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Intervenir en cas de mise bas difficile

Neuf fois sur dix, une brebis se débrouille toute seule pour mettre bas et adopter ses agneaux. Une intervention à bon escient peut résoudre le dixième cas… Mais quand et comment prendre la décision ?

Avec un peu d’expérience, la plupart des agnelages difficiles se terminent bien. La première règle est de ne pas se précipiter : observer l’animal puis l’examiner calmement avant d’intervenir. Plusieurs cas de figure peuvent se présenter.

La brebis s’isole et elle n’est pas « dans son assiette ». Elle ne vient pas manger mais elle ne pousse pas. Mais rien ne sort ! Si elle est à terme (c’est-à-dire à plus de 140 jours de gestation), il est fort possible qu’elle se prépare à mettre bas. Rien ne sert alors de se précipiter. Mais si elle ne fait aucun effort, deux points à vérifier : toxémie ou avortement ? Si la brebis a des pertes brunâtres, ou si un filet de sang sort de la vulve, il s’agit sans doute d’un avortement. Le col est parfois déjà refermé. On peut tenter la fouille, mais les gants d’agnelage sont alors indispensables. Les femmes enceintes évitent à tout prix le contact… Au troisième cas similaire dans la semaine ou bien à 4 % du lot si les avortements sont plus espacés, le vétérinaire sanitaire pourra pratiquer des écouvillonnages (vagin et fœtus) mais de préférence avant d’avoir mis la brebis sous antibiotiques.

C’est peut-être une toxémie

Si une brebis « à gros ventre » (porteuse au moins de doubles), boude le concentré, reste immobile, sans fièvre marquée, voire ne se relève plus, il peut s’agir d’une toxémie de gestation. C’est la panne sèche : pompée par ses fœtus, elle n’arrive plus à couvrir ses propres besoins. D’autant moins que la matrice, énorme et très lourde (jusqu’à 25 kilos, avec les eaux fœtales !), ne laisse plus beaucoup de place à la panse… Si la brebis est maigre (« toxémie du pauvre »), une forte dose de propylène glycol, de calcium et de magnésium, matin et soir jusqu’à guérison, est de nature à la remettre debout. Si elle est grasse (« toxémie du riche »), le foie est très encrassé par les graisses et la guérison plus difficile : méthionine et vitamine B1 sont alors à associer au traitement indiqué précédemment. Pour le reste du lot, il faut alors augmenter la quantité de céréales, voire faire une cure de propylène glycol (30 g par jour) chez les prolifiques ou les laitières à haut niveau. Parfois, la brebis garde bonne tête et appétit, mais ce sont les muscles qui lâchent : elle tremble, voire tombe avec les pattes en arrière… Là, il s’agit plus d’une chute de calcium, courante en plein air avec un coup de froid ou de neige… Un simple calcium à forte dose, oral ou injectable, doit la remettre rapidement sur pied.

La brebis a des efforts mais rien ne sort

Si la brebis gratte, se couche et se relève depuis plus d’une heure mais que rien ne sort, il faut aller regarder ce qui se passe. Le cas le plus fréquent est alors l’absence de dilatation du col de l’utérus. Seulement un ou deux (petits) doigts peuvent franchir le col et les onglons de l’agneau sont palpables de l’autre côté de l’anneau formé par le col. Dans ce cas, il ne faut surtout pas forcer mais masser le col dans un mouvement de va-et-vient reproduisant les contractions. Cinq à dix minutes sont nécessaires pour lancer la production d’ocytocine : on laisse alors faire la nature, et on revient vérifier entre une demi-heure et une heure plus tard. Lorsque trois ou quatre doigts passent, c’est presque gagné ! Il faut continuer doucement et on arrive ensuite à passer la main, puis à sortir l’agneau. Une forte dose de calcium aidera toujours à relancer les contractions d’une brebis « paresseuse » ; c’est plus efficace que les « dilatateurs » de toutes sortes.

La première fouille se fera plutôt en maintenant la brebis debout sur ses pattes : cela permet de vérifier que le col est bien juste en face… Le piège, c’est la torsion complète, heureusement rare : on ne sent même pas le col, car tout est tiré vers le bas… La brebis n’a pas d’efforts francs, se couche et se relève, gratte, puis s’épuise ; le diagnostic arrive en général trop tard (agneaux morts, matrice asphyxiée).

Une protection antibiotique pour les agnelages difficiles

Une règle d’or : toute brebis fouillée « en profondeur » doit être mise sous antibiothérapie le jour même. En effet, en cas de métrite aiguë, la brebis présente de la fièvre trois jours après la mise bas et meurt systématiquement quelque temps plus tard. Les métrites chroniques sont plus courantes mais jamais diagnostiquées sur un animal vivant. La brebis reste alors stérile. Un antibiotique de type longue action (LA) est alors efficace : une pénicilline LA ou bien une amoxicilline LA si l’agnelage était propre et à terme. Dans le cas contraire, une tétracycline est à privilégier. Les oblets sont moins efficaces car ils sont souvent expulsés avec le placenta. Enfin, si la brebis a souffert, un anti-inflammatoire la soulage.

À suivre dans le prochain numéro : les bons gestes pour un agnelage difficile

L’astuce

Un exemple de pharmacie d’agnelage lors d’un agnelage difficile

Pessaires et  harnais pour contenir un prolapsus vaginal

Gants à usage unique pour un avortement afin de prévenir la transmission d’une maladie infectieuse

Seringues et  aiguilles jetables

Thermomètre

Cordelette pour aider à faire naître un agneau

Gel obstétrical pour faciliter un agnelage difficile

Antibiotiques à base de pénicilline et d’oxytétracycline longue action pour prévenir les infections sur toutes les brebis fouillées

Anti-inflammatoire et antalgique

Préparation à base de monopropylène glycol et de calcium en cas de « brebis par terre »

Méthionine

Vitamine B1

Solution pour les complications après la mise bas de type non-délivrance

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