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Les secrets du rationnement

Le rationnement des brebis laitières répond à un équilibre entre besoins et capacité d’ingestion. L’alimentation par lot impose de choisir un animal cible.

Pour calculer une ration, il faut trouver le meilleur compromis en énergie, azote et minéraux à partir des aliments distribués (fourrages et concentrés), en fonction des besoins et de la capacité d’ingestion des animaux à une période donnée.

Les besoins d’une brebis comprennent ceux d’entretien et ceux liés à l’activité physique, ceux liés à la gestation et la lactation, ceux liés à la reconstitution des réserves corporelles et, pour les brebis en première lactation mises à la reproduction à un an, ceux liés à la croissance.

De l’autre côté, la capacité d’ingestion d’une brebis dépend de son stade physiologique. En fin de gestation, les fœtus laissent moins de place à la panse de se remplir. Les fourrages n’ont pas non plus le même encombrement. Plus un fourrage est encombrant, moins il est consommé par la brebis qui a une capacité d’ingestion limitée. Pour prévoir le niveau de consommation, il faut donc connaître la valeur d’encombrement du fourrage et la capacité d’ingestion d’une brebis.

Par ailleurs, dans la plupart des situations, le fourrage seul ne peut pas couvrir les besoins de la brebis ; un apport de concentré est nécessaire. Les quantités de concentrés distribués se substituent alors en partie aux fourrages.

Un animal cible, meilleur représentant du lot

Un troupeau de brebis laitières est souvent constitué d’un lot principal de brebis en traite et d’un lot de brebis tardives qui peuvent être regroupées avec les brebis en première lactation. Quand la structure du bâtiment le permet, ces lots peuvent être subdivisés en lots physiques constitués sur la base du niveau de production, de l’état corporel des brebis (maigres ou grasses) ou de l’âge (primipares ou adultes).

À l’intérieur de ces lots, les niveaux de production, l’âge et les stades physiologiques des animaux peuvent être variés. À défaut d’avoir un rationnement individualisé, il faut donc alimenter le lot comme un seul animal. Si la répartition des productions laitières individuelles est connue grâce au contrôle laitier, l’éleveur doit définir la brebis cible soit sur la base de la production laitière objective (par exemple 3,2 litres par jour), soit sur un pourcentage de brebis dont les besoins seront couverts. Lorsque seule la production laitière moyenne du lot est connue, la ration sera établie sur la base des besoins de la brebis ayant une production laitière moyenne augmentée de l’ordre de 25 % pour les PDI. Les besoins en UFL seront définis de la même façon mais diminués de la part apportée par la mobilisation des réserves corporelles ou augmentés si les animaux sont en période de reconstitution des réserves corporelles.

Dans les deux situations, un nombre plus ou moins important de brebis est suralimenté en énergie et surtout en azote. Si la salle de traite est équipée d’un distributeur automatique de concentrés, il sera possible d’ajuster la ration par classes de production laitière assez étroites afin d’économiser des aliments concentrés.

Les fibres avant les concentrés

Pour que des brebis ingèrent à volonté (et donc au niveau établi dans la ration), il faut que la quantité de fourrage distribuée intègre une proportion de refus : de l’ordre de 10 % si le fourrage est bon et homogène, plus de 10 % si le fourrage est de qualité moyenne et que les animaux le trient beaucoup.

Il est conseillé de distribuer les fourrages sous une forme grossière (non broyés ou hachés) aux animaux avant la distribution des aliments concentrés souvent acidogènes. En effet, les fibres vont stimuler la production de salive par la mastication, ce qui va permettre de tamponner le pH du rumen. Ces fibres vont ensuite constituer un tapis qui va ralentir le passage des petites particules, augmentant ainsi leur digestibilité. De plus, elles facilitent le mouvement du contenu du rumen. Les brebis doivent avoir des fourrages grossiers pendant la nuit afin qu’elles en ingèrent avant le passage en salle de traite du matin où une partie des aliments concentrés est distribuée.

Concernant les aliments concentrés, la distribution fractionnée des aliments acidogènes (céréales) permet d’éviter une trop grande baisse du pH ruminal suite à leur ingestion en trop grande quantité. La simultanéité des apports azotés et énergétiques est préconisée, par exemple de l’orge avec de la luzerne déshydratée ou du maïs grain avec des tourteaux tannés.

Les minéraux

Le calcium et le phosphore représentent les trois quarts des minéraux de l’organisme. Une carence dans l’un ou l’autre de ces deux éléments peut sérieusement impacter l’état de santé et les performances des animaux à plus ou moins long terme : boiteries, ralentissement de la croissance des agnelles, troubles de la reproduction, baisse de la production laitière… De la même manière, en l’absence de transition alimentaire à la mise à l’herbe, un manque de magnésium peut se traduire par des tétanies d’herbage pouvant entraîner la mort de l’animal.

La composition et la qualité des aliments distribués font que certaines rations sont plus ou moins carencées en minéraux. La complémentation doit être adaptée en conséquence. Par ailleurs, les quantités distribuées dépendent du coefficient d’absorption réel des minéraux. Les valeurs indiquées sur les étiquettes ne correspondent pas forcément à ce qui est assimilé par les animaux.

Attention aussi à bien faire la différence entre une pierre à sel pour laquelle les quantités de minéraux et d’oligo-éléments indiquées sont souvent faibles (essentiellement du sodium et du chlorure) et des pierres spécialement conçues pour apporter des minéraux… le prix n’est pas le même !

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