 2009-2011 et 2017-2019, les quantités de fongicides vendues ont augmenté de 25 %, celles d’herbicides de 8 % et celles d’insecticides de 95 %, tandis que les ventes des autres produits ont diminué de 27 %. L’utilisation accrue des fongicides en 2014 s’explique par la forte pluviométrie enregistrée cette année-là.

Achat de substances actives classées les plus toxiques, en moyenne triennale, par département, sur la période 2017-2019
Source : BNV-D, données 2015 à 2019 au code postal acheteur, extraites le 26 novembre 2020 - © Traitements : OFB, SDES, 2021.

Le nord de la France et la pomme de terre en rouge pour les achats de substances toxiques

A partir de 2015, les quantités de substances actives vendues sont disponibles de façon fiable, à l’échelle du code postal des acheteurs. Ceci permet des exploitations plus fines des données de la BNV-D.

En France, les quantités de substances actives les plus toxiques ont diminué de 11 % entre les périodes 2015-2017 et 2017-2019. Seize départements totalisent plus de la moitié de la quantité de substances actives classées CMR (cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction) achetées sur la période 2017-2019. Avec plus de 740 t en moyenne triennale 2017-2019, la Somme totalise la plus grande quantité de produits phytopharmaceutiques les plus toxiques achetés (+ 17 % par rapport à 2015-2017), suivie par le Pas-de-Calais (630 t, avec + 29 % par rapport à 2015-2017), le Nord (620 t, avec + 47 %), la Marne (470 t, avec - 18 %) et l’Eure-et-Loir (420 t, avec - 15 %).

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Certaines cultures, comme la pomme de terre présente surtout dans le nord de la France, sont traitées davantage avec des fongicides. Or, 30 % de la quantité de fongicides vendue sont classés parmi les substances les plus toxiques. Pour les herbicides, cette part est de 20 % et pour les insecticides, moins de 8 %. Les produits phytopharmaceutiques à base de soufre ou de cuivre utilisés en viticulture ne sont pas classés dans les produits les plus toxiques, ce qui explique que la Gironde n’arrive qu’en 14e position.

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Achats de glyphosate, en moyenne triennale, par département, sur la période 2017-2019
Source : BNV-D, données de 2015 à 2019 au code postal acheteur, extraites le 26 novembre 2020 - © Traitements : OFB, SDES, 2020.

Le glyphosate, deuxième substance active la plus utilisée en France

Le glyphosate fait partie de la famille des amino-phosphonates ou organo-phosphorés. C’est un désherbant total foliaire systémique, c’est-à-dire un herbicide non sélectif absorbé par les feuilles et ayant une action généralisée. L’expiration du brevet, tombé dans le domaine public en 2000, a conduit à la fabrication de nombreux génériques, à la baisse du prix de cet herbicide et à sa généralisation. Le coût moyen est actuellement inférieur à 10 €/ha en grande culture. La molécule et/ou les produits qui la contiennent sont classés toxiques pour les organismes aquatiques, entraînant des effets à long terme. Compte tenu des incertitudes concernant la dangerosité de cette substance, et notamment son caractère cancérogène, la France s’est engagée dans un plan de sortie du glyphosate.

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C’est l’herbicide le plus utilisé dans le monde avec plus de 825 000 t vendues en 2014. La France en consomme environ 1 % (6 100 t en 2019 contre 9 700 t en 2018) – (graphique 3). Après le soufre, utilisé en agriculture conventionnelle et biologique à hauteur de 12 000 t, il s’agit de la deuxième substance active la plus utilisée en France, avec 12 % du total des ventes sur la période 2017-2019. Sur la période 2009-2019, il est également l’herbicide le plus vendu au niveau national parmi les 120 substances actives à usage herbicide. Entre 2009-2011 et 2017-2019, les ventes d’herbicides ont augmenté de 8 % (+ 12 % pour le glyphosate).

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Légèrement supérieures à 30 000 tonnes entre 2014 et 2018, les ventes d’herbicides ont fortement augmenté en 2018 (+ 14 % par rapport à 2017 ; + 10 % pour le glyphosate), en partie du fait d’achats anticipés dans la perspective de l’augmentation du taux de redevance pollutions diffuses début 2019. En contrepartie, l’année 2019 est marquée par une forte diminution des ventes (- 35 % par rapport à 2018, - 38 % pour le glyphosate). En moyenne sur 2017-2019, les ventes d’herbicides s’élèvent à 29 000 t (8 200 t pour le glyphosate), en hausse de 8 % par rapport à la moyenne 2015-2017. Entre 2009 et 2019, la part des ventes de glyphosate dans les ventes totales d’herbicides est restée relativement stable, autour de 28 %.

Quantité d'achats de glyphosate non EAJ (emploi autorisé dans les jardins), rapportée à la SAU hors agriculture biologique, par code postal, sur la période 2017-2019
Sources : BNV-D, données 2015, 2016 et 2017 au code postal acheteur, extraites le 13 novembre 2018, SSP, recensement agricole 2010; Agence Bio - © Traitements : SDES, 2019.

Lire aussi : Le crédit d’impôt glyphosate de 2 500 € est opérationnel

Méthodologie :

Les ventes de produits phytosanitaires sont suivies annuellement à partir des données de la Banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques, la BNV-D. Les données et résultats publiés concernent les quantités de substances actives contenues dans les produits phytopharmaceutiques et ne tiennent pas compte des adjuvants. Les quantités de substances actives vendues ou achetées ne reflètent pas forcément le lieu, la quantité appliquée ou la période d’application des traitements. Dans certains cas en effet, il y a possibilité de constitution de stocks, de rattachement de l’acheteur au code postal se son siège d’exploitation…

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