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Alexandre Prot, producteur de pommes et poires dans l'Oise : « Le label Vergers écoresponsables est exigé par certaines enseignes »

Dans les vergers de Sennevières, Alexandre Prot accueille régulièrement du grand public pour expliquer son métier et la démarche Vergers écoresponsables. Un label qu’il a découvert à travers les demandes de ses clients.

Alexandre Prot  possède une quarantaine de ruches qui restent toute l'année sur son exploitation. Elles assurent la pollinisation et produisent 500 kg de miel par an. © ANPP
Alexandre Prot possède une quarantaine de ruches qui restent toute l'année sur son exploitation. Elles assurent la pollinisation et produisent 500 kg de miel par an.
© ANPP

L'engagement dans la démarche Vergers écoresponsables d'Alexandre Prot, producteur de pommes et poires dans l’Oise sur 90 ha, s'est imposé en premier lieu pour ses clients. « Nous sommes indépendants de « a à z », de la plantation à la livraison, précise l’arboriculteur. Pour la commercialisation je travaille en local. Tous nos clients sont à moins de 150 km de chez nous et parmi eux, il y a le Min de Rungis et des plateformes de la grande distribution. » Une démarche locale déjà engagée par son père mais qu’il a renforcée dès son installation il y a six ans. La demande de pommes labellisées Vergers écoresponsables est venue de clients de la grande distribution et de la restauration hors domicile. « Maintenant certaines enseignes l’exigent, tellement le label est plébiscité par les consommateurs, constate-t-il. Le cahier des charges sécurise les clients et les consommateurs. » Alexandre Prot vend aussi 10 % de ses volumes en magasin de producteur : le marché de Sennevières. « Dès le premier mois où on a adhéré à la démarche, des clients sont venus dans le magasin car ils avaient entendu parler des Vergers écoresponsables et cherchaient des produits. » Son adhésion a donc permis de lui ouvrir de nouveaux marchés et de développer des ventes chez certains clients. « En couplant le label Vergers écoresponsables et la mise en avant d’une production locale, nous arrivons à avoir une plus-value économique. Car les deux critères sont bien marquetés. Mais notre rôle en tant que producteur reste de nourrir à un prix acceptable le plus grand nombre de personnes. »

Des évènements grand public tous les mois

« Lorsque je me suis installé, nous étions en plein dans les débuts de l’agrisbashing et je voulais donner une image positive de l’agriculture, insiste le jeune entrepreneur. A une échelle locale, nos voisins dans le village, nos salariés dans l’entreprise, nous y arrivons. Mais pour toucher des gens plus éloignés, j’avais besoin qu’on m’aide en m’appuyant sur une démarche ». Pour parler de son métier, Alexandre Prot a pris le parti d’ouvrir son exploitation au grand public. « Historiquement, nous faisions la fête de la pomme en septembre, nous le couplons maintenant avec les vergers ouverts, détaille le passionné trentenaire. En journée, on explique ce que l’on fait avec des visites des vergers et de la station et le soir il y a un concert et une restauration. Même cette année, ça a très bien fonctionné. » La ferme organise aussi des balades pédagogiques, des chasses au trésor, des ateliers de fabrication de nichoirs, des balades à poney, des marchés gourmands, des fêtes médiévales, relayées sur leur page Facebook… un évènement est proposé par mois. Une personne a même été embauchée sur cette partie évènementielle. Et le succès est au rendez-vous avec des visiteurs qui viennent de loin, parfois de Paris. « Depuis cette année, je note que beaucoup de visiteurs sont très intéressés. Ils sont curieux, posent des questions ouvertes, ni naïves ni agressives, se réjouit le producteur. Ils veulent connaître l’envers du décor. Il semble que beaucoup de gens comprennent qu’ils ne peuvent pas tout gober des médias et qu’il est nécessaire qu’ils se fassent une idée par eux-mêmes. Ça fait très plaisir. »

Un suivi technique pour être challenger

Techniquement, l’entrée dans la démarche a surtout boosté le producteur sur les pratiques environnementales. « Nous étions pourtant déjà précurseurs sur certains aménagements », note-t-il. Le nombre de haies, nichoirs, et perchoirs a été renforcé. Deux kilomètres de haies ont été plantés rien qu'en 2019. « Nous avons allégé nos pratiques phytosanitaires grâce aux stations météo connectées. En insecticide, nous sommes passés à une confusion multi-tordeuse (carpocapse, Capua, Eulia, TOP) et donc le seul qui reste, c’est un anti-puceron. » Le producteur est suivi techniquement par un conseiller, comme l’exige le cahier des charges du label. Il le challenge pour baisser les IFT (Indice de fréquence de traitement) et le pousse parfois à prendre des risques. « L’année dernière par exemple, nous avons eu une attaque de pucerons sur une jeune haie, ce qui a permis aux insectes auxiliaires de s’installer. Ils ont pu réguler les populations de pucerons dans le verger, constate Alexandre Prot. L’objectif est de limiter les interventions de l’homme pour retrouver un équilibre. » Toutes ces évolutions ont été faites avec le soutien des Vergers écoresponsables, notamment grâce aux échanges techniques entre producteurs. L’arboriculteur s’est aussi lancé dans l’apiculture. Près de 500 kg de miel sont produits chaque année par une quarantaine de ruches installées en permanence dans les vergers. L’ensemble de ces évolutions de pratiques lui a permis d’être labellisé HVE 3 et une conversion en bio est en cours sur 1,4 ha, là aussi à la demande de ses clients.

A lire aussi : Jean-Daniel Rigaud, arboriculteur dans le Gard : « Dans un collectif, on se sent plus fort »

 

Fédérer les équipes autour de valeurs

Au sein de l’entreprise les Vergers de Sennevières, la quarantaine d’employés ont été sensibilisés et formés aux engagements du label Vergers écoresponsables. « Cela permet de créer une cohésion dans les équipes, tant en verger qu’en station. Ils voient tout de suite les effets du changement de pratiques, explique Alexandre Prot. Par exemple depuis que l’on fauche moins, ils notent l’apparition des insectes auxiliaires. Même chose depuis que l’on a diminué les traitements phytosanitaires grâce au piégeage et à la station météo, ils remarquent l’augmentation de biodiversité. »

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