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Du 2 au 4 octobre dans le Puy-de-Dôme
Les ovins font leur show au Sommet de l’élevage

Clermont-Ferrand s’est agité de milliers d’éleveurs allaitants. Les moutonniers n’étaient pas en reste pour évoquer la sécheresse, les Ovinpiades, les races ou le véganisme.

Il faut traverser une véritable forêt de tracteurs, moissonneuses-batteuses et autres machines agricoles pour atteindre le hall 5 de la Grande Halle d’Auvergne, réservé à la filière ovine pendant le Sommet de l’élevage qui s’est tenu du 2 au 4 octobre comme chaque année à Clermont-Ferrand. La sélection des visiteurs se fait donc naturellement et l’endroit est un concentré de passionnés, de futurs éleveurs et de néophytes en quête de découvertes et d’enseignement. Inévitable, le stand Inn’ovin qui se dresse en son centre organise et ordonne tout ce petit monde ovin, agence les nombreuses animations et reçoit les officiels. Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, y a d’ailleurs fait une longue halte afin de discuter avec les représentants nationaux des éleveurs de moutons des enjeux actuels et des problématiques traversées par la profession agricole ovine. Prédation, brexit, marchés et sécheresse, « le ministre s’est montré à l’écoute de nos demandes et de nos inquiétudes », estime Patrick Soury, président d’Inn’ovin. Pour les réponses à toutes ces questions, les éleveurs devront patienter… hormis sur la question de la sécheresse, sur quoi le ministre a annoncé le déclenchement du plan calamité agricole.

Anticiper les sécheresses à venir

« Nous devons travailler par nous-mêmes pour trouver des solutions ou au moins dans l’immédiat des palliatifs à la sécheresse terrible qui survient chaque année en France, lance Patrick Soury. Et la zone des Puys a particulièrement souffert de cet épisode. » La Fédération nationale ovine (FNO) souhaite assouplir les conditions d’accès aux aides pour les éleveurs ovins, qui se sentent parfois lésés face aux autres productions. Le syndicat espère que l’administration tendra vers une simplification des démarches permettant aux agriculteurs de mettre en place des retenues collinaires pour subvenir en priorité aux besoins d’abreuvement des animaux mais aussi pour pouvoir irriguer une partie du parcellaire. « Il suffirait parfois seulement de 10-15 hectares pour sécuriser les récoltes de fourrage et éviter les crises que l’on traverse aujourd’hui », poursuit le président d’Inn’ovin. Le syndicat ovin s’intéresse aussi aux nouvelles variétés fourragères qui pourraient permettre de mieux supporter le manque d’eau. Enfin, l’impact de l’élevage ovin sur l’environnement est également mis en perspective avec le lancement du projet Greensheep, qui devrait avoir lieu au printemps 2020, du moins si le ministre répond favorablement à la demande de financement formulée par les syndicalistes.

Découvrir la production ovine en pratiquant

Le cheval de bataille d’Inn’ovin, le renouvellement des générations, n’est pas oublié et l’antenne sud-est de l’association a mis sur pied il y a six ans les Ovinpiades de découverte. Utilisant la renommée chaque année grandissante du concours national des jeunes bergers, cette édition pour débutants s’adresse à tous les lycées et établissements agricoles de la région Auvergne Rhône-Alpes et Paca, « en particulier ceux qui n’ont pas du tout d’orientation ovine », précise Rémi Leconte, animateur d’Inn’ovin Paca. Le but de la manœuvre, « mettre un pied dans la porte pour montrer l’élevage ovin, même si nous avons bien conscience que cela ne crée pas forcément une vocation », poursuit-il. Avec les Ovinpiades découvertes, les organisateurs cherchent surtout à démonter l’image passéiste que peut parfois revêtir l’élevage ovin, à travers trois ateliers : évaluation de la note d’état corporel, pesée et identification électronique. « Le fait d’utiliser un smartphone et du matériel technologique récent permet aux jeunes de se rendre compte de l’actualité dans laquelle se trouve la production ovine », explique Rémi Leconte. Pour ces Ovinpiades, il n’y a pas de concours, donc pas de gagnant, si ce n’est la filière ovine qui mise sur de nouveaux adeptes.

Des opportunités à l’export

L’attractivité de l’élevage ovin passe aussi par la diversité des races et la qualité de la génétique de chacune d’entre elles. La présentation des races de France et des races rustiques est toujours un moment attendu par le public, notamment pour les jeunes et les visiteurs étrangers qui peuvent embrasser du regard toute la diversité ovine sans bouger de leurs fauteuils. Le concours Texel a récompensé Matthieu Labergerie, éleveur depuis cinq ans et sélectionneur depuis deux. « J’ai été primé pour le meilleur bélier et le meilleur agneau fermier, se réjouit l’éleveur de l’Allier. Cela devrait me faire une bonne publicité et augmenter ma crédibilité auprès de mes clients. » Les éleveurs de brebis Ile-de-France étaient bien mobilisés également pour cette 28e édition du Sommet de l’élevage. Ils étaient 12, accompagnés de 170 animaux, à être venus jusque dans le Puy-de-Dôme. Il faut dire que ce salon est l’occasion de beaucoup de rencontres et d’échanges avec des potentiels acquéreurs de génétiques qu’ils soient de France, d’Europe, voire du monde entier. François Tahon, animateur de l’OS ROM (races ovines des massifs : Bizet, Rava, Blanche du Massif central, Grivette, Limousine et Noire du Velay) rappelle : « nos brebis, par leurs qualités rustiques, attirent beaucoup de pays qui développent leur filière ovine. C’est le cas de la Roumanie, de la Turquie, de l’Iran ou encore du Qatar. »

Promouvoir l’agneau pour contrer le véganisme

L’agneau bio fait parler de lui

Dans le hall ovin, la lutte s’organise contre cette baisse de consommation de viande. Les dégustions vont bon train, qu’il s’agisse du label rouge agneau du Bourbonnais, d’agneau du pays d’Oc, ou de grillades, la filière ne chôme pour appâter le client. La coopérative Sicarev a travaillé sur la transformation de saucisses composées à 100 % de viande d’agneau hachée, aux herbes ou au curry et fait goûter ses nouveautés aux visiteurs du Sommet. Sur le stand Inn’Ovin, Interbev s’est mobilisé pour faire valoir la qualité de l’agneau bio. En partenariat avec la Sicaba, l’interprofession de la viande et du bétail a proposé à la dégustation de la saucisse, du filet et du saucisson d’agneau. En top de l’innovation, la coopérative dévoile son magret d’agneau, qui n’est autre qu’un filet d’agneau fumé et séché, découpé en fines tranches. Olivier Melloux, responsable de la coopérative, détaille : « la Sicaba produit 30 % de sa viande en bio et, en 2019, environ 9 000 ovins ont passé nos portes sous label bio. Nous devons nous adapter aux nouvelles demandes de nos concitoyens et aux nouvelles formes de consommations. La boucherie, qui représentait notre plus gros débouché, a été détrônée par la restauration hors domicile », fait-il ainsi écho au discours de FranceAgriMer.

EN SAVOIR Plus

Le Sommet de l’élevage, c’est aussi plus de 70 colloques et conférences qui s’adressent aux éleveurs, techniciens, économistes, tout acteur des filières d’élevage de ruminants. Bien-être animal, transmission des exploitations, essor du bio ou encore changement climatique et impact de l’élevage sur l’environnement sont un petit échantillon de la diversité des sujets traités.

Le véganisme, pas si inquiétant ?

FranceAgriMer a présenté un panorama du végétarisme en Europe et l’impact de ce régime alimentaire sur la consommation de viande en France. « Nous avions tous conscience de l’importance croissante de cette mode alimentaire, explique Grazyna Marcinkowska, chargée d’études à FranceAgriMer, mais nous n’avions pas de données chiffrées et l’impact sur la consommation était donc flou ». L’étude regroupe et recoupe les ressources fournies par Kantar World Panel, par des études statistiques et autres études diligentées dans le cadre de ce programme, afin de dresser un état des lieux dans quatre pays européens : France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni. Benoît Defauconpret, chargé de mission à FranceAgriMer, lève le voile sur la baisse de consommation de viande : « on ne peut pas résumer la situation en disant que les Français mangent moins de viande. En fait, ils en achètent moins, mais cela pourrait être compensé en partie par l’explosion de la restauration hors domicile, où les produits carnés ont encore le vent en poupe ». Néanmoins, presque toutes les viandes enregistrent des ventes à la baisse et le végétarisme gagne du terrain. Les initiatives des mairies et collectivités territoriales se multiplient, notamment dans les cantines avec l’apparition de menu végétarien. « Le rapport qu’à la société avec la viande est en pleine mutation, reprend Grazyna Marcinkowska. Les plats cuisinés contenant des produits carnés sont de plus en plus consommés à la place des morceaux de boucherie. On ne veut plus voir ni le sang, ni le côté animal de la viande, comme si on cherchait à se déculpabiliser ». Cette mouvance reste tout de même à la marge des consommateurs, puisque les personnes excluant la viande de leur alimentation ne représentent que 4 % de la population française. « Nous nous sommes aperçus par nos enquêtes que plus de la moitié des végétariens auto-déclarés consommaient occasionnellement de la viande. » Si le phénomène végétarien, végétalien et végan est minoritaire, la baisse de consommation de viande reste une réalité. En 2018, 50 % des personnes interrogées ont reconnu avoir diminué la part de produits carnés dans leur alimentation, les principales raisons évoquées étant la santé, les conditions d’élevage, la cruauté d’élever des animaux pour les tuer et l’impact environnemental.

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