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Pour régénérer une prairie peu dégradée, l’option du sursemis

Deux solutions s’offrent à l’éleveur qui souhaite régénérer une prairie. Le resemis demande la destruction de l’existant tandis que le sursemis va amener une complémentarité avec la parcelle « ancienne ».

 

 
Amandine Roux, chambre d'agriculture de l'Isère : « Les prairies ont un rôle environnemental et économique dans les exploitations de ruminants. Il est primordial de ...
Amandine Roux, chambre d'agriculture de l'Isère : « Les prairies ont un rôle environnemental et économique dans les exploitations de ruminants. Il est primordial de pouvoir les remettre en état ». © DR
Lorsqu’une prairie est modérément dégradée, c’est-à-dire qu’elle présente toujours une bonne proportion de la flore intéressante et que le sol est peu mis à nu, l’éleveur peut faire le choix du sursemis. Amandine Roux, conseillère agroenvironnement à la chambre d’agriculture de l’Isère, détaille : « Les prairies présentent de nombreuses qualités : participent à l’autonomie alimentaire de l’exploitation, du point de vue environnemental, elles sont riches en diversité végétale et d’autre part, sur des zones à enjeux comme les aires de captage, elles participent à l’amélioration de la qualité de l’eau du fait que leurs couverts sont pérennes et qu’elles sont économes en intrant ».

 

Maintenir voire améliorer la production fourragère

Avec le changement climatique, les déficits hydriques sont de plus en plus marqués, les prairies peinent à se développer correctement et les agriculteurs sont amenés à réfléchir, à faire évoluer leur système d’exploitation, à restaurer et régénérer des prairies en perte de vitesse. Une solution est le sursemis. Il s’agit d’une technique durable qui permet de maintenir, voire d’améliorer la production fourragère, tout en évitant d’avoir une interruption de production fourragère l’année du semis. « Le sursemis peut répondre à des contraintes réglementaires telles que l’obligation de maintien de couvert et permet de limiter le risque d’érosion. Les résultats d’un sursemis restent cependant aléatoires et il est nécessaire d’avoir des bonnes conditions d’implantation et de levée des couverts », poursuit la conseillère. Le sursemis est en effet une opération délicate qui demande rigueur et technicité.

Gérer la concurrence entre couvert en place et graine en développement

Bruno Luminet, de Semences de France, souligne : « Le sursemis a la particularité qu’il va falloir gérer la concurrence entre un couvert déjà en place et des graines qui vont se devoir développer ». Le technicien conseille pour cela d’effectuer le sursemis « en fin d’été, car la végétation en place est déjà moins dynamique ». Un désherbage sélectif en amont du sursemis peut également être envisageable pour bloquer la croissance du couvert déjà en place et permettra de détruire les dicotylédones vivaces tels que les rumex ou les chardons, ainsi que les plantes à rosette (pissenlits, porcelle, plantains, pâquerettes…). « Attention néanmoins à la rémanence de certains produits notamment sur les légumineuses », met en garde Bruno Luminet.

Amandine Roux poursuit : « Les périodes d’intervention les plus favorables au sursemis sont le printemps et l’automne ». L’éleveur va faire au un passage à la herse-étrille pour ouvrir le couvert et installer une fine couche de terre fine en surface (profondeur maximale de 1 cm), sur laquelle le semoir va déposer les semences. « Il est ensuite très important d’effectuer un bon roulage de la parcelle pour assurer un contact optimal entre la graine et le sol », rappelle Amandine Roux.

L’éleveur peut apporter du fumier ou du compost avant l’intervention, pour assurer la richesse en éléments phosphore et potassiques du sol. « Le choix des espèces sera fonction du contexte pédoclimatique de la parcelle, du mode de récolte et devra associer des espèces à pousse rapide tels que les ray-grass, à des espèces de graminées à pousse plutôt lente comme la fétuque, la fléole, avec des légumineuses (trèfle violet et trèfle blanc) qui serviront de moteur azoté pour la prairie », conclut la conseillère.

Bien cibler les prairies à sursemer

Le sursemis renforce et complète la flore d’une prairie sans détruire le couvert en place. C’est une technique exigeante dont le résultat est assez aléatoire. Une prairie où les bonnes graminées sont toujours présentes et où des trous apparaissent et sont colonisés par des espèces indésirables est une bonne candidate au sursemis. Certaines conditions améliorent les chances de succès. Il faut agir sur une végétation rase surpâturée ou après broyage des refus. Le mieux est de semer dense des espèces qui se mettent en place rapidement comme le ray-grass anglais, le ray-grass hybride ou le trèfle blanc. Il faut ensuite tasser le sol (rouleau ou piétinement par les animaux) et maintenir une végétation rase afin d’apporter de la lumière aux plantules. Attention les agrostis sont des espèces qui limitent la réussite du sursemis.

À retenir !

Les 5 points pour réussir son sursemis

 

  • Végétation rase
  • Sol ouvert (passage herse étrille)
  • Conditions optimales de germination du semis
  • Semis le plus en surface possible
  • Recouvrir les semences et bien rappuyer le sol (avec un ou deux passages de rouleau)

 

Destruction et resemis pour repartir sur des bonnes bases

Face à une parcelle très dégradée, envahie d’adventices et avec un sol abîmé, la destruction de la végétation et la réimplantation d’une prairie neuve s’imposent.

Une prairie très dégradée sera très difficilement récupérable par des modifications de pratiques ou par du sursemis. Il est alors préférable de procéder à sa destruction avant de resemer. Glyphosate et labour étaient les options historiques de destruction de végétation, mais le projet Praigly, porté par l’Institut de l’élevage et Arvalis, a montré qu’il était possible de s’en passer. Les outils à dents avec ailettes démontrent une efficacité proche de celle du labour. Le plus intéressant est ensuite de passer par une implantation sous couvert pour limiter au maximum le salissement de la prairie. La limite du travail superficiel du sol est la résistance de l’agrostis.

Quatre conditions pour réussir la destruction

La destruction de la prairie peut être faite à l’automne, avec un repos de la terre durant l’hiver et un resemis au printemps, en ligne ou à la volée. Quatre conditions réunies vont permettre la réussite d’une destruction de prairie : la précision du travail et le contrôle de la profondeur de l’outil, l’état du sol au moment de l’intervention, la météo, le délai entre destruction et implantation (plus le délai est long, donc la destruction précoce, plus l’éleveur a le temps de travailler la terre et les débris végétaux de se dégrader). Il faut compter en moyenne cinq passages sur la parcelle, semis inclus.

B. M.

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