Dans l'Aveyron, « je produis des agneaux lacaune viande de qualité avec un prix rémunérateur »
À Roussennac en Aveyron, Laurent Cavaignac élève seul au sein de l’EARL Saint-Luc un troupeau de 300 brebis lacaune viande et de 50 agnelles de renouvellement sur la commune.
À Roussennac en Aveyron, Laurent Cavaignac élève seul au sein de l’EARL Saint-Luc un troupeau de 300 brebis lacaune viande et de 50 agnelles de renouvellement sur la commune.

Avant de s’installer, après un BTS Tradicopa (technico-commercial), Laurent Cavaignac a travaillé durant onze ans dans différents abattoirs de la région Comme à Rodez, dans l’Aveyron et à Gramat dans le Lot, puis à Rungis (Val-de-Marne) et Montélimar (Drôme) à différents postes : chaîne d’abattage, découpe et commerce d’agneaux.
En 2001, il prend la décision de reprendre l’exploitation familiale en bovin lait, mais il va naturellement s’orienter sur l’élevage ovin allaitant. En 2004, il construit sa bergerie avec système tunnel de 940 m² pour loger ses 220 premières brebis lacaune viande. En 2006, il arrête les vaches laitières et adhère immédiatement à̀ la coopérative Natera (ancien Unicor) sous les démarches qualité IGP Aveyron et Label rouge Pays d’Oc.
Trois agnelages en deux ans

Le système de production choisi par Laurent implique la gestion de deux lots de brebis, un lot en gestation et un lot allaitant les agneaux. Une campagne est marquée par trois périodes de lutte et donc autant de mises bas par an, les brebis étant remises à la reproduction systématiquement 90 jours après leur mise bas, pour une durée d’un mois. Ce système permet ainsi de générer trois agnelages sur deux ans. Grâce à la pose d’éponges et de l’insémination animale, l’éleveur aveyronnais parvient à étaler les pointes de travail ainsi que les ventes d’agneaux sur toute l’année.
« La production en contre-saison comporte tout de même son lot de contraintes, notamment avec l’agnelage pendant l’été et donc souvent lors de fortes chaleur », souligne Laurent Cavaignac. Le tunnel de bergerie dispose d’un système d’ouverture par le toit et les côtés s’enroulent, ce qui permet de ventiler et de conserver une relative fraîcheur à l’intérieur. « Nous avons mesuré un écart de cinq degrés de moins entre l’intérieur et l’extérieur », appuie-t-il.

L’éleveur distribue également du Thermo + à ses brebis, un complément alimentaire de la gamme de Natera. « Ce produit, sous forme de granulés, aide les brebis à garder un bon niveau d’ingestion et d’hydratation, même lorsque la température est très élevée. Ainsi, les brebis restent en état et la production de lait ne baisse pas trop », apprécie Laurent Cavaignac.
Il produit des agneaux de 32 à 36 kg vif pour les femelles et de 39 à 43 kg vif pour les mâles. Sur 2023, 572 agneaux ont été vendus à 9,14 euros par kilos à un prix moyen de 169 euros comprenant la prime dessaisonnement de la coopérative Natera qu’il obtient grâce à son mode d’élevage. Sans compter la prime d’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), Laurent tire une marge brute de 155 euros par brebis.
« Lors des agnelages, je fais le choix de passer beaucoup de temps avec les brebis car je souhaite les assister : plus elles ont d’agneaux, plus elles sont susceptibles d’avoir des problèmes. Lorsqu’on enregistre la mortalité des brebis, cela se situe au niveau des mises bas. Je rentre les brebis du pâturage tous les soirs en bergerie par simplification du travail et pour faciliter la surveillance. J’ai un petit troupeau, mon objectif est de produire des agneaux et de ne pas descendre au-dessous de deux de productivité », appuie Laurent Cavaignac.
L’éleveur pratique au minimum deux coprologies par an sur les brebis afin de bien gérer le parasitisme. Les agneaux sont vaccinés contre l’entérotoxémie et les agnelles contre toutes les maladies abortives connues ainsi que la FCO-8. « Lorsqu’il y a des avortements avant l’agnelage, je fais un écouvillon et au bout de trois avortements j’envoie au laboratoire pour savoir si elles sont malades et ainsi définir la stratégie vaccinale pour le reste du troupeau. »
Gestion autonome des ressources fourragères
Il exploite aujourd’hui une soixantaine d’hectares de causses sur lesquels il recherche l’autonomie fourragère pour son troupeau. Il possède 60 hectares de superficie agricole utilisée (SAU) totale dont 10 ha de prairie naturelle, 14 ha d’orge d’hiver, 6 ha d’orge de printemps sous couvert et 7 ha de ray-grass hybride, fléole ou sainfoin et 20 ha de luzerne et dactyle.

La ration des brebis est composée de foin ou d’enrubanné, de céréales et de complémentaire azoté. Après l’agnelage, le complémentaire azoté est supprimé car les fourrages récoltés couvrent les besoins en protéine des brebis. Les agneaux consomment de la paille de printemps et de l’aliment complet labellisé.
Estimant que l’élevage ovin viande a longtemps pâti d’une image archaïque, il souligne que la filière a évolué. « Aujourd’hui les choses ont changé, de nombreux éleveurs sont partis en production laitière où l’investissement est différent, tandis qu’en viande, le retour sur investissement est plus rapide. Un troupeau ovin viande plein acheté peut être rentabilisé en seulement cinq mois. En Aveyron, nous avons la chance et l’avantage d’avoir plusieurs OP, le marché de Réquista et plusieurs lieux d’abattage. La filière ovin viande a de l’avenir en Aveyron et a tous les atouts pour réussir. »
Le choix de la gestion technico-économique
Grâce à la gestion technico-économique (GTE), Laurent a accès à un bilan annuel des résultats techniques et économiques de son exploitation qui permet de suivre l’évolution de son exploitation. « Nous disposons d’un référentiel régional basé sur les saisies GTE de toutes les organisations de producteurs (OP) via le logiciel TEOvin, que nous utilisons comme support comparatif pour les élevages qui réalisent des GTE. Cela permet aux éleveurs de prendre connaissance du résultat moyen des autres élevages et de plus facilement se situer.
Investir dans la gestion
Atteindre un niveau de performance en système accéléré demande de la technicité, et le fait d’avoir un accompagnement et de faire de la GTE permet d’atteindre plus rapidement ce niveau de résultat », précise David Lombardi, le technicien de Laurent. « Cela a un coût mais je me considère gagnant parce qu’il me fait toutes les rations, dès que j’ai un problème nous pouvons en discuter ensemble. Pour moi, ce n’est pas une perte d’argent, bien au contraire », souligne Laurent.
Chiffres clé
320 brebis Lacaune viande
Productivité numérique : 2,04 agneaux par brebis
Taux de prolificité moyen : 2,07 %
Taux de mortalité agneaux : 14 %
Taux de mortalité brebis : 2 %
60 ha de SAU : 10 ha de prairie naturelle, 14 ha d’orge d’hiver, 6 ha d’orge de printemps sous couvert et 7 ha de ray-grass hybride, fléole ou sainfoin et 20 ha de luzerne et dactyle.