Politiques et médias
Pesticides : la désinformation empoisonne aussi
Les pesticides. La bête noire dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais il faut parfois remettre les pendules à l’heure. Et tenter de démêler l'écheveau de l'information.
Les pesticides. La bête noire dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais il faut parfois remettre les pendules à l’heure. Et tenter de démêler l'écheveau de l'information.

Séparer le bon grain de l’ivraie, ces termes tout droit issus de l’Evangile selon Saint Matthieu ne sont sans doute guère connus des Internautes arrivés sur la planète terre au 21e siècle. Pourtant cette parabole agricole où il est question de reconnaître le bon grain et le mauvais grain peut servir à illustrer ce qui se passe actuellement dans les médias à propos des pesticides. Une moisson importante d’informations qui circulent sur Internet et les réseaux sociaux. Profusion de propos et d’analyses. Chaque jour amène son nouveau lot d’informations sur le sujet. Mais il faut trier.
C’est ce que fait notamment Emmanuelle Ducros, journaliste à l’Opinion, dans sa série « Pesticides : opération désintox ». Dans l’épisode 7, elle épingle Ségolène Royal à qui elle reproche de proférer de « gros bobards ». L’ancienne ministre de l’Ecologie accuse les pesticides d’être responsables d’une augmentation des cancers du sein et du système génital. Dans cette vidéo de 4 minutes 20, la journaliste récuse, études scientifiques à l’appui, les affirmations de la femme politique. Elle reprend également les statistiques fournies par l’enquête AgriCan réalisée par la MSA qui montre que les agriculteurs seraient moins touchés que la moyenne de la population par les cancers du sein, de la prostate et de la vessie. Pour la journaliste, Ségolène Royal cherche donc à « manipuler l’opinion en créant des paniques irrationnelles ».
« Activer la machine à faire peur », c’est ce que reproche aussi un internaute à la rédaction de France 3. C’est la diffusion d’un sujet au 19/20 qui le fait réagir sur Twitter. Le reportage présente Catherine Fargeas et sa fille qui habitent à la campagne en Mayenne. Il y a 8 ans les pâtures proches de sa maison ont été converties en culture de maïs. Traitements, glissement de terrain et coulées de boues dans sa cour, la riveraine des parcelles agricoles pensent que les pesticides sont à l’origine des ennuis de santé de toute la maisonnée. Cela commence par la mort de plusieurs animaux (chèvres, lapins) en 2013. Puis sa fille déclare une arthite juvénile. Puis la mère développe coup sur coup deux tumeurs. La rédaction du journal décide alors de mettre en œuvre une analyse sur une mèche de cheveux de la mère et de la fille. Les résultats tombent et le laboratoire indépendant affirme qu’il y a là un « profil de toxicité chronique avéré ». Pas moins de 15 pesticides ont été identifiés et « pour la plupart, nous l’avons vérifié, ils sont utilisés dans la culture des céréales », affirme la journaliste de France 3. C’est cette affirmation que réfute l’agrinaute ChristopheB qui interroge : « vous êtes certain de votre information ? ». Et de prendre l’exemple du fenoxycarb, figurant dans la liste, qui est un insecticide utilisé en viticulture et arboriculture. « L’origine peut être aussi les traitements du bois d’ameublement », suggère-t-il alors.
La victime a déposé plainte pour empoisonnement et une enquête est en cours. Mais il s’avère que les polluants d’origine agricole ne sont peut-être pas responsables de tous les maux. Regarder par la fenêtre n’empêche pas de regarder aussi ce qui se passe dans la maison. Une étude publiée par l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ce 7 octobre révèle des chiffres étonnants. Trois-quart des ménages (75,1 %) des ménages français utilisent des pesticides à usage domestique. En majorité des insecticides, mais aussi des produits contre les rongeurs (souris, mulots…).
François Veillerette, directeur de l’association Générations futures affirme dans un tweet que les insecticides ménagers sont pour beaucoup d’entre eux « des perturbateurs endocriniens ».
Quid des produits anti-fourmis, anti-moustiques, traitements anti-poux et autres colliers anti-puces ? Des produits ménagers et des peintures d'intérieur ? La liste est longue.