Les bons gestes pour un agnelage difficile
Si une brebis a perdu les eaux depuis plus d’une heure et que ça ne vient pas, c’est le moment d’aller voir (ou plutôt sentir) ce qui se passe.
Dans la très grande majorité des cas, une brebis met bas toute seule. Mais si elle a perdu les eaux depuis trois quarts d'heure à une heure et que rien ne vient, c’est le moment d’intervenir. Il faut alors se laver les mains ou mettre des gants puis faire preuve de patience. Rien ne sert de vouloir aller trop vite. Plusieurs situations peuvent alors se présenter. Commençons par le cas le plus simple : les pattes et le museau sont apparents, mais la vulve est encore serrée, et le front coince. Inutile de forcer, il suffit de mettre deux doigts dans l’anus, pour pousser la nuque par l’arrière. Le front bascule et le tour est joué. Un autre cas, un peu plus délicat, peut également se présenter : seuls des pieds sont apparents. Impossible de savoir de premier abord s’il s’agit des pattes avant ou arrière ni s’il s’agit du même agneau. Au lieu de fouiller au hasard sur la brebis couchée, et de tirer au petit bonheur, il est plus pratique de la relever pour la suspendre par les grassets sur une barrière de 80 cm de haut. Le but est de laisser retomber les agneaux au fond de la matrice, se donnant ainsi de l’espace pour le(s) remettre en position. Si cela dure un peu, la brebis risque de se laisser tomber en avant ; l’idéal est qu’un aide se place devant pour la retenir. Ainsi « suspendue », la brebis force moins et n’écrase pas les mains de l’éleveur contre son bassin ; les deux opérateurs, eux, ne peinent pas physiquement.
En crawl ou en brasse
Une fois une tête d’agneau identifiée au toucher, il suffit de l’engager dans la bonne direction. Ensuite seulement, les doigts suivent le long du cou, puis trouvent l’épaule. La patte (dont on est sûr que c'est la bonne !) est dépliée et allongée. Puis on va chercher la deuxième. Quand tout est en place, la brebis est recouchée et l’agnelage se termine. Le deuxième agneau sera facile à aller chercher… Si l’agneau a l’air gros, il est souvent plus facile à sortir en « crawl », avec une patte dépliée à fond, et l’autre épaule en arrière. Une fois engagé et la brebis recouchée, on vrille légèrement l’agneau en tire-bouchon, pour que la deuxième épaule s’engage plus facilement. Cette méthode dite de "crawl" évite souvent d’avoir à attacher la tête à l’aide d’une ficelle passée derrière les oreilles pour amener le tout en « brasse ». Cette méthode est plus délicate, et plus douloureuse pour la mère si l’agneau est vraiment gros.
En siège, l’agneau peut boire la tasse
La présentation arrière est toujours une position à risque. Si les deux pattes sont dépliées (onglons à l’envers, queue derrière), l’agneau est engagé doucement par l’opérateur jusqu’à voir les jarrets. Puis il est extrait rapidement, toujours direction mamelle, entre les cuisses de la brebis. Mais parfois, on ne trouve que la queue et les pattes sont repliées à l’intérieur (voir schéma). Ce cas est plus délicat, car il faut repousser l’agneau le plus loin possible avant de prendre un pied, et de déplier le « Z » doucement, en protégeant les onglons. La même opération est réalisée avec la seconde patte. Attention, la position « crawl » n’est pas du tout adaptée à une position en siège. Lorsque les jarrets deviennent visibles, la même opération que précédemment est préconisée : l’agneau est tiré rapidement, toujours en arc de cercle, direction mamelle. Dans cette position, le cordon est écrasé contre le bassin et l’agneau peut alors respirer des eaux fœtales ! En conséquence, il est suspendu par les pattes arrière pour bien le faire « dégorger » dès sa naissance. Il ne faut pas hésiter à le mettre sous antibiotique s’il a tendance à recracher ou à tousser le premier jour. Tout agneau né par siège présente un petit risque ultérieur de pneumonie : donc, autant lui mettre un repère (tip tag, laisser la queue longue…) qui évitera plus tard qu’il ne soit gardé comme agnelle, voire bélier.
Lubrifier si la tête dépasse
Enfin, si la tête seule est sortie au dehors (et souvent très gonflée), mais sans les pattes, il faut alors bien lubrifier ! L’agneau a l’air mort, mais en général il ne l’est pas. Une fois la brebis suspendue sur la claie, il reste alors à prendre le temps de trouver une patte puis sortir l’agneau en « crawl ».
Enfin, il est toujours prudent de vérifier qu’il ne reste pas d’agneau pour toutes les mises bas assistées. Pendant que la brebis est couchée, les trayons peuvent également être débouchés.
Rappelons que toute brebis fouillée en profondeur doit être mise sous antibiotique le jour même (voir l’article dans Pâtre n° 641 de février 2017). Si la brebis a souffert, un antidouleur, acide tolfénamique ou molécule voisine, administré à une fois à forte dose, va l’aider à se relever plus vite, reprendre ses esprits et s’occuper de ses agneaux.
L’astuce
Savoir quelles pattes se présentent lors de la fouille
Les pattes avant forment un U et les pattes arrière un Z, ce qui est facilement identifiable à l’intérieur de la brebis.