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Le changement climatique en pratique pour les éleveurs du Massif Central

Pour le Massif central, le programme AP3C fait une présentation détaillée des perspectives d’évolution du climat à échéance 2050. À partir de ces données, des pistes commencent à se dessiner pour savoir comment faire évoluer les systèmes fourragers.

Quelles seront, à échéance 2050, les conséquences du changement climatique en cours sur les systèmes fourragers des exploitations du Massif central et quelles sont les possibilités d’adaptation ? Répondre à cette question est la principale mission dévolue au programme Adaptation des pratiques culturales au changement climatique (AP3C).

Olivier Tourand, éleveur et élu référent AP3C. "On ne connait pas les solutions de demain mais nous devons être proactifs pour essayer de s'adapter au mieux."

Grâce à une analyse pointue des évolutions à venir du climat, il s’agit d’en mesurer l’impact pour proposer des stratégies d’adaptation (agronomiques, conduite d’élevage…) aux éleveurs.

Année après année, ces évolutions sont de plus en plus clairement perceptibles. Sans être un climatologue averti, les effets des épisodes de températures durablement élevées associés à une pluviométrie perturbée sont de plus en plus visibles sur les cultures et prairies mais également dans les forêts.

« On ne peut pas dire 'on ne sait pas', ou 'on ne savait pas' », soulignait Olivier Tourand, éleveur allaitant dans la Creuse et élu référent du programme AP3C lors d’un colloque visant à faire un état des lieux des travaux réalisés. « Et dans ce contexte, le pire serait de ne pas chercher à adapter nos systèmes d’exploitation ! »

Adapter les systèmes de production

Les grandes évolutions en cours et à venir ont été rappelées par Vincent Caillez, climatologue à la chambre d’agriculture de la Creuse et référent climat d’AP3C. À partir des données météo collectées entre 1980 et 2015 dans un nombre conséquent de stations, ce dernier a effectué des projections jusqu’à l’échéance 2050. Des hypothèses valables à condition que l’effet des émissions de gaz à effet de serre ne soit pas plus défavorable que ce qu’elles ne l’ont été jusqu’à présent.

Or d’après le dernier rapport du Giec paru en août 2021, les niveaux d’émission de gaz à effet de serre sont loin de s’infléchir. Elles progressent même à un rythme accru comparativement à ce qui avait été observé ces quarante dernières années. « Tous nos résultats ont été produits dans l’hypothèse, hélas très modérée et conservatrice, de non-accélération de l’évolution climatique en cours depuis 1980 », soulignait donc Vincent Caillez.

Vincent Caillez, climatologue à la chambre d'agriculture de la Creuse. "Côté pluviométrie, il y aura globalement un maintien du cumul annuel mais une modification dans la distribution avec un cumul en baisse au printemps et en hausse à l'automne."

Son travail de prospective très complet et détaillé peut être visualisé sur les nombreuses cartes disponibles en libre accès sur le site du Sidam (1), lesquelles décrivent mieux que de longs discours les évolutions anxiogènes auxquelles il faut s’attendre à l’horizon 2050. Ce travail a été réalisé pour les températures minimales et maximales, pour le niveau des précipitations ainsi que pour l’évapotranspiration potentielle (ETP).

Températures en hausse

Sur le volet des températures, précisons simplement que sur les 11 départements pris en compte, l’évolution moyenne annuelle entre 2000 et 2050 est peu contrastée (entre + 1,75 °C et + 2 °C).

Le réchauffement serait d’autant plus sensible en période hivernale et au printemps avec une augmentation de la variabilité interannuelle. Il sera impacté par l’orientation des versants avec également un « effet vallée » selon que ces dernières sont plus ou moins encaissées. Les vallées orientées nord/sud tendront à se réchauffer plus rapidement. Cette chaleur accrue se traduira par une nette progression de l’ETP en particulier au printemps et en été.

Précipitations plus irrégulières

Côté précipitations, le cumul annuel laisse apparaître assez peu d’évolutions. A échéance 2050, il est proche des niveaux enregistrés il y a 20 ans avec une légère progression (+ 20 à 50 mm/an) sur toute la bordure est et nord du Massif, sur un croissant allant de la Lozère à la Haute-Vienne en passant par la Loire et l’Allier avec en revanche un déficit qui se creuse sur toute la partie ouest et sud-ouest (bassin de Brive-la-Gaillarde, Lot et une partie de l’Aveyron).

Si le cumul annuel était à quelque chose près maintenu, il faut s’attendre à des variations accrues pour la répartition et la fréquence de ces précipitations. « Les excès pouvant être encore plus excessifs et les déficits encore plus déficitaires. »

La tendance est à une accentuation des épisodes cévenols tant par leur intensité que pour la zone géographique concernée. Ils ne se cantonneraient plus aux seules Cévennes à proprement parler mais pourront concerner toute la bordure sud et est du Massif central.

Préconisations agronomiques

À partir de ce travail, des simulations et préconisations agronomiques ont été établies. Un travail synthétisé pour chacun des 11 départements dans un petit fascicule lui aussi téléchargeable en libre accès sur le site d’AP3C. Autant d’informations particulièrement intéressantes même pour des agriculteurs dont les élevages sont situés dans les zones périphériques au Massif central.

Par exemple pour la station de Lurcy-Lévis (206 m d’altitude) dans le nord-ouest de l’Allier, le document fait état d’un démarrage de la végétation de plus en plus précoce. Pour cette station, la date moyenne de réalisation des ensilages d’herbe qui était au 11 mai en 1980 est déjà passée au 1er mai en 2015. Elle serait autour du 22 avril en 2050.

De même, alors qu’il n’y avait que trois journées à plus de 32 °C en 1980, ce nombre serait plus proche de 26 en 2050. Ces journées de canicule pourront avoir lieu dès juin avec de ce fait un allongement de la période d’arrêt de la pousse de l’herbe donc un affouragement estival plus précoce, davantage de risques d’échaudage pour les céréales et des maïs ensilés de plus en plus tôt dans l’été.

À l’automne, les fortes gelées seraient de plus en plus tardives (début décembre contre fin novembre) avec une pousse de l’herbe maintenue potentiellement plus longtemps à l’automne si la portance des sols le permet avec des conditions globalement plus favorables à un renouvellement plus tardif des prairies en cours d’automne.

 

 

En bref

Le programme AP3C

AP3C - pour Adaptation des pratiques culturales au changement climatique - est en cours depuis 2015 avec pour objectif d’obtenir des informations localisées permettant une analyse fine des impacts du changement climatique. Il est mené en collaboration avec les chambres d’agriculture des onze départements engagés (03-12-15-19-23-42-43-46-63-48-87) et en partenariat avec l’Institut de l’élevage.

 

 
Rédaction Réussir

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