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Méthanisation : partager les risques financiers en s'engageant dans une unité collective

Se lancer dans la méthanisation agricole nécessite de lourds investissements. Devenir actionnaire d’une unité portée par un collectif ou une coopérative peut être la solution pour bénéficier d’un complément de revenu tout en investissant moins.

<em class="placeholder">Grégory Vrignaud, conseiller à la maitrise d&#039;ouvrage sur le projet Biomasse Thouarsaise.</em>
Investir dans un projet collectif est aussi un moyen de déléguer la gestion du méthaniseur et les taches administratives, explique Grégory Vrignaud, sur le site du futur méthaniseur Biomasse Thouarsaise.
© MC.Bidault

Face aux coûts d’investissement (entre 2 et 10 millions d’euros en moyenne), certains exploitants préfèrent investir dans un méthaniseur en collectif, à l’image des 29 agriculteurs qui ont lancé le projet Biomasse Thouarsaise dans les Deux-Sèvres. Initié avec deux conseillers à la maîtrise d’ouvrage, le méthaniseur en injection, dont la mise en route est prévue en octobre prochain, sera alimenté par 500 hectares de Cultures intermédiaires à vocation énergétiques (Cive). Grégory Vrignaud, l’un des deux conseillers, qui est aussi animateur de l’association Valeurs Agri Métha, indique que le collectif détient 65 % des parts du méthaniseur, le reste étant réparti entre le fonds d’investissement de la région Nouvelle-Aquitaine (20 %), la Régie locale des Deux-Sèvres (10 %), et le constructeur (5 %).

L’investissement s’élève à 9,5 millions d’euros, pour une production attendue de 230 Nm3/h (18 400 MWh/an) de biométhane. Le tarif d’achat garanti sur 15 ans est de 110 à 120 €/MWh (tarif revalorisé à juin 2023). Grégory Vrignaud, qui assurera la gestion du site, indique que chaque agriculteur a pris des parts « à hauteur de 150 euros la tonne de matière sèche (€/tMS) de Cive engagée, à laquelle s’ajoute une part fixe de 2 000 € par exploitation et une part libre. » Le plus gros apport réalisé par un agriculteur s’élève à environ 60 000 €, soit un montant bien inférieur à celui qu’il aurait dû apporter pour un projet individuel.

Des projets portés par des coopératives qui vont jusqu’à 100 millions d’euros

Autre possibilité, être adhérent d’une coopérative qui détient tout ou partie de l’unité de méthanisation. Grégory Baczynski, directeur des opérations chez EMC2, explique que la coopérative du Nord-Est a investi en 2020 dans deux méthaniseurs en injection, à Landres et Villers-la-Montagne (54), pour un montant de 7,5 millions d’euros et une production de 200 Nm3/h (16 000 MWh/an). Les 20 agriculteurs apporteurs de Cive et d’effluents d’élevage sont adhérents de la coopérative, propriétaires de parts sociales représentant 7 % de l’investissement, les 93 % restant ayant été financés par la coopérative. « Notre résultat annuel varie entre 200 000 à 300 000 € », indique Grégory Baczynski.

En Côte-d’Or, Sécalia, le méthaniseur en injection 100 % végétal initié par Dijon Céréales, est un autre exemple de projet coopératif. L’unité, d’un coût de 100 millions d’euros, est détenue à parts égales par Nature Energy, constructeur et exploitant du site, et un pôle agricole régional composé de Dijon Céréales et deux autres coopératives (Bourgogne du Sud et Terre Comtoise) partenaires dans l’Union Alliance BFC, du Crédit Agricole Champagne Bourgogne, et d’une holding regroupant les agriculteurs coopérateurs. Laurent Druot, responsable énergies renouvelables chez Dijon Céréales, indique que l’installation est alimentée par 200 000 tonnes de biomasse par an, dont 90 % de seigle cultivé sur 5 000 ha (150 exploitations), pour une production de 230 000 MWh/an.

Une rémunération entre 75 et 135 € la tonne de Cive produite

Sur tous ces projets collectifs, l’agriculteur est rémunéré en tant qu’actionnaire et en tant qu’apporteur de Cive, sur la base d’un tonnage produit ou livré avec un prix garanti sur 15 ans. Sur la future unité Biomasse Thouarsaise des Deux-Sèvres, Grégory Vrignaud explique que deux types de contrats sont proposés aux agriculteurs : un achat de Cive sur pied rémunéré entre 75 et 85 €/tMS ou un achat rendu silo rémunéré entre 125 et 135 €/tMS (l’agriculteur réalise l’ensemble de la chaîne de récolte et stocke chez lui). Sur les méthaniseurs portés par des coopératives, le mode de rémunération est proche. Gregory Baczynski explique que EMC2 rémunère les Cive apportées à hauteur de 31 euros la tonne de matière brute (€/tMB) à 28 % de matière sèche, prix qui intègre un complément de 3 €/tMB maximum en fonction des résultats du méthaniseur (prime donnée chaque année à ce jour). La vente sur pied est rémunérée, elle, à 80 €/tMS.

De leur côté, les adhérents de Dijon Céréales bénéficient d’un prix minimum garanti sur 15 ans et d’un prix indexé à leurs charges opérationnelles et de structure. Laurent Druot explique que le prix est très variable en fonction des choix logistiques des agriculteurs : livraison au silo, récolte déchargée en bout de champs ou stockage sur l’exploitation. Le coût de production de la Cive est à la charge de l’exploitant à l’exception de la récolte qui est payée par le méthaniseur et réalisée par des ETA en local. « Le prix payé à l’agriculteur repose sur le prix de revente du biométhane et la performance de l’unité de méthanisation. Sécalia a signé son contrat en 2020, le prix est donc garanti jusqu’en 2035, ce qui donne une bonne visibilité au projet », estime Laurent Druot. Dans tous les projets, le digestat est donné (épandage restant à charge) ou vendu (5 €/m3 chez EMC2) à l’agriculteur apporteur de Cive à la hauteur des surfaces contractualisées.

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