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Les autorités françaises resserrent les mailles du filet pour freiner l’expansion des virus H5N8

Une nouvelle instruction technique en date du 15 décembre reprécise quelles sont les mesures à prendre en cas de suspicion d’influenza aviaire. Elle introduit une « zone de contrôle temporaire » et durcit la gestion des lots séropositifs-vironégatifs.

Pour gagner la course contre les virus H5N8, il faut vider les zones à risques tout en sécurisant les mouvements des volailles.
Pour gagner la course contre les virus H5N8, il faut vider les zones à risques tout en sécurisant les mouvements des volailles.
© P. Le Douarin

Les vingt-sept foyers d’influenza à H5N8 déclarés le 16 décembre à 19 h dans le sud-ouest semblent tous dériver d’une contamination primaire de canards prêts à gaver par de l’avifaune sauvage qui s’est produite dans le Tarn. Des canards porteurs transportés dans trois départements ont secondairement infecté d’autres élevages par l’intermédiaire de moyens de transport ou par leur proximité géographique.

Avec plusieurs foyers déclarés ces derniers jours, une course contre la montre est engagée pour éviter de disséminer des virus H5N8. Pour circonscrire l’extension du virus en « tache d’huile » à partir des foyers secondaires et tertiaires, le ministère de l’agriculture adopte des mesures qui devraient améliorer l’efficacité de la lutte contre des virus H5N8 extrêmement contagieux et agressifs.

 

Trois éléments peuvent être retenus dans cette instruction de 36 pages :

. Une « zone de contrôle temporaire » est définie sur un rayon minimum de 5 km autour d’un élevage, dès qu’une suspicion forte aura été décelée (symptômes cliniques, mortalité, gène H5 détecté, liens forts avec un foyer).

Les dispositions suivantes sont appliquées dans cette zone : enquête épidémiologique dans l’exploitation, mesures de biosécurité notamment la décontamination des véhicules en lien avec l’exploitation suspecte, recensement de tous les détenteurs d’oiseaux et interdictions de mouvements des oiseaux détenus dans la zone, claustration des oiseaux (sauf dérogation), limitation des mouvements de personnel vers ou des exploitations avicoles, pas de sortie de matériel biologique pouvant être contaminé (œufs, animal mort ou vif, effluents), rassemblements d’oiseaux interdits, appelants pour la chasse interdits.

 

. Les exploitations ayant été contaminées en virus H5 ou H7 (sérologie positive) mais pour lesquelles le virus n’a pas été retrouvé (virologie PCR négative) peuvent être soumises à un arrêté préfectoral de mise sous surveillance (arrêté du 5 décembre 20016).

Elles devront respecter les prescriptions suivantes :

-       Privilégier l’abattage préventif (donnant lieu à une indemnisation) des oiseaux positifs restant plus d’une semaine en élevage, surtout ceux en plein air ;

-       En cas de non abattage : pas de mouvement de ces oiseaux en dehors de l’exploitation (mais gavage possible sur place), biosécurité renforcée, dépistage virologique ultérieur s’il s’agit de reproducteurs.

Par ailleurs, la décontamination du site est renforcée après le départ des oiseaux, les autres animaux sont contrôlés (sérologie et virologie) et une enquête est réalisée.

 

. La note technique insiste particulièrement sur la maitrise des mouvements de véhicules et de personnes dans les zones à risques.

Le principe de base est de limiter les mouvements d’oiseaux dans les zones à risque, tout en permettant les transits via les grands axes routiers ou ferroviaires.

En zone de protection (ZP-rayon de 1 km autour d’un foyer) et de surveillance (ZS-jusqu’à 10 km) les mises en place et les sorties d’oiseaux sont interdites mais des dérogations peuvent être accordées après demande d’autorisation.

En pratiquant des abattages sous contrôles, elles permettront de « désengorger » les zones à risque de leur population d’oiseaux d’élevage.

 

Ces dérogations varient selon la zone, l’espèce et les types d’animaux :

-Gallinacés en zone de protection : l’abattage est possible sous conditions (contrôle virologique, visite vétérinaire…) dans un abattoir dédié, en renforçant la biosécurité ;

Gallinacés en zone de surveillance : mêmes conditions mais contrôle virologique en moins ;

 

-Palmipèdes en ZP ou ZS «non stabilisée» (ayant une suspicion en cours ou eu un abattage de foyer de moins de 8 jours) et ne comprenant pas d’abattoir : interdiction de mouvement, mais euthanasie possible ;

Palmipèdes en ZP ou ZS «non stabilisée» ayant un abattoir : abattage possible sous conditions (identiques aux gallinacés en ZP) ;

Palmipèdes en ZP ou ZS «stabilisée» : abattage possible sous conditions (identiques aux gallinacés en ZP) ;

 

-Palmipèdes prêts à gaver en ZP ou ZS non stabilisée et sans abattoir : aucun mouvement et aucun gavage ;

Palmipèdes prêts à gaver en ZP stabilisée ou non stabilisée avec abattoir : gavage autorisé sans changer de zone, avec contrôle virologique et visite vétérinaire avant départ à l’abattoir ;

Palmipèdes prêts à gaver en ZS stabilisée ou non stabilisée avec abattoir : gavage autorisé sans changer de zone, avec autorisation DDPP, contrôle virologique et visite vétérinaire ;

 

-Volailles prêtes à pondre : sortie moyennant une autorisation individuelle, une visite sanitaire, un contrôle sérologique et virologique (palmipèdes), mise sous surveillance du destinataire ;

-Poussins de un jour : sortie possible, moyennant accord des DDPP de départ et de destination ;

 

-Œufs à couver : sortie moyennant accord des DDPP de départ et de destination, désinfection, et conditions particulières si couvoir destinataire.

 

 

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