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Transformation
Les fruits élaborés, entre succès en rayon et inquiétudes face à l’inflation

Confiture, compotes et autres fruits élaborés subissent eux aussi l’inflation et la flambée des coûts. Les professionnels du secteur, représentés par le groupe Fruits de la Fiac, ont fait le point le 24 mai sur le marché, les tendances, les succès et les difficultés.

Les surgelés sont eux aussi marqués une très grosse croissance (+30 % en volume), « en particulier pour les fruits difficiles à avoir en frais comme les fruits rouges ».
© Fiac

Confiture, compotes et autres fruits élaborés ont le vent en poupe. « On observe un dynamisme dans la consommation de fruits frais mais aussi transformés », confirme Bruno Cassan (président d’Andrésy Confitures), lors d’un petit déjeuner du groupe Fruits de la Fiac le 24 mai à Paris (lire encadré ci-dessous).

Le principal produit, les compotes (deux tiers des sorties usine) sont « en croissance depuis des années », à la fois en volume (+16,3 % en 2020 vs 2019) et en valeur (+18,5 %). Les conserves de fruits, dont la poire est la principale référence (jouant ainsi la carte de la conservation, au contraire du fruit frais), ont, elles, bondi de +64,6 % en valeur. Les confitures ont observé une croissance en volume (+7,9 %) mais un repli de valorisation (-1,5 %) ; et cette catégorie se caractérise par une orientation vers des produits très « qualitatifs ». Enfin, les surgelés sont marqués une très grosse croissance eux aussi (+30 % en volume), « en particulier pour les fruits difficiles à avoir en frais comme les fruits rouges ».

La raison du succès de ces produits de fruits élaborés, en particulier les surgelés ? « Les confinements et la mode du fait-maison, estime Bruno Cassan. Ce sont des produits que les consommateurs connaissent, de grande consommation, ils peuvent se les approprier facilement, et depuis des années nous en avons amélioré la praticité d’usage. »

Roger Descours (président du groupe éponyme et président du groupe Fruits de la Fiac) estime même : « En surgelé, je pense qu’on verra dans 7-8 ans en fruits ce qu’on a vu dans les légumes il y a quelques années : un réel succès avec un vrai développement du rayon, du fait de leurs atouts : nutritionnels avec la conservation des vitamines, un contrôle sanitaire très strict notamment en ce qui concernent les produits phytos et la traçabilité/sécurité sanitaire. Le prix aussi joue en leur faveur. Quand on voit une barquette de fruits rouges à 2,5 € les 125 g soit autour de 20-22 €/kg à comparer à un prix de 9,8 à 11 €/kg en surgelé… »

 

Le groupe Fruits de la Fiac (Fédération française des Industries d’Aliments Conservés) rassemble 43 TPE, PME spécialisées et ETI leaders du marché, qui fabriquent en France compotes, fruits en conserves, confitures et produits alimentaires intermédiaires à base de fruits destinés à d’autres industries (produits laitiers et glaces, boulangerie, biscuiterie...) et implantées au plus près des zones nationales de production de fruits (49 unités de transformation sur le territoire national). Ces entreprises représentent plus de 6 000 emplois directs et, en 2020, ont fabriqué 444 414 t de compotes, 162 848 t de confiture, 71 117 t de conserves de fruits et 35 000 t de surgelés.

 

Vers un tassement de la consommation ?

Malgré ce succès en consommation, le secteur éprouve de nombreuses difficultés, à l’instar de nombreuses autres filières. Les volumes vendus étaient certes en hausse en 2020, tirés par l’effet confinement, mais le secteur s’attend à un fort ralentissement (les chiffres 2021 consolidés ne sont pas encore disponibles. Le fait-maison commence à lasser les Français. « Même si le télétravail, qui permet donc une consommation au domicile favorable à nos produits, laisse une part active à la consommation, on sent un tassement après un dynamisme jusqu’à janvier-février. C’est aussi lié aux inquiétudes des Français quant à leur pouvoir d’achat et l’inflation », avertit Stéphane Lehoux (président-directeur général de St-Mamet).

En parallèle, à l’instar de nombreuses autres filières, les fruits élaborés subissent de plein fouet la flambée des coûts. Les professionnels du groupe Fruits de la Fiac estiment la part de la matière première agricole entre 33 et 40 % du coût du produit. Mais derrière il faut y ajouter la main d’œuvre, l’énergie de transformation, les emballages…

« Pour la première fois depuis 5 ans, nous avons réussi à faire passer dans les négociations annuelles une hausse de 2 à 5,3 %, en brut, témoigne Stéphane Lehoux.  Une quote-part des matières premières agricoles a été prise en compte par la distribution (Egalim 2) mais celle-ci n’est possible que s’il existe des indices de cours. Comment je fais, moi qui travaille en temps long et sur des vergers dédiés ? Et quid du surcoût de l’énergie et des emballages qui ne sont pas comptabilisés dans les critères de renégociation ? Les premières estimations de prix pour les négociations sont données trois mois à l’avance, soit au 1er novembre 2021, et depuis les coûts ont continué d’exploser ».

Alors, vers de nouvelles renégociations ? Bruno Cassan estime la hausse de prix nécessaire. « Selon les entreprises, les produits et les technologies, il n’y a pas les mêmes besoins. Sur les énergies strictement, il va falloir aller chercher des hausses supplémentaires de 4 à 8 % et encore, c’est à date, on ne sait pas encore ce qu’il va se passer dans les mois à venir. Rien qu’au niveau agricole, on a encore enchaîné des épisodes de gel et là la sécheresse. »

 

« Pas qu’une question de d’argent » : la difficile équation de la disponibilité des matières premières

« Et ce n’est pas qu’une question d’argent, avertit souligne Anne-Laure Jardin (directrice Marketing de Charles & Alice. Même si la demande en consommation est là, il faut que nous industriels puissions fournir ! Il nous faut des fruits, il nous faut des matières d’emballages ».

Hausse des coûts de +52 % pour les boîtes métalliques, +28 % pour le carton… Mais au prix s’ajoute les difficultés d’approvisionnement. « L’essor du e-commerce (+48 %) et le remplacement dans les rayons fruits et légumes de la GMS du plastique recyclable par du carton ont fait bondir la demande pour ce matériau », analyse Bruno Cassan.

Et Roger Descours de confirmer : « Il n’y a plus de stocks de griottes, quasi plus en fraise, la framboise n’en parlons pas, ou alors à des prix prohibitifs… »

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