Mouches en élevage bovin : les myiases à wohlfahrtia magnifica attaquent le moral des éleveurs
Une enquête auprès d’éleveurs d’ovins et de bovins évalue l’impact sur leur moral des myiases à wohlfahrtia magnifica. Cette maladie exige une surveillance chronophage et rigoureuse pendant la période à risque. Les éleveurs ont l’impression de juste arriver à limiter la casse.

Les myiases à wohlfahrtia magnifica sont des infestations cutanées provoquées par les larves de cette mouche carnassière. Elles touchent le plus fréquemment les ovins, mais les bovins sont aussi concernés. La zone de vigilance porte sur plusieurs départements dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val de Loire. Ces dernières années, il semble que l’extension géographique de la maladie soit limitée, certainement grâce aux mesures de prévention et de lutte coordonnées par le comité de pilotage wohlfahrtia qui a été créé en 2016 par les professionnels de l’élevage et de la santé animale. Le nombre de bovins atteints a cependant plutôt tendance à progresser.
Cette maladie représente pour les éleveurs de la zone un véritable fléau. « Les myiases à wohlfahrtia magnifica ont un fort impact sur le moral des éleveurs », présente Laura Meunier, étudiante à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, qui a mené une enquête auprès d’éleveurs, vétérinaires, conseillers et GDS en région Nouvelle-Aquitaine (1). Cette maladie se déclare de mai à fin octobre, une période pendant laquelle beaucoup d’éleveurs normalement “soufflent”, organisent leurs temps libre et leurs vacances. L’enquête a mis en évidence que le risque de survenue de myiases les contrarie dans ces projets. « Il est difficile de se faire remplacer pour traiter les animaux et il faut être extrêmement réactif quand un cas se déclare », poursuit l’étudiante.
L’impact économique d’une myiase à wohlfahrtia magnifica n’est pas négligeable. Le coût du traitement a été estimé à 5,10 euros par bovin et 2,87 euros par ovin en incluant les traitements préventifs (quand il y en a) et curatifs. Les animaux bien soignés n’ont pas de séquelles. Les éleveurs signalent en revanche l’impact très important sur le bien-être animal : les larves font beaucoup souffrir les bovins, et les cas interviennent en période de fortes chaleurs.
Une surveillance chronophage et pointilleuse
Les éleveurs relèvent aussi une perte de temps considérable : la surveillance quotidienne doit être très méticuleuse, toutes les zones à risques doivent être passées en revue chaque jour, et il faut un œil exercé. Les mouches sont en effet attirées par toutes les parties suintantes des bovins (plaies, suites de vêlages ou chaleurs, nombrils des veaux nouveau-nés, cicatrices d’écornage…). Quand un cas est constaté, mettre en contention une vache est contraignant et les soins à eux seuls prennent 1 à 1 h 30. « Il faut méticuleusement retirer tous les asticots, bien nettoyer, potentiellement administrer un antibiotique pour éviter les surinfections, voire un anti-inflammatoire. » Sur une année, le temps perdu est estimé à 30 heures en moyenne sur l’ensemble des élevages bovins et ovins enquêtés pour la prévention, et 341 heures pour les traitements.
Les éleveurs étudiés mettent en avant le caractère partiel de l’efficacité des traitements insecticides préventifs, et le fait que les ruptures de stock pour les produits ne soient pas rares. Ils aimeraient utiliser des huiles essentielles et sont en attente de références sur cette technique. Les éleveurs sont très bien informés sur les protocoles types de prévention et de lutte diffuses par le copil wohlfahrtia qu’ils adaptent à leur troupeau avec leur vétérinaire. Le partage entre éleveurs et avec les partenaires de la santé et du commerce est crucial pour les soutenir. « Les éleveurs ont le sentiment de limiter la casse, mais de ne pas contrôler cette maladie. Sa survenue est assez imprévisible d’une année à l’autre même si elle est favorisée par les périodes chaudes et sans pluie », conclut Laura Meunier.
Changer la conduite du troupeau à cause des myiases
Le nombre de cas dans un troupeau bovin est beaucoup plus faible en comparaison aux ovins. « Cela concerne en moyenne 8 % des troupeaux bovins présents dans les zones impactées contre 16 % des troupeaux ovins » relève Laura Meunier. Cependant, les myiases à wohlfahrtia magnifica ont conduit, d’après cette étude, certains éleveurs à changer leur conduite du troupeau. Plusieurs ont déclaré avoir décalé d’un mois la mise à la reproduction, ne plus faire vêler les vaches dans les prairies mais toujours en bâtiment (la mouche n’entrant pas dans les bâtiments), et ne plus écorner les veaux pendant la période à risques.