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Néonicotinoïdes : Christiane Lambert tacle Yannick Jadot aux rencontres du Medef

Yannick Jadot et Christiane Lambert, tous deux invités aux rencontres du Medef, le 27 août. Au menu des discussions, l’épineux sujet d’actualité : la dérogation envisagée pour l’application de néonicotinoïdes en traitement de semences sur betteraves. Le député européen écologiste a beau être né dans l’Aisne, à Clacy-et-Thierret, « dans les betteraves », de son propre aveu, cela ne lui « donne pas tout le savoir sur la betterave », estime la présidente du syndicat agricole. Affrontement verbal assuré. Le débat se poursuit. Le projet de loi va être présenté en conseil des ministres ce jeudi 3 septembre.

Le projet de loi proposant une dérogation pour l’utilisation de néonicotinoïdes sur betteraves va être présenté en conseil des ministres le jeudi 3 septembre. Le 1er septembre un Conseil national de la transition écologique (CNTE) a été consacré à ce sujet mais les associations écologistes déplorent l’absence de ministre et de membre de cabinet ministériel à cette présentation. Créé en 2013, le CNTE est une commission consultative chargée de rendre « des avis structurants pour la politique de la transition écologique », en réunissant collectivités, syndicats, employeurs, ONG, parlementaires, à qui les ministères présentent leurs propositions législatives.

Mi-août, les opposants au projet ont adressé une lettre au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Plus la décision approche, plus le climat est tendu.  

Lire aussi « Dérogation pour les néonicotinoïdes : 18 associations demandent au ministre de l’Agriculture de renoncer »

Vote en conseil des ministres le 3 septembre

« Les parlementaires doivent dire non ! » martèle Générations futures dans un communiqué diffusé le 2 septembre. Le gouvernement tente d’apaiser le débat en assurant que la dérogation concernera exclusivement les betteraves. Contrairement à la demande faite par les professionnels, il ne devrait donc pas être question d’étendre cette autorisation dérogatoire au maïs par exemple.

Lire aussi « Barbara Pompili défend la dérogation des néonicotinoïdes sur betteraves »

La polémique est à son comble et le débat houleux. Mais le sujet est sérieux et anime à la fois les milieux écologistes et économiques. Pour preuve : les betteraves se sont invitées aux rencontres du Medef, l’organisation qui rassemble les chefs d’entreprises français, le 27 août sur l’hippodrome de Longchamp. Les participants ont pu assister à une véritable joute oratoire entre Yannick Jadot, député européen EELV (Europe écologie les Verts) et Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (syndicat agricole majoritaire).

« On se bat pour mettre l’écologie au cœur du bazar et à la fin, on revient sur les néonicotinoïdes, » a lancé le militant écologiste.

Christiane Lambert prend la parole et rappelle au député européen que « La France est le seul pays européen » à avoir inscrit l’interdiction des néonicotinoïdes dans une loi. « Sur 19 pays producteurs de betteraves, 14 ont déjà pris une dérogation, » a-t-elle affirmé. « On perd des filières de production si on fait des impasses plus fortes que les autres », estime-t-elle. « Il y a un principe de réalité qu’il faut regarder ».

Et d’ajouter : « l’écologie qui dit " on interdit d’avoir chez nous et les autres suivront ", quand les autres ne suivant pas, on est chocolat, on est des héros morts. Ce n’est pas sérieux. »

Et devant une assemblée de chefs d’entreprises, elle a poursuivi : « Pourquoi Teisseire, Coca-Cola et un certain nombre d’industries agroalimentaires se sont installés dans le nord de la France ? Parce qu’il y a du sucre. Les Belges, les Allemands, qui ont recours aux néonicotinoïdes n’attendent qu’une chose : qu’on arrête de produire en France, ils nous amènent le sucre. On mangera toujours autant de sucre, il sera produit ailleurs, dans des conditions qu’on n’aime pas chez nous. »

Risque ou pas pour les abeilles ?

Avec cette dérogation, les écologistes craignent une mortalité des abeilles et s’y opposent au nom de la biodiversité. « Pas de risque » rétorque Christiane Lambert, « la betterave n’est pas une plante mellifère. « C’est au bout de 2 ans qu’elle fleurit », mais elle est récoltée au bout d’un an.

Dans un tweet posté le 28 août, l’association « Les Jardins d’Aestiv » affirme pour sa part que l’exposition au produit phytosanitaire appliqué en traitement de semences « ne se résume pas aux inflorescences » et assure que les publications scientifiques sur le sujet et messages sur les réseaux sociaux sont légion.

Lire aussi « Edito : la fable de la betterave, la jaunisse et les néonicotinoïdes » dans Réussir Grandes Cultures.

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