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Patate douce : comment bien choisir ses variétés

Les essais en station expérimentale et chez les producteurs confirment l’importance du choix variétal sur le rendement de la patate douce.

La patate douce est aujourd’hui à la gamme de nombreux maraîchers en vente directe ou circuit long. « Le produit plaît au consommateur, constate Stéphane Rolland, conseiller maraîchage à la chambre d’agriculture d’Île-de-France. La conduite se précise et les prix des plants ont diminué. De nombreux producteurs en proposent d’octobre à avril, ou pendant deux mois s’ils ne veulent pas se préoccuper du stockage. » Si les variétés les plus utilisées restent Beauregard et Orléans, les obtenteurs continuent à proposer des nouveautés, en supprimant certaines références, avec la recherche de variétés plus productives, de bonne présentation et bonne conservation.

Pour la moitié nord de la France, la précocité est aussi un axe de développement afin d’offrir des variétés qui peuvent se satisfaire de conditions climatiques plus froides ou d’un été plus court. En 2024, Voltz lance ainsi Radiance, variété précoce au cycle de cent jours, à la chair orangée et de peau rouge-brune. Les obtenteurs continuent aussi à proposer des variétés de diversification, à la couleur de chair et de peau différentes. Des variétés aux rendements corrects sont proposées en patate douce à chair blanche. « Commercialement toutefois, les variétés à chair blanche ne plaisent qu’à moitié aux consommateurs », observe Stéphane Rolland. Par contre, aucune variété à chair violette proposée jusqu’ici n’a donné satisfaction à cause de petits tubercules et des rendements très faibles.

Variations de rendement entre les variétés

En Bretagne, les essais 2022 en bio de la station expérimentale d’Auray (Morbihan) sur dix-huit variétés, dont six nouvelles, confirment le fort impact de la variété sur le rendement, avec à nouveau un facteur 3 entre la plus productive des variétés et la moins productive (hors variété violette). En variété à chair orange, Erato Vineland Early Orange (lignée Volmary) a produit 1,9 kg/plant. Les rendements ont été de 1,2 à 1,5 kg/plant pour Beauregard (Thomas Plant et Volmary), Erato Deep Orange, Radiance, Erato Orange, Orléans et Erato Vineland Compact Orange. Fournie par Voltz, Beauregard n’a produit que 0,8 kg/plant. En variété à chair blanche, Erato Pleno a eu un rendement équivalent à la meilleure variété à chair orange (1,9 kg/plant), Erato White, Bosbok et Erato Gusto des rendements de 1,2 à 1,4 kg/plant, Terra Occitana, 1 kg/plant et Bonita, 0,8 kg/plant.

L’unique variété à chair violette testée en 2022 (Erato Violet) confirme les résultats des années précédentes en variété violette, avec un rendement très faible de 0,2 kg/plant. « Et en 2023, une nouvelle variété à chair violette n’a pas donné de meilleurs résultats en récolte précoce », indique Stéphane Ruel, technicien à la station d’Auray. Le taux de déchets toutes variétés confondues est de 21 % en vente directe (30 à 50 % les années précédentes) et 40 % en vente en gros, où le rendement commercialisable repose sur les tubercules de 300 à 800 g (60 à 80 % de déchets les années précédentes). Tous ces résultats pourraient toutefois être à moduler selon la date de récolte, comme la date optimale peut varier selon les variétés. En 2023, la station a donc croisé son essai variétal avec deux dates de récolte (fin septembre, fin octobre) : les résultats seront connus en fin de conservation.

Fort impact de la composition du sol

En Île-de-France, des essais ont été menés en 2021 sur douze variétés et sur deux sites de production, l’un sableux, l’autre limoneux. Les patates douces produites en sol sableux présentent globalement de meilleurs rendements (0,86 kg/plant) que celles sur sol limoneux, qui entraîne des tubercules plus petits et plus tortueux (0,68 kg/plant). Les variétés qui ont les meilleurs rendements sont Bayou Belle (Voltz), Beauregard (Agrisemence), Orléans (Voltz) et Beauregard (Voltz), avec 1,21 à 1,05 kg/plant. Certaines variétés semblent néanmoins adaptées aux sols limoneux et atteignent des rendements intéressants : Beauregard (Agrisemence), Bellevue (Voltz), Beauregard (Voltz) et Bonita (Voltz). Beauregard (Agrisemence et Voltz) et Orléans sont aussi les variétés ayant les meilleures notes en termes d’aspect général et de conservation (4,5 à 3,5), Bayou Belle obtenant une note de 3. L’évaluation de la qualité gustative après cuisson (parfum, sucre, texture) a par contre montré peu de différences : seules Evangeline, Erato orange et Bayou Belle se démarquant par leurs qualités. Dans le Grand Est, les essais variétaux 2021 et 2022 de Planète Légumes sur douze variétés ont confirmé l’intérêt pour les producteurs du Grand Est de trois variétés à chair orange (Orléans Voltz, Erato Vineland Early Orange (Volmary) et Bellevue (Voltz)), des variétés à chair blanche Erato White et Erato Pleno, de Volmary, et dans une moindre mesure du fait de son rendement de la variété à chair violette Sakura.

L’itinéraire technique se précise

Si beaucoup de maraîchers il y a quelques années cultivaient de la patate douce sous abri, la production se concentre davantage aujourd’hui sur le plein champ. « Une patate douce occupe un abri de mai à fin septembre, l’équivalent de deux rotations » analyse Stéphane Rolland. Comme la culture peut être longue à démarrer, le désherbage reste un point délicat. En conventionnel, le seul herbicide autorisé est Centium (clomazone). « Quand ils ne bâchent pas, les maraîchers l’utilisent en post-plantation, indique Stéphane Rolland. S’il est assez sélectif, Centium toutefois ne contrôle pas tout. Il y a de plus un risque de phytotoxicité pour les jeunes plants. » Le paillage est une autre solution : les essais menés depuis quatre ans à la station d’Auray confirment l’intérêt en bio des paillages biodégradables par rapport au polyéthylène, qui entraîne de nombreuses pertes liées aux rongeurs ; les tubercules sous paillage polyéthylène sont plus gros et donc plus en surface. « Leur prix au m² plus élevé est à mettre au regard du temps de main-d’œuvre, fortement réduit lors de la récolte », souligne Stéphane Ruel.

En 2022, l’enherbement important a toutefois nécessité deux binages des allées et deux-trois désherbages manuels des trous de plantation. Les essais en 2022 montrent aussi, pour la quatrième année consécutive, l’intérêt de l’optimisation des calibres selon les débouchés souhaités, et de passer d’une plantation sur deux rangs et 30 cm entre plants à une plantation sur deux rangs et 40 cm entre plants, en vente en gros comme en vente directe. L’approche économique qui intégre les fluctuations de rendement liées à la baisse de densité et l’économie de plants montre un gain de 0,18 €/m² en vente directe pour la modalité 2 rangs 40 cm, et de 1,39 €/m² en vente en gros, auquel il faudrait ajouter le gain de temps à la plantation. Les conditions de conservation se précisent également. « L’idéal est de sécher les tubercules pendant 15 jours dans un tunnel bien ventilé, puis de les stocker à 12-13 °C et 60 % d’humidité maximum, estime Stéphane Rolland. Le produit peut alors tenir jusqu’en avril. Une salle conçue pour les courges est très adaptée. »

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