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Au Gaec Gosset-La Bergerie dans l’Aisne
Grandes cultures et brebis font la paire

Timothée Gosset conduit son troupeau de brebis romanes en parallèle de ses grandes cultures. Place à la technique et à la rentabilité.

Ici, les champs s’étendent à perte de vue, parsemés d’éoliennes. La végétation se pare du bleu du lin, du vert du blé et du jaune du colza. Dans l’Aisne, à la frontière avec les Ardennes, les grandes cultures sont reines. Mais dans la première vallée au sud de la Thiérache, l’herbe pousse très bien et certains agriculteurs y ont vu une opportunité dans la création d’une troupe ovine. En effet, entre valorisation des fourrages, pâturage des couverts végétaux, fertilisation organique des cultures et rentrée d’argent tout au long de l’année, les brebis sont complémentaires du travail de la terre.

Au Gaec Gosset – La Bergerie, à Montloué, à 50 kilomètres au nord de Reims, cette complémentarité des ateliers a bien été comprise. Timothée Gosset s’est installé avec son père et son oncle et conduit une troupe de 900 brebis romanes en sélection ainsi que 180 hectares de cultures et de pâturage. « Nos parcelles sont gérées selon le principe de conservation des sols », explique Timothée Gosset. Les rotations sont donc longues et ils cultivent du colza, du blé, de l’orge de printemps, des betteraves sucrières, du trèfle violet pour la semence, du fenugrec en semence également, des lentilles et du lin. « Le trèfle violet est très intéressant pour nous, reprend l’éleveur de 31 ans. Outre l’apport financier de la vente des semences, cela amène une grosse quantité de fourrage que nous conservons en enrubannage pour les brebis. » Cela permet au Gaec d’être complètement autonome en paille, en foin et en enrubannage. Pour les concentrés, « nous gardons notre production d’orge et de maïs et en achetons chaque année pour compléter », admet Timothée. Petite astuce, les associés du Gaec ont convenu avec leur coopérative céréalière le rachat à moindre coût des écarts de tri en pois, vesce, etc. « Cela représente entre 60 et 70 tonnes par an et le prix à la tonne est très intéressant », explique Timothée Gosset.

Une mélangeuse à six cellules pour la fabrication à la ferme

Les associés ont investi dans une mélangeuse à six cellules qui leur permet de fabriquer leur aliment eux-mêmes et ainsi réduire les coûts par rapport à un aliment complet du commerce. Pour les agneaux à l’engraissement, ils ont mis en place une ration complète avec du tourteau de drèche de blé, du lin et de la luzerne qui apporte de la fibre pour sécuriser la ration. « Nous mettions du tourteau de colza mais les agneaux triaient trop et il y avait beaucoup d’entérotoxémies », se rappelle Timothée Gosset, qui a été pendant 10 ans salarié du Gaec avant de s’installer. Le tourteau de colza est néanmoins toujours distribué aux brebis.

Dès que la météo le permet, les brebis sont mises à l’herbe. Les mises bas sont organisées autour de deux périodes par an, la première se déroule entre fin février et début mars et la seconde entre le 20 août et le 20 septembre. « Notre volonté était d’étaler le travail et d’avoir des ventes d’agneaux à deux périodes de l’année, sachant que nous touchons une prime sur les agneaux d’automne par la coopérative des Bergers du Nord-Est qui manque de produits pour les fêtes de fin d’année », apprécie l’éleveur. Les mises bas de printemps sont, elles, calées sur la pousse de l’herbe. Lorsque les agneaux atteignent entre trois semaines et un mois, ils sont mis au pâturage avec leurs mères. Les animaux sont rentrés le soir en bergerie pendant la phase de transition alimentaire et les agneaux, bien qu’encore en phase lactée, ont accès à des nourrisseurs. « Cela permet qu’au moment du sevrage, la transition alimentaire se fasse bien puisqu’ils connaissent déjà le grain », développe Timothée Gosset.

Un pâturage quotidien avec une herbe de qualité

Depuis cinq ans, il s’est lancé dans l’aventure du pâturage tournant dynamique après avoir suivi une formation avec PâtureSens. « Ce type de gestion provoque beaucoup de travail par rapport au pâturage en continu, il faut être présent et surveiller les niveaux d’herbe, déplacer les clôtures, etc. », admet l’éleveur. Mais les trois quarts du troupeau profitent des parcelles et, avec une durée maximum de trois jours par cellule, les animaux ont droit à une herbe de qualité tous les jours. « On observe des repousses d’herbe très rapides après le passage des animaux et la flore s’est beaucoup améliorée, s’enthousiasme Timothée Gosset. Avec un tel rythme, on évite aussi l’écueil du surpâturage et la consommation de la végétation est bien homogène ». Cependant le parcellaire de pâturage étant sous-dimensionné par rapport aux besoins du troupeau, le Gaec profite de l’opportunité de travailler avec le Conservatoire des espaces naturels de Picardie. « Nous avons un droit d’accès à un camp militaire de 6 000 hectares entre mi-mai et mi-septembre. Nous pouvons donc mettre beaucoup de brebis pour lutter contre l’embroussaillement. Mais comme la qualité de l’herbe n’est pas terrible, nous ramenons les brebis proches de l’agnelage sur les bonnes parcelles de la ferme », commente Timothée Gosset.

Du pâturage toute l’année avec les couverts végétaux

La continuité du pâturage est assurée sur quasiment toute l’année. En effet, après la moisson, des couverts végétaux sont semés pour protéger les sols et les travailler grâce aux racines, tout en évitant l’implantation de mauvaises herbes. « Nous mettons du tournesol, de la phacélie, de la vesce, du radis fourrager, de la féverole, du pois et du sarrasin. Par contre, nous évitons les graminées, qui vont avoir tendance à polluer la culture suivante », énumère Timothée Gosset. Toutes ces plantes produisent de la biomasse qui va être consommée par les brebis jusqu’en janvier. « Le fumier est intéressant pour les grandes cultures, reprend l’éleveur, on cherche vraiment à ramener de la vie dans nos sols. » Et sur le plan économique, le Gaec Gosset est gagnant aussi avec le pâturage hivernal. « On économise à peu près 56 tonnes de fourrage, concentrés et paille soit pas loin de 13 000 euros », estime Timothée Gosset.

L’éleveur a fait aussi ses petites expériences avec du pâturage sur betteraves fourragères : « c’était beaucoup de travail car je devais les rationner et faire des parcs tous les deux rangs. Il y avait un problème de diarrhée et les agneaux perdaient leur mère dans le lot de 300 brebis suitées. Mais comme la betterave fourragère est vraiment intéressante au niveau de son rendement à l’hectare, je continue à en distribuer en bâtiment, avec de l’enrubannage de trèfle violet pour équilibrer la ration ». Pour Timothée Gosset, « mettre un atelier ovin quand on fait des grandes cultures, ça a du sens. Le travail avec les animaux correspond aux périodes de creux des céréaliers et la complémentarité s’avère très étendue. »

Chiffres clés

900 brebis romanes
180 ha cultures (colza, blé, orge de printemps, betteraves sucrières, trèfle violet, fenugrec, lentilles et lin
pâturage tournant dynamique

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