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Télévision
Roots sur Arte veut « rompre avec les clichés sur l’agriculture »

Journaliste, Pierre Girard a présenté durant plusieurs années Xenius sur Arte avant de lancer sa chaîne webTV Tous terriens sur Youtube. Il est à l’origine de Roots une nouvelle émission sur l’agriculture européenne qui sera diffusée cet été.

Pierre Girard, journaliste, à l'origine de la chaine Youtube sur l'agriculture Tous Terriens.
Pierre Girard, journaliste, à l'origine de la chaine Youtube sur l'agriculture Tous Terriens.
© ARTE / Labo M

[Mis à jour le 10 août 2022 à 12h05]

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’agriculture ?

Pierre Girard : A la base, je suis devenu journaliste car je m’intéresse à la science et à l’environnement. Et j’ai toujours considéré que l’agriculture était un sujet important quand on pense environnement. Et puis, après 13 ans de Xenius pour Arte, où l’on parlait d’agriculture une émission sur quatre ou cinq, j’avais très envie d’aller plus en profondeur, d’en parler sous l’angle des solutions plus que des problèmes. De manière individuelle, j’ai commencé à me lancer dans des séries de vidéos sur Youtube (chaîne Tous terriens) pour avoir ma propre approche sans être contraint par un format. L’agriculture mérite un format ou un rendez-vous à part entière, je m’en suis rendu compte. Le fait de traiter d’agriculture dans des JT, au quotidien ou dans des émissions pas adaptées, ce n’est pas forcément lui rendre service. Et dans les crises environnementales que l’on travers, il est important de l’aborder de manière plus complète.

Comment avez-vous évolué sur ce sujet ?

J’ai évolué comme toute la société, comme tous les Français. Je suis très attaché à l’agriculture, je sais ce qu’elle nous offre comme terroirs. Je suis d’une famille où il y a des agriculteurs au niveau des grands parents ou des arrière grand parents. Mais j’ai grandi en ville, avec une image toute prête, assez cliché de l’agriculture. Puis au fur et à mesure des sujets environnementaux, j’au rencontré beaucoup d’agriculteurs et d’agricultrices qui se posaient des questions et faisaient évoluer les modèles. Ca a été le déclic : voir ces personnes qui se battent au quotidien pour s’adapter mais ne sont pas forcément visibles.

Parlez-nous de votre future émission sur Arte…

Cette émission s’appellera Roots (comme racines en anglais). Elle sera présente sur Arte.tv, les chaînes youtube d’Arte et sera aussi diffusée à l’antenne le 8 août. Ce sera la première émission d’une série de 10 visites dans des fermes en Europe. Ces visites de fermes se raccrochent à des pratiques environnementales, à des solutions. Elles ont été choisies pour la diversité des systèmes qu’elles représentent. Il y a des très petites fermes et de très grandes fermes céréalières, de l’agriculture conventionnelle, bio, de la conservation des sols... Avec la mise en avant de solutions. Le format est de 32 minutes. Je veux faire du journalisme constructif en parlant des problèmes et des solutions. Ces agriculteurs, avec des profils très variés, sont vraiment des combattants et combattantes de l’agriculture, de l’environnement et du climat. Je veux rompre avec les clichés sur l’agriculture. C’est assez rafraichissant de voir cette diversité.

Avez-vous déjà visité les 10 fermes ?

Oui je viens juste de terminer, après plusieurs mois de reportages entre février et juin. Durant les émissions je prends le temps de comprendre : les compromis, les questions qui se posent à l’agriculteur. J’essaie de montrer l’agriculture dans toute sa complexité. Dans chaque épisode on parlera forcément de l’approche du sol, c’est le point commun aux dix fermes dont quatre en France.

L’idée de cette émission vient-elle de vous ? Avez-vous eu du mal à convaincre Arte de la diffuser ?

Je l’ai proposée à Arte. Et j’ai eu la chance de proposer ça à une chaine qui me connaît sur un sujet qui intéresse beaucoup de monde. Dans les fermes, on entend des critiques qui ressortent à l’égard des médias et même parfois d’Arte. Mais la chaîne aujourd’hui prend le temps de débattre de vrais sujets, et d’éclairer sans passion et sans polémique inutiles sur les problématiques climatiques et environnementalistes. On aborde les sujets sans dramatiser. Ce n’est pas très compliqué de trouver chez Arte des personnes qui sont séduites par une approche constructive de l’agriculture. Nous ne sommes pas la première chaine à être sur le terrain en région, mais l’intérêt et l’intelligence sont là.

Pour moi l’essence du journalisme, ça doit être d’éclairer notre public sur des sujets complexes

Quel regard portez-vous sur les émissions qui traitent l’agriculture de manière polémique ?

Pour moi l’essence du journalisme ça doit être d’éclairer notre public sur des sujets complexes, afin de leur permettre de prendre des décisions de citoyens, de choisir leurs modes de consommation. On a plus que jamais besoin de journalistes qui éclairent. Je me demande ce que ça apporte à la société quand on oublie de formuler des solutions. En tant que journalistes, on a une responsabilité de montrer des voies et des pistes de solutions. Les agriculteurs sont désespérés de voir la façon dont on perçoit leur métier et le consommateur s’inquiète de faire les bons choix, on a très probablement un rôle à jouer entre les deux.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors du tournage de reportage chez des agriculteurs ?

Depuis trois ans que je fais des visites, je suis toujours surpris de voir la diversité des systèmes agricoles en France. Je trouve ça compliqué de parler de « l’agriculture française ». Avec Roots, le fait de partir au-delà des frontières m’a permis de me rendre compte qu’il y a une diversité encore plus grande d’agricultures en Europe. J’ai eu la chance de voir des structures très différentes, comme de toutes petites fermes familiales en Italie, ou encore des exploitations dans le sud de l’Espagne très affectées par la sécheresse et de la dégradation des sols. Elles sont déjà confrontées au changement climatique et on comprend ce qui est en train d’arriver dans le Sud-ouest de la France. C’est une vraie chance de découvrir l’agriculture à l’échelle européenne dans un temps très rapproché, de rencontrer des gens qui parlent de leur métier, de mettre les mains dans des terres très différentes en termes de couleur, d’aspect, de sentir la différence de température, de voir la quantité de vers de terre. J’espère que ça plaira au public pour que l’émission puisse continuer.

 

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