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Météo agricole
Réchauffement climatique : à quel scénario la France se prépare ?

Le ministère de la Transition écologique lance une consultation publique autour de la construction d’une trajectoire de référence pour l’adaptation au changement climatique, qu’il envisage à +4° à l’horizon 2100, avec des conséquences importantes pour l'agriculture.

Tracteur dans un champ frappé par la sécheresse
© Pixabay

« 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée sur le pays depuis le début des relevés en 1900. Sur l’ensemble de l’année, la température moyenne sur la France métropolitaine a été 3°C plus chaude qu’elle n’était du début du XXe siècle (1901-1930). […] Les années les plus chaudes sont majoritairement des années très récentes : 8 des 10 années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle sont postérieures à 2010. Le constat est clair : les effets du réchauffement climatique sont déjà à l’œuvre sur notre territoire d’où la nécessité de renforcer notre politique d’adaptation » : telle est l’introduction d’un document d’une trentaine de pages, intitulé « La trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) », publié ce jour par le ministère de de la Transition écologique.

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Face à ce constat, Christophe Béchu a annoncé dans hier Quotidien sur TMC le lancement d’une consultation publique, ouverte jusqu’à mi-septembre, afin de mobiliser les citoyens et acteurs économiques autour de la construction d’un scénario de réchauffement climatique pour la France à l’horizon 2100


Un scénario « pessimiste » à +4°C privilégié

Si le document accompagnant la consultation présente deux scénarios, l’un aligné sur l’Accord de Paris avec un réchauffement de 1,5°C au niveau mondial soit de 2°C en moyenne sur la France métropolitaine d’ici à 2100 et un plus pessimiste avec +3°C au niveau mondial et +4°C en moyenne en France métropolitaine, c’est clairement le deuxième qui semble privilégié par le gouvernement.

Une hausse qui pourrait même être pire

« Une hausse qui pourrait même être pire. On n’a pas assez réduit nos émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Christophe Bechu dans l’émission de Yann Barthès.

Infographie montrant l'impact du réchauffement climatique

Des sécheresses multipliées par quatre

Un scénario de réchauffement aux multiples conséquences climatiques, prévient le ministère de la transition écologique citant le Giec :

  • Les sécheresses seront multipliées environ par 4 par rapport à l’ère préindustrielle, alors qu’elles sont multipliées par 2 aujourd’hui
  • La réduction de l’enneigement au moins 3 fois plus importante qu’à +1,5°C
  • La fréquence des cyclones tropicaux intenses augmentera d’environ 50% par rapport à +1,5°C.
     

40 à 50 nuits tropicales par an dans le Nord de la France

De manière plus détaillée, le ministère évoque dans ce scénario jusqu’à 40 à 50 nuits tropicales par an dans la moitié Nord de la France (seules les zones de montagne et le littoral de la Manche seraient quasi épargnés) et plus de 90 nuits tropicales par an dans les zones les plus exposées, le pourtour méditerranéen notamment.

Augmentation considérable de l’évapotranspiration

Par ailleurs la moitié Sud et la façade ouest du pays connaitrons des épisodes secs de plus d’un mois l’été. « Les sécheresses agricoles et hydrologiques deviendront extrêmement préoccupantes du fait de l’augmentation considérable de l’évapotranspiration, avec des conséquences très importantes sur l’agriculture, la forêt et la biodiversité », peut-on lire dans le document du ministère de la transition écologique.
 

Pénuries d’eau et inondations plus fréquentes

Le stock de neige faiblira drastiquement au printemps dans les Pyrénées comme dans les Alpes, et les cours d’eau connaitront des niveaux très bas en été. « Les situations de pénurie d’eau se multiplieront. La quasi-totalité des glaciers français auront disparu », poursuit le document. A l’inverse une augmentation de la fréquence des inondations est à prévoir sur une large moitié nord de la France.
 

De 6,5% à 13,1% d’impact sur le PIB de la France

Les impacts économiques, en l’absence de mesures d’adaptation, pourrait conduire à la baisse du produit intérieur brut de la France entre 6,5% et 13,1%, souligne le document du ministère de la Transition écologique qui cite la société d’assurance Swiss-R. S’agissant de l’agriculture, « des pertes de récolte de 7,4% pour le blé et de 9,5% pour l’orge sont attendues en 2050 », peut-on lire.


Quelles stratégies d’adaptation ?

Une fois cette trajectoire de réchauffement de référence pour la France métropolitaine placée à +2°C en 2030, +2,7°C en 2050 et +4°C en 2010, le gouvernement propose de s’y référer « pour mettre en œuvre une stratégie d’adaptation au changement climatique ».

Des études de vulnérabilité devront d’abord être menées au niveau national et local pour identifier de manière plus précise l’étendue des conséquences à attendre en France et il s’agira ensuite de définir collectivement le niveau de protection que l’on souhaite atteindre, avance le document du ministère de la transition écologique.

Plusieurs chantiers sont ensuite envisagés comme la mise à jour des référentiels techniques, des normes et des réglementations climato-sensibles. Mais aussi au niveau local, l’accompagnement des collectivités devant s’adapter au changement climatique.

Le ministère de la Transition écologique prévoit également de lancer des études de vulnérabilité au changement climatique pour chaque secteur, dont l’agriculture afin d’élaborer des plans d’adaptation.

Ces trois chantiers devant porter une attention particulière à la préservation des écosystèmes et de la biodiversité face au dérèglement climatique.

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