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Du lait plus tôt ou plus tard dans les Pyrénées-Atlantiques

En repoussant les mises bas au mois de janvier, les éleveurs basques ou béarnais profitent davantage de la pousse de l’herbe. Par contre, moins de lait est valorisé en Ossau-Iraty.

Il faut organiser le pâturage pour baser l’alimentation printanière sur l’herbe. En été, la luzerne, pure ou associée, permet de compenser la baisse de qualité de l’herbe. © DR
Il faut organiser le pâturage pour baser l’alimentation printanière sur l’herbe. En été, la luzerne, pure ou associée, permet de compenser la baisse de qualité de l’herbe.
© DR

La très grande majorité des producteurs bascobéarnais recherchent un agnelage de novembre avec une traite de décembre à juillet. Cela pour répondre au marché de l’agneau espagnol et au cahier des charges de l’Ossau-Iraty. Plus rarement, d’autres producteurs font le choix de faire mettre bas plus tôt, début octobre, ou plus tard, en janvier. Une production tardive permet de coller davantage à la croissance de l’herbe. Laitiers ou fromagers peuvent aussi répondre à des demandes de marchés.

Par exemple, des producteurs fermiers peuvent chercher à se démarquer en produisant lorsqu’il y a moins de produits sur les marchés et moins de concurrence, en particulier en fin d’été. C’est surtout vrai pour ceux fabricants des produits frais, sans possibilité de report. Certaines laiteries artisanales, telles Bastidarra, cherchent aussi à développer des marchés en produits frais et demandent du lait en conséquence.

Une pratique pour assurer la repro des bios

Les mises bas tardives offrent aussi plusieurs avantages pour les bios. La lutte en pleine saison limite les risques d’échec en l’absence de synchronisation des chaleurs. La part d’herbe pâturée augmentant, on utilise moins besoin d’acheter des fourrages ou des concentrés, dont le prix est souvent supérieur à une fois et demie le prix du conventionnel. Par contre, la richesse du lait (TB, TP) des troupeaux à mises bas tardives est souvent plus faible.

En interrogeant 25 producteurs mettant tôt ou tard en lutte, la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a observé une diversité de pratiques. Les élevages qui recherchent des mises bas précoces sont surtout présents en Béarn, avec des brebis de race basco-béarnaise. Les élevages à mises bas tardives sont implantés en Pays basque avec plutôt de bonnes conditions météorologiques océaniques.

Les agnelages après les fêtes

La baisse du prix de l’agneau dès la fin du mois de décembre est une réalité, mais les producteurs ne la perçoivent pas comme significative. La remontée des prix en mars, la distribution sur des marchés français plus porteurs, la vente directe, sont autant de débouchés qui permettent de réduire l’incidence de cette baisse.

En systèmes « précoces » l’organisation du travail diffère peu des systèmes classiques, si ce n’est une durée de traite et donc une astreinte longue. Pour les « tardifs », les mises bas ne démarrent qu’après les fêtes de Noël, ce qui laisse un repos hivernal apprécié.

Les pertes de revenus simulés

En simulant des mises bas tardives de janvier sur le cas types d’un livreur non-transhumant du dispositif national « Inosys-réseaux d’élevage », on observe que la durée de traite se trouve nettement réduite (de 60 jours), ainsi que la production laitière (-12 %). Des économies d’aliments et de concentrés (15 %) sont réalisées, mais ne couvrent pas la baisse de production. La baisse de revenu est alors estimée à 15 %. En poursuivant la traite un mois de plus (fin septembre), la perte de revenu n’est pas compensée du fait du différentiel de prix non AOP.

La simulation des livreurs transhumants à petites structures montre aussi que les mises bas tardives sont aussi économiquement pénalisantes. Avec 165 jours de traite seulement, la perte de revenu disponible atteint 30 % en dépit d’une baisse des besoins en stocks fourragers de 30 %. Seul le développement d’un atelier fermier en montagne permettrait de compenser la perte.

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