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Le sursemis sur prairie naturelle est une technique exigeante

Le sursemis de graminées et légumineuses sur une prairie naturelle donne un résultat incertain à cause de la météo en premier lieu. Mais plusieurs facteurs peuvent favoriser la réussite de cette technique.

Début septembre, la prairie permanente est « endormie » et peu concurrentielle mais les jours raccourcis. Au printemps, il faut que le sursemis ait le temps de s’installer avant le décollage de la pousse de la prairie.
Début septembre, la prairie permanente est « endormie » et peu concurrentielle mais les jours raccourcis. Au printemps, il faut que le sursemis ait le temps de s’installer avant le décollage de la pousse de la prairie.
© Fourrages Mieux-D.Knoden

« Le sursemis revient à installer une prairie temporaire dans une prairie naturelle », résumait Damien Godfroy de la chambre d’agriculture des Vosges, lors d’un webinaire organisé par l’Institut de l’élevage en septembre dans le cadre du projet Autoprot. Sa réussite est toujours incertaine, mais pour lui donner les meilleures chances, il faut qu’au moment du sursemis, la prairie en place soit peu concurrentielle, et que l’accès des semences puis des jeunes plantes aux nutriments, à la lumière et à l’eau soient favorisés.

« Il faut déjà que les graines puissent être en contact avec le sol, et pour ceci intervenir sur une végétation rase, de moins de quatre centimètres de hauteur. La première action est de passer un outil qui va retirer les mousses, gratter le feutrage et si besoin mettre à nu le sol, sur au moins 10 % de la surface », expliquait aussi Didier Deleau d’Arvalis Institut du végétal lors d’une conférence au Sommet de l’élevage.

La météo après la date d’intervention est le principal facteur de réussite du sursemis. Il s’agit que les plantules se développent suffisamment avant les premières gelées ou la première période de sécheresse (stade quatre ou cinq feuilles pour les graminées, trois feuilles trifoliées pour les légumineuses), mais reçoivent suffisamment de pluie pour lever (entre 10 et 30 mm sur les dix à quinze jours encadrant le semis).

Début septembre, la croissance des prairies permanentes est ralentie et peu concurrentielle mais les jours raccourcissent. « Au printemps, il faut que le sursemis ait le temps de s’installer avant le décollage de la pousse de la prairie en place car sinon à partir de ce moment-là, les jeunes pousses n’arrivent plus à s’installer », constate Damien Godfroy.

Un équilibre entre pérennité et agressivité

On privilégie pour le sursemis les espèces très agressives comme, pour les graminées, le RGI et le RGH, voire le brome, et pour les légumineuses comme le trèfle violet. On peut aussi choisir au sein de ces espèces des variétés agressives. « Mais les plus agressives sont peu pérennes. Celles-ci durent deux à trois ans. Donc nous conseillons d’y associer d’autres espèces moins agressives de type RGA, et également fétuque et/ou dactyle qui pourront prendre le relais et sont plus adaptées au changement climatique. » La dose doit être élevée : entre 50 et 100 % de la dose d’un semis normal de prairie selon le niveau de dégradation de la prairie.

« Pour le matériel, tout est possible en intervenant sur une terre la plus fine possible grâce à un passage de herse étrille ou de herse de prairie, estime Damien Godfroy. On peut semer à la volée mais je le déconseille car on ne contrôle pas l’endroit où les graines sont placées. Un semoir de semis direct avec un interrang de 15 à 20 centimètres donne de bons résultats en croisant les passages pour bien répartir les graines sur la surface. Il existe ensuite des semoirs plus spécifiques avec un écartement de 7 centimètres entre les rangs qui sont combinés à une herse ou un rabot à l’avant et à un rouleau à l’arrière. Ils sont plus coûteux. »

Comme pour un semis classique de prairie, les graines sont à déposer dans le premier centimètre de terre, et il est important de bien rappuyer le sol. Ceci avec un passage de rouleau – ou avec un passage court d’animaux avec un fort chargement, qui font l’action de rappuyage avec leurs sabots.

Une exploitation accélérée l’année suivant le sursemis

« Un autre facteur important de réussite est la conduite de la prairie l’année suivante », insiste Damien Godfroy. Pour ralentir la prairie en place et donner un maximum de lumière aux jeunes plantes du sursemis, il ne faut pas apporter d’azote (ou réduire beaucoup l’apport). Par contre, un apport de P et K, voire un chaulage si besoin, est à réaliser. Augmenter la fréquence d’exploitation de la parcelle est utile. Un premier pâturage peut être opéré trois à quatre semaines après le sursemis. Au printemps suivant, il faut privilégier un pâturage tournant avec un retour tous les 20 à 25 jours en évitant le surpâturage, ou bien on peut faire une fauche précoce ou réaliser un déprimage dans le cas d’une fauche tardive.

Une technique qui permet d’éviter un retournement

« Le sursemis permet de rallonger la durée de vie des prairies à un coût deux fois plus faible que celui d’une rénovation complète avec labour. Et il permet d’améliorer une prairie difficilement labourable à cause du taux d’argiles, de cailloux… », a expliqué Didier Deleau d’Arvalis Institut du végétal lors d’une conférence au Sommet de l’élevage.

« L’intérêt est aussi en évitant le retournement des prairies de limiter les pertes d’azote nitrique, de réduire la période non productive de la prairie, et de conserver la portance. »

 

 

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