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Notre mode de consommation se met au goût du jour

Les hommes sont plutôt amateurs de fromages, de viandes, de charcuteries, de pommes de terre et de crèmes dessert.
© Patrick Cronenberger

Inca, c'est le nom de l'étude sur les consommations et les habitudes alimentaires de la population française réalisée par l'Anses. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, vient de conclure le troisième volet de l'enquête. Résultats de Inca 3.

Plus de 5800 personnes (3157 adultes âgés de 18 à 79 ans et 2698 enfants âgés de 0 à 17 ans) ont participé à cette grande étude nationale qui a mobilisé en 2014 et 2015 près de 200 enquêteurs. 150 questions ont été posées aux participants sur leurs habitudes et modes de vie, 13 600 journées de consommations ont été recueillies, générant des données sur 320 000 aliments consommés. Au total, six années auront été nécessaires pour actualiser la photographie des habitudes de consommation alimentaire de la population française.

Toujours plus de produits transformés

Les Français consomment en moyenne 2,9 kg d'aliments chaque jour, soit environ 2200 kcal, dont 50 % de boissons. Les femmes privilégient généralement les yaourts et fromages blancs, les compotes, la volaille et les soupes. Quant aux hommes, ils sont plutôt amateurs de fromages, de viandes, de charcuteries, de pommes de terre et de crèmes dessert. Une assiette des Français dans laquelle on trouve toujours plus de produits transformés, une nette augmentation des compléments alimentaires depuis 2007, encore trop de sel et surtout pas assez de fibres.

Ces données nouvelles fournies par l'étude Inca 3 sont indispensables aux nombreux travaux menés par l'agence dans le domaine de l'alimentation. Réalisés dans le cadre d'une procédure harmonisée au niveau européen, ces travaux permettront de proposer des recommandations toujours plus en adéquation avec les pratiques des Français. Les études Inca constituent un des outils indispensables à l'évaluation du risque lié à l'alimentation. Elles permettent de mieux connaître les habitudes des Français (choix de leurs aliments, préparation ou encore consommation de compléments alimentaires, pratique d'activité physique et niveau de sédentarité). Combinées ultérieurement aux bases de données de l'Anses sur la composition des aliments, elles permettent de connaître les apports en substances bénéfiques présentes dans l'alimentation (vitamines, acides gras essentiels...).

Pas assez de fibres

En moyenne, les enfants, jusqu'à 10 ans, consomment 1,6 kg d'aliments et de boissons par jour. Cette quantité s'élève à 2,2 kg pour les adolescents âgés de 11 à 17 ans et à 2,9 kg pour les adultes de 18 à 79 ans. Les boissons représentent plus de la moitié de cette ration journalière, et l'eau constitue la moitié des boissons consommées. D'après l'étude Inca 3, les hommes mangent plus que les femmes. Celles-ci privilégient yaourts, fromages blancs, compotes volailles, soupes et boissons chaudes. Les hommes favorisent les produits céréaliers, le fromage, les viandes et charcuteries, ou encore les crèmes dessert. L'assiette des Français contient une grande part d'aliments transformés et encore un peu trop de sel (en moyenne 9 g/j chez les hommes et 7 g/j chez les femmes à comparer aux objectifs du Programme national nutrition santé de respectivement 8 g/j et 6,5 g/j). Les apports en fibres (20 g/j en moyenne chez les adultes) apparaissent quant à eux trop faibles par rapport aux recommandations de l'Anses (30 g/j). Les Français consomment de plus en plus de compléments alimentaires. En outre, beaucoup d'aliments sont issus de leur propre production (eau y compris, via des puits privés) ou de celle de proches.
On constate des disparités de comportements en fonction de l'âge, du sexe, du niveau d'étude ou encore de la région. Ainsi, par exemple, les adultes de 65 à 79 ans consomment plus d'aliments faits maison, les hommes consomment plus de denrées animales crues, les individus ayant un niveau d'étude supérieur ou égal à bac + 4 davantage de fruits et deux fois moins de boissons rafraîchissantes sans alcool, et les habitants des grandes agglomérations consomment plus de poissons, confiseries, chocolat et jus de fruits que dans les zones rurales (plus de charcuteries, de légumes et de fromages).

Comportement trop sédentaire

Les résultats de l'étude Inca 3 montrent l'apparition de nouveaux enjeux en termes de sécurité microbiologique des aliments. En effet, un certain nombre de pratiques potentiellement à risques sont en progression : augmentation de la consommation de denrées animales crues (poisson et viande de boeuf notamment), temps plus longs de conservation avant consommation des denrées périssables, dépassements plus fréquents des dates limites de consommation, températures relevées dans les réfrigérateurs parfois inadaptées. Par ailleurs, le statut pondéral et le niveau d'activité physique des Français restent inadaptés. En 2014-2015, 13 % des enfants et adolescents (jusqu'à 17 ans) et 34 % des adultes de 18 à 79 ans sont en surpoids, 4 % et 17 % respectivement sont obèses.

De plus, les niveaux de sédentarité des Français peuvent être qualifiés d'inadaptés avec une activité physique insuffisante pour une grande partie de la population. Le pourcentage d'individus présentant un comportement sédentaire est alarmant puisque la moitié des adolescents de 11 à 14 ans, deux tiers des adolescents de 15 à 17 ans et plus de 80 % des adultes de 18 à 79 ans sont concernés. En sept ans, le temps quotidien passé devant un écran, hors temps de travail, a augmenté de 20 minutes en moyenne chez les enfants et de 1h20 chez les adultes.
L'étude Inca 3 constitue une base de données indispensable à l'Anses pour ses activités d'expertise. Les données collectées seront ainsi exploitées, au cours des prochaines années, pour répondre aux saisines que l'Anses sera amenée à traiter sur l'évaluation des risques nutritionnels, physico-chimiques ou microbiologiques liés à l'alimentation. L'Anses prévoit notamment des analyses approfondies des données en lien avec des évaluations de risques, concernant en particulier l'évaluation des risques liés à l'inadéquation des apports nutritionnels en macronutriments (lipides, glucides, protéines) et en acides gras, vitamines et minéraux chez les adultes ou encore l'évaluation des risques liés à la sédentarité et l'insuffisance d'activité physique. Ainsi, les données recueillies dans le cadre de l'étude Inca 3 permettent d'ores et déjà à l'Anses d'émettre des recommandations de santé publique toujours plus en adéquation avec les habitudes des Français.

 

Un Français adulte boit et mange 2,9 kg d'aliment chaque jour

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