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Bien-être animal
Les chèvres ne manquent pas d’aire… d’exercice

Lors du comité technique du RexCap (Réseau d’excellence caprine de Nouvelle Aquitaine), les membres du cluster ont parlé bien-être animal et de l’accès à l’extérieur pour les animaux.

Avec trois comités techniques par an depuis 2010, le cluster RexCap a déjà abordé une multitude de sujets qui façonnent le quotidien des éleveurs et des acteurs de la filière. « RexCap a pour vocation de réunir sous une même bannière les acteurs de la recherche et du développement en filière caprine, ainsi que les représentants des territoires, explique Frantz Jénot, animateur du réseau. Cela permet de vraiment structurer les actions au niveau de la région et de partager aussi bien les expériences que les financements. »

Une aire de sortie pour l’image de l’élevage et le bien-être des animaux

Le thème du jour : le bien-être animal. De nombreux projets nationaux ou régionaux fleurissent sous l’impulsion des laiteries, des éleveurs ou des consommateurs. La filière a lancé avec l’Anses le projet Goatwell qui permet d’évaluer le bien-être de la chèvre adulte et de la chevrette en élevage. En Nouvelle Aquitaine, les vétérinaires du réseau Cristal ont rédigé une grille d’autoévaluation pour l’éleveur qui pourra juger des conditions de vie de tous ses animaux (chevreaux et chevrettes compris). « Le Brilac (interprofession caprine régionale, ndlr) a une responsabilité au niveau national car nous sommes la première région productrice, souligne Vincent Decoux, président du cluster RexCap. Notre région est pilote dans beaucoup de domaines de recherche et développement, car si même nous ne le faisons pas, qui le fera ? » Pour les élus représentants des éleveurs, les attentes sociétales sur le bien-être animal sont compréhensibles. « Nous sommes nous-mêmes des consommateurs, ne l’oublions pas ! »

Être force de proposition sur le bien-être animal

D’ailleurs, au niveau national, l’Anicap a choisi la même ligne de conduite, à savoir « être force de proposition et moteur sur le bien-être animal », explique Mélissa Brocart de l’interprofession caprine. L’Anicap a donc entamé des discussions avec les ONG welfaristes (militantes du bien-être animal) avec comme thématique prioritaire l’accès ou non à l’extérieur pour les chèvres. « Il y a quatre ans, nous avons entamé des échanges avec les ONG sur le pâturage, rappelle Mickaël Lamy, vice-président de l’interprofession nationale. Cela a été productif, les ONG ont mieux compris pourquoi il y avait peu de pâturages en caprin. La filière ne se positionnera pas sur une obligation de pâturage car cela n’est ni toujours possible, ni toujours garant du bien-être animal », en faisant référence aux problèmes de parasitisme. Et Jean-Yves Rousselot, président du Saperfel, le contrôle laitier des Deux-Sèvres : « le monde agricole est le secteur qui s’adapte le plus vite et le plus souvent. Les demandes sociétales faites aux agriculteurs sont néanmoins fréquemment contradictoires… » Après concertation, l’interprofession et les ONG recommandent aux nouveaux installés de prévoir un accès extérieur des bâtiments pour les chèvres laitières. Ainsi, l’Anicap a entrepris, avec le concours de l’Institut de l’élevage, de recueillir les expériences d’éleveurs travaillant avec des aires d’exercices.

« C’est un plaisir de les voir dehors »

Les vingt-deux exploitations interrogées ont des profils différents, avec des cheptels allant de 90 à 1 800 chèvres. Les motivations des éleveurs sont hétérogènes. Certains évoquent l’aspect éthique ou le bien-être animal. D’autres plus pragmatiques le font pour des questions d’image. Quoi qu’il en soit, des bénéfices sont observés au sein du troupeau : l’aire extérieure permet de déconcentrer le bâtiment ce qui a des répercussions positives sur le comportement comme sur la santé des chèvres. Marie Lecarme, en charge du projet pour l’Institut de l’élevage, cite les retours d’expériences des éleveurs enquêtés : « les chèvres sont plus athlétiques, moins grasses et ont un poil plus brillant. Elles ont de meilleurs onglons et aplombs ». Certains éleveurs ont vu diminuer les pathologies respiratoires et les toxémies de gestation. Avec un plus grand espace de fuite, la concurrence et le stress des animaux est moins important d’après les observations des éleveurs. « Les chevrettes sont moins peureuses devant les nouveautés et les bruits extérieurs. Elles peuvent choisir leur lieu de vie », relate encore Marie Lecarme.

Des aires d’extérieur pour toutes les configurations d’exploitation

L’aire d’exercice peut se présenter sous forme d’aire bétonnée, couverte ou non. Ces solutions sont les plus onéreuses. Dans le cas d’une aire couverte, l’étanchéité du toit facilite la gestion des effluents. Il est essentiel de dimensionner son installation pour permettre les manœuvres du tracteur durant les opérations de curage. Il est également conseillé d’installer des barrières en métal galvanisé pour que l’aire soit durable. Pour les exemples observés, la surface allouée par chèvre était d’environ 1 m². Concernant les aires bétonnées non couvertes, l’absence de toiture oblige l’installation de cuves de récupération des effluents et eaux brunes. Les éleveurs enquêtés conseillent un raclage de l’aire tous les quinze jours. Il faut également réfléchir à l’orientation de l’espace extérieur. Accoler celle-ci au versant est du bâtiment permet d’apporter de l’ombre l’après-midi. Les éleveurs interrogés disposaient de surface allant de 0,5 à 4 m² par chèvre. L’aire enherbée est la solution la moins coûteuse à la mise en place. La surface est alors fortement conditionnée par les disponibilités en termes de prairies et leur capacité à résister au piétinement. D’après les éleveurs, l’idéal sans contrainte de terrain, serait d’allouer 25 m² par chèvre et de subdiviser la parcelle pour laisser le temps au couvert de se régénérer. Dans la pratique, une grande disparité de surface est observée. La moitié des parcs enherbés offrent entre 14 et 26 m² par chèvre. Disposer d’aires enherbées ombragées et peu humides est un plus. Il est également possible d’apporter des enrichissements à la parcelle (rochers, pentes) pour permettre aux chèvres d’exprimer leur comportement naturel. Cependant, le piétinement rend parfois difficile le maintien du couvert herbacé et il faut du temps pour entretenir les clôtures potentiellement abîmées par les chèvres et la faune sauvage. L’aire peut aussi devenir impraticable pendant ou après des épisodes pluvieux et entraîner des problèmes sanitaires et un risque de parasitisme gastro-intestinal.

Retrouvez le document de synthèse et l’étude de 10 pages en libre accès sur anicap.org/actualites/en-savoir-plus-sur-les-aires-d-exercice

Isabelle Genevier et Richard Bransol, éleveurs de 150 chèvres dans l’Indre

« Pas de travail supplémentaire et une bonne image »

« Lorsque j’ai repris la ferme, il y avait une aire d’exercice en prairie naturelle d’un hectare et demi collée à la chèvrerie. Les chèvres y ont accès toute la journée et la nuit en été. La parcelle est dépourvue d’ombre, elles restent donc dans le bâtiment pendant les heures les plus chaudes. Nous avons enrichi la parcelle avec un tronc d’arbre et elles passent leur temps dessus ! Je ne veux pas implanter d’arbre pour éviter le surpâturage et les risques de parasitisme qui pourraient apparaître dessous. Elles produisent un peu moins de lait lorsqu’elles font de l’exercice. On observe notament une baisse de production lors de la première sortie de l’année. Cependant, l’aire d’exercice est un atout pour nous : l’image de la ferme n’en est que meilleure, les chèvres ne sont pas du tout peureuses et cela n’occasionne pas de travail supplémentaire. »

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