Lutte contre l’érosion : un maillage entre cultures d’hiver et de printemps limite la perte de sol
Que ce soit en cultures d’hiver ou de printemps, les sols sont soumis à des phénomènes d’érosion à un moment différent de leur itinéraire cultural. Comment limiter ce risque ?
« Pour les blés implantés en octobre ou en novembre, toutes les pluies qui surviennent à la suite jusqu’en mars peuvent générer une érosion sur les sols sensibles à la battance », souligne Nicolas Coufourier, conseiller érosion et biodiversité à la chambre d’agriculture de Normandie. Un blé ne protégera le sol par son couvert qu’à partir de mars. Le colza, quant à lui, couvre bien le sol dès l’hiver. Au printemps dans un parcellaire, une céréale d’hiver ou un colza remplit son rôle d’infiltration de l’eau.
« Les parcelles ne doivent pas être démesurées car plus on les agrandit, plus on réduit la diversité en termes de cultures et on accentue le risque d’érosion », remarque Nicolas Coufourier. Les cultures de printemps sont précédées d’un couvert végétal d’interculture, efficace sur les pluies de l’automne en favorisant l’infiltration de l'eau. Mais au printemps, les sols sur ces cultures sont vulnérables après leur préparation et le semis. D’où l’intérêt d’avoir un assolement combinant cultures d’hiver et de printemps sur des blocs parcellaires dépassant les 20 hectares pour éviter les ruissellements trop intenses.
Un aménagement parcellaire pour empêcher les coulées de boues
L’aménagement parcellaire d’un territoire a été revu pour certaines communes subissant des coulées de boue récurrentes. Dans les Ardennes, la commune d’Alland’huy-et-Sausseuil a été confrontée à trois coulées de boue sur la seule année 2018, suite à des pluies intenses et brèves. Un travail d’échanges de parcelles (en jouissance et en propriété) a été réalisé avec six agriculteurs pour mieux organiser le parcellaire sur le bassin du Rutz en amont de la commune : avec un assolement concerté, des parcelles redimensionnées parallèles aux courbes de niveau pour limiter le ruissellement et une configuration des chemins pour qu’ils ne soient plus vecteurs de coulées de boue jusqu’au village.
Ces mesures ont été intégrées dans une procédure d’aménagement foncier, un ECIR (échanges et cessions amiables d’immeubles ruraux). « Plus de 2 km de bandes enherbées et 5 km de haies ont été installées dans ce cadre, informe Adrien Demauljean, de la chambre d’agriculture des Ardennes. Avec ces aménagements et l’adoption de techniques culturales simplifiées, le départ de particules fines de terre a quasiment été ramené à zéro. »