Aller au contenu principal

Mise à mort des poussins de ponte : Le « décret ovosexage » vient d’être publié

Après son passage par le Conseil d’Etat, le décret interdisant d’éliminer les poussins mâles des souches ponte à leur naissance, entre en application ce lundi 7 février.

La méthode d'ovosexage ATT, moins onéreuse, permet de différencier les femelles au plumage foncé des mâles plus clairs, mais uniquement sur les souches commerciales brunes. Pour les autres (races traditionnelles et souches blanches), ce peut être avec la méthode hormonale trois fois plus coûteuse
© Hendrix Genetics

Etabli le 5 février et publié au Journal officiel du 6 février, le décret 2022-137 met définitivement fin à la pratique de la mise à mort des poussins mâles dans les heures suivant leur éclosion.

Pleinement opérationnelle en 2023, l’interdiction concerne uniquement les poussins de l’espèce poule Gallus Gallus des souches commerciales destinées à la production d’œufs de consommation.

Le décret ne touche que le dernier maillon de l’accouvage ponte, permettant de sacrifier les individus (mâles ou femelles) des lignées élevées pour la sélection et pour la multiplication génétiques.

 

Quatre dérogations à l’interdiction sont introduites:

  • Utilisation à des fins scientifiques (industrie pharmaceutique, diagnostic vétérinaire…) ;
  • Expériences, au sens de l’article R 214-63 du code rural ;
  • Usage pour l’alimentation animale (zoos, parcs animaliers, fauconneries), pour laquelle un arrêté pourra préciser les souches et les méthodes de mise à mort concernées;
  • Elimination des poussins mâles nés suite à des erreurs d’ovosexage.

Un calendrier à respecter impérativement

Dorénavant, les accouveurs devront trouver une valorisation pour les coqs nés, ou bien ne pas les faire naitre en les éliminant avant leur 16 -ème jour de son développement.

Pour distinguer le sexe des embryons, les entreprises doivent s’équiper en respectant le calendrier suivant :

  • Le 1er mars au plus tard, avoir justifié la commande de matériel de détermination du sexe ;
  • Le 1er juin au plus tard, avoir engagé les travaux d’installation ;
  • Le 31 décembre au plus tard, avoir démarré l’ovosexage sur tous leurs œufs mis en incubation.

 

Les contrevenants sont passibles d’une amende de 5eme classe, allant de 1500 à 3000 euros par infraction constatée.

Cinq entreprises sont concernées :  Hendrix Genetics, Hy-Line France, Lanckriet, Lohmann France, Novoponte. Le couvoir Hy-Line est déjà équipé d’une machine AAT semi-automatisée et Novoponte d’un appareil Seleggt.

 

Au second semestre 2021, l’Etat avait anticipé ce décret discuté depuis 2019, en dégageant dès l’été un budget de 10 millions d’euros pour soutenir les investissements des accouveurs. Tous ont obtenu des fonds, sachant que le groupe EW n’a pu déposer qu’une demande pour ses deux filiales (Hy-Line, Lohmann), lesquelles ont obtenu moins d’aides qu’avec deux dossiers distincts.

Ce matériel pourra être utilisé pendant cinq ans, sans le risque d’être considéré comme obsolète avant ce délai. Ceci concerne les progrès techniques qui pourraient être accomplis pour avancer l’âge de détermination du sexe, le 7eme jour étant considéré par certains comme l’apparition de la sensibilité à la douleur.

L’ONG welfariste CIWF souhaitait d’ailleurs que l'Etat fixe l’objectif d'ovosexer avant le septième jour «à plus long terme». C’est pourquoi, la directrice de CIWF France Léopoldine Charbonneaux  a confié à l'AFP que ce décret aurait pu être «plus ambitieux».

Coût du fonctionnement à caler

Reste l’épineuse la question du financement du coût d’ovosexage entrainant un surcoût de 1 à 3 euros par poulette selon la méthode employée, sachant qu’à 17 semaines une poulette prête à pondre, nourrie, logée et vaccinée coûte aux alentours de 6 euros hors ovosexage.

Un accord est en cours de discussion pour que le maillon élevage n’ait pas supporter la charge évaluée à au moins 50 millions d’euros. C’est la vente au détail, augmentée d’une cotisation volontaire obligatoire (CVO), qui financera le surcoût de fonctionnement subi par les accouveurs. Compte tenu du calendrier imposé, le dispositif devrait lui être pleinement opérationnel en fin d’année. Sachant qu’il existe au moins six mois de décalage entre l’éclosion d’une poulette et ses premiers œufs. Il faut rapidement « amorcer la pompe » pour que les accouveurs ne travaillent pas à perte.

Périmètre de mise à mort précisé

Le décret clarifie aussi certaines dispositions relatives à la mise à mort en dehors des abattoirs, déjà indiquées dans l’article R 214-78 du code rural.

Outre les couvoirs, les euthanasies hors abattoir peuvent déjà avoir lieu dans le cadre de la lutte contre les maladies règlementées (cas des dépeuplements préventifs liés à l’épizootie d’influenza aviaire) et dans les élevages d’animaux à fourrure. Dorénavant, ces derniers devront informer le préfet avant la mise à mort.

Le nouvel article comporte un alinéa supplémentaire autorisant l’euthanasie « pour les animaux blessés ou atteints d’une maladie entrainant des douleurs ou souffrances intenses, lorsqu’il n’existe pas d’autre possibilité pratique de les atténuer. »

Les plus lus

L'élevage alternatif est devenu dominant, mais la cage résiste très bien au delà d'un atelier de 50 000 poules.
Recensement agricole en volailles : La poule pondeuse a le vent en poupe

L’évolution des modes de production sous la pression du bien-être animal s’est traduite par une mutation structurelle…

Foie gras : Delpeyrat va fermer deux abattoirs de canards

Delpeyrat va fermer ses abattoirs de canards gras de La Pommeraie-sur-Sèvre (85) et de Vic-Fezensac (32). Cette décision vise…

Éric Baldo, responsable technique de la Ciab, suit de près les performances des deux bâtiments atypiques de Ludovic Drapeau conçus pour répondre à tous les cahiers des ...
Poulet "bien-être" : La coopérative Ciab a investi pour mesurer le surcoût des attentes sociétales

La coopérative Ciab a supporté financièrement le Gaec des Grandes Roussières pour chiffrer les attentes sociétales avec deux…

Jérôme Perrodin avec son épouse Linda : « J’ai opté pour un système de volière qui incite les poulettes à circuler verticalement mais aussi horizontalement, et ceci ...
« Ma volière favorisera la mobilité en 3D des poulettes »

Jérôme Perrodin a investi dans un bâtiment neuf pour poulettes futures pondeuses d’œufs bio, équipé d’une volière facilitant…

Anis Farhat, directeur d’exploitation de Taissir, entouré de Fabrice Poisbeau et de Guirec Rollando, de Sodalec Distribution : « La filtration d’air a largement ...
En Tunisie, des poules pondeuses sous air filtré pour en finir avec les salmonelles

Filtrer l’air des bâtiments de poules pondeuses de l’entreprise tunisienne Taissir a été une mesure sanitaire clé pour enrayer…

Avec l’IA, Jean-Luc Martin compte passer de la correction des dysfonctionnements des bâtiments d’élevage au copilotage de leur conduite par l’éleveur.
Big Data : Tell Élevage vise la supervision des poulaillers avec l’intelligence artificielle

La start-up Tell Élevage prévoit d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour créer un outil de conseil au pilotage en…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)