Aller au contenu principal

« Nous avons arrêté de distribuer l’enrubannage aux chèvres le midi »

Éleveurs de chèvres dans l’Indre, Valérie et Joël Norais ont supprimé le repas du midi. Une astreinte en moins et des performances qui n’ont pas diminué, bien au contraire… Retour d’expérience.

Fini l’astreinte de la distribution du midi. En passant de trois à deux repas quotidiens, Valérie et Noël Norais se sont simplifié la vie sans impacter la production laitière.

Installée depuis 2019 sur la ferme familiale où son mari Joël avait auparavant conduit un troupeau de vaches laitières, Valérie Norais élève aujourd’hui 250 chèvres et vise 300 têtes à terme. Comme de nombreux éleveurs, elle s’est interrogée sur l’organisation des repas de ses chèvres et l’optimisation du travail quotidien.

Passer de trois à deux distributions : un changement bénéfique

Jusqu’en 2023, la routine d’alimentation de la ferme comprenait trois distributions de concentré (matin, midi et soir) ainsi qu’une distribution alternée de foin de légumineuses matin et soir et d’enrubannage le midi. Une organisation parfois complexe, notamment lorsqu’elle se retrouvait seule pour assurer la distribution du fourrage à la main.

Après avoir participé aux groupes de travail du projet MaxForGoat puis en avoir discuté avec Florence Piedhault, sa conseillère, le déclic s’est produit lors des mises bas de 2023. « On était débordés entre les naissances et la thermisation du colostrum, se rappelle l’éleveuse de l’Indre. On a décidé de tenter le passage à deux repas de fourrage et deux repas de concentré. On verrait bien ! » Dès lors, l’enrubannage est distribué le matin et le foin de légumineuses le soir. Les concentrés, quant à eux, sont donnés au seau en deux prises, pour un total d’un kilo par jour par chèvre.

Un impact positif sur la production et le quotidien

Les résultats de cette modification se montrent très encourageants. « A priori, nous n’avons pas observé d’impact négatif sur la production laitière. Au contraire, dans le même temps nous avons même enregistré une forte augmentation, mais qui n’est pas en totalité liée à ce changement », précise Valérie Norais. De 752 litres par chèvre et par an en 2022, le troupeau est passé à 962 litres en 2023.

Outre l’amélioration de la production, cette réorganisation a simplifié le travail quotidien. « Nous avons gagné du temps, et nous sommes désormais libres le midi. C’est un vrai confort ! »

Lire aussi : Comment bien distribuer les fourrages ?

Une alimentation maîtrisée et optimisée

L’enrubannage de légumineuse, qui est lourd à distribuer à la main, est maintenant distribué le matin par Joël. Un effort partagé, d’autant plus que les auges sont en hauteur et qu’il faut lever la fourche bien haut pour les remplir. « L’enrubannage est distribué vers 7 heures du matin, et le soir, quand on revient, il en reste encore un peu. » Le choix de l’enrubannage s’est imposé pour mieux valoriser les premières coupes de sainfoin, de luzerne ou de trèfle. « Si nous devions faire du foin avec cette première coupe, la fenêtre climatique serait trop courte. L’enrubannage nous permet donc de sécuriser nos stocks de fourrage », justifie l’éleveuse de 46 ans.

Le passage à deux distributions n’a pas engendré de problèmes digestifs ni de refus alimentaires. « Les chèvres n’ont eu aucun souci pour s’adapter, elles l’ont très bien accepté. » Et Valérie, plus tranquille le midi, aussi !

« Des réponses concrètes aux questions d’éleveurs »

Grâce au projet MaxForGoat, Florence Piedhault, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Indre, accompagne les éleveurs pour optimiser leur gestion fourragère et réduire leur charge de travail sans nuire aux performances.

« J’accompagne des éleveurs aux profils très variés. Ils se posent souvent les mêmes questions : quand distribuer le meilleur fourrage ? Comment gérer les refus ? Quel impact sur la production si je change ma méthode de distribution ? Jusqu’ici, je répondais avec mon expérience et les échanges entre collègues, mais il manquait de vraies données scientifiques sur lesquelles s’appuyer. Avec le projet MaxForGoat, nous avons maintenant des outils concrets pour analyser la situation de chaque élevage. En présentant les résultats d’expérimentation de MaxForGoat sur mon ordinateur, on peut discuter plus en profondeur du sujet qui les interpelle. Avec ces données scientifiques, ils ont toutes les clefs pour prendre une décision concernant la conduite de l’alimentation. C’est un vrai plus pour mon métier de conseillère. Quand on dit aux éleveurs que l’on peut réduire la charge de travail sans nuire aux performances, comme ici chez Valérie et Joël, c’est encore mieux ! »

Les plus lus

<em class="placeholder">Étienne Guilloteau lors des travaux lors de la transformation de la salle de traite en nurserie pour chevrettes</em>
Étienne Guilloteau, éleveur de chèvres en Vendée : « J’ai transformé une ancienne salle de traite en nurserie pour les chevrettes »
Étienne Guilloteau, éleveur de 600 chèvres en Vendée, a transformé une ancienne salle de traite en nurserie pour chevrettes.…
<em class="placeholder">Les chèvres mangent un sapin suspendu dans la chèvrerie.</em>
Marion Fournière, éleveuse de chèvres dans la Creuse : « Mes chèvres adorent les sapins de Noël »
À la chèvrerie du Ménérol, dans la Creuse, les fêtes se prolongent grâce aux sapins recyclés. Offerts aux chèvres comme friandise…
<em class="placeholder">Samuel Vallée et Justine Monsimer dans la chèvrerie</em>
Livreur de lait en Mayenne, l’EARL Al’Pin mise sur le désaisonnement des chèvres et la transformation en fromages
Installés en 2018 en Mayenne, Samuel Vallée et sa conjointe Justine Monsimer ont fait le choix du désaisonnement et de la…
<em class="placeholder">Engraissement des chevreaux</em>
Moins de viande caprine et toujours des difficultés à vivre de l’engraissement du chevreau
La production de viande caprine s’érode tandis que les ateliers d’engraissement peinent à survivre. La filière française du…
Traite des chèvres saanen avec une salle de traite rotative
La filière caprine inquiète de la baisse du nombre d’éleveurs de chèvre et de la hausse du cout d’installation
La filière lait de chèvre s’inquiète de la chute du nombre de livreurs, freinée par des coûts d’installation devenus…
7 éleveurs de chèvres dans plusieurs photos
Des éleveuses et éleveurs de chèvres récompensés en Indre-et-Loire et Vendée
Le Trophée des territoires en Touraine et le Prix de la dynamique agricole dans le Grand Ouest ont mis à l’honneur trois…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre