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Un espace de contention et d’isolement des animaux prévu dès le départ pour intervenir seul

Au Gaec Pontménard, dans le Morbihan, les associés ont réfléchi aux moyens de contention et d’isolement des animaux dès la conception de leur nouvelle stabulation. Un espace bien équipé a été créé pour les interventions.

« Quand nous avons créé un nouveau bâtiment en 2016, pour passer de 50 à 150 vaches, nous avons réfléchi aux moyens de contention et de manipulation avec notre technicien bâtiment », expliquent Emmanuel et Janick Menier, qui ont aussi visité plusieurs fermes. « Nous ne voulions plus courir après les vaches pour les bloquer. Et comme nous n’étions alors que deux et que nous prenons des week-ends entiers, nous voulions pouvoir intervenir seuls sans danger. Cela passe par l’anticipation, l’organisation des bâtiments et des solutions de contention. » Les bâtiments existants ne permettant pas l’agrandissement, le Gaec a choisi de construire une nouvelle stabulation et un nouveau bloc de traite. « Nous voulions un bâtiment facile à vivre pour nous et pour les vaches, insistent les deux frères. Nous souhaitions aussi, pour le confort des animaux, rester en aire paillée ou, comme aujourd’hui, en litière compostée. » Pour le bien-être de leurs animaux, les éleveurs ont également souhaité aménager un paddock de promenade de sept hectares. « Quand les vaches ne sont pas stressées, les manipulations sont plus faciles », justifient-ils.

Un espace de contention en sortie de salle de traite

Au total, 25 000 à 30 000 euros ont été investis dans l’espace contention de 25 mètres de long sur 5 mètres de large, pour le tubulaire, la cage de parage, une charpente d’occasion...
Au total, 25 000 à 30 000 euros ont été investis dans l’espace contention de 25 mètres de long sur 5 mètres de large, pour le tubulaire, la cage de parage, une charpente d’occasion... © V. Bargain
Le choix a été fait de créer un espace de contention-isolement de 125 m² entre la stabulation et la salle de traite. Les vaches sont triées en sortie de salle de traite grâce à une porte de tri déclenchée par le trayeur. Un pont-levis sur la fosse permet aux vaches des deux côtés de sortir par un seul couloir et de passer par la porte. « De la fosse, le trayeur voit la porte et peut vérifier que la vache est bien triée », souligne Emmanuel. L’espace contention, au sol en béton rainuré, avec tapis sur certaines parties, comporte d’abord une cage de parage manuelle.

 

La cage de parage est entièrement manuelle. Elle permet de bloquer la tête de la vache et d’intervenir sur les pattes avant et arrière après lavage à grande eau.
La cage de parage est entièrement manuelle. Elle permet de bloquer la tête de la vache et d’intervenir sur les pattes avant et arrière après lavage à grande eau. © V. Bargain
« Nous l’utilisons en moyenne une fois par mois. Comme les vaches sortent chaque jour, sauf trois à quatre mois en hiver, et qu’elles ont les pieds au sec sur la litière compostée, il y a très peu de problèmes de patte. » Suivent six logettes avec cornadis et matelas, prévues pour les inséminations. « En pratique, les inséminations sont faites au cornadis, indique l’éleveur. Comme nous n’avons pas d’identification des vaches en salle de traite, il faudrait trier la vache à inséminer avant ou aller la chercher. Mais nous ne pouvons pas la laisser là longtemps sans eau ni alimentation. De plus, nous devons pousser les bouses manuellement. Il aurait fallu que les logettes soient sur fosse ou accessibles en tracteur. » Pour faciliter les inséminations au cornadis, après discussion avec l’inséminateur, les éleveurs bloquent désormais une vache de chaque côté de la vache à inséminer, celle-ci étant ainsi plus calme.

Box d’intervention et d’isolement

Les deux box d’intervention avec un bovisol entre les deux permettent de pratiquer les opérations en toute sécurité.
Les deux box d’intervention avec un bovisol entre les deux permettent de pratiquer les opérations en toute sécurité. © V. Bargain
L’espace contention comporte aussi deux box avec tapis, avec un bovisol entre les deux, petite cage de contention permettant d’isoler un seul bovin à la fois. « Cela permet de bloquer la vache et d’intervenir en toute sécurité pour les opérations, pour fouiller une vache, l’ausculter. » Enfin, trois box sur aire paillée ou litière compostée, dont deux avec un bovisol entre les deux, permettent d’isoler des vaches. « Au départ, nous avions prévu d’utiliser deux des box pour les vêlages, explique Janick. C’était par méconnaissance du fonctionnement d’un grand troupeau. Avec 50 vaches, il y avait un vêlage par semaine. Avec 150 vaches, il y en a un tous les trois jours. S’ils avaient lieu près de la stabulation, cela pourrait perturber le troupeau et ferait beaucoup d’animaux à déplacer. Nous avons donc choisi de faire les vêlages dans le bâtiment des vaches taries. »

 

Les trois box paillés sont toutefois utilisés pour isoler des vaches malades ou avant une opération, avec la possibilité d’y faire la traite sur pot trayeur. Tous les box sont équipés de petites portes de 1,50 m de large, faciles à manipuler, et de passages d’homme. « Mis à part le nettoyage des logettes, l’espace est très pratique », assurent les éleveurs. La stabulation des vaches laitières, celle des génisses et les cases collectives des veaux sont par ailleurs équipées de cornadis utilisés pour certaines interventions, et là aussi de passages d’homme.

Les vêlages au calme dans l’espace vaches taries

Plutôt que de les faire vêler dans la stabulation des vaches laitières, les éleveurs ont choisi d’installer les vaches prêtes à vêler dans l’espace vaches taries.

Les vêlages se passent dans la stabulation des vaches taries, dans une aire paillée calme et confortable. 90 % des vêlages se déroulent sans assistance.
Les vêlages se passent dans la stabulation des vaches taries, dans une aire paillée calme et confortable. 90 % des vêlages se déroulent sans assistance. © V. Bargain
Les vêlages ont lieu dans un ancien bâtiment qui abrite les vaches taries, où les vaches prêtes à vêler sont plus au calme. Quinze jours avant vêlage, la vache est placée dans une aire paillée pouvant accueillir cinq ou six vaches en préparation au vêlage. « Nous ne voulions pas devoir aller chercher les veaux dans les champs, comme cela arrivait quand nous n’isolions pas les vaches avant vêlage », précise Emmanuel. L’aire paillée comporte un box de vêlage au cas où une intervention s’avèrerait nécessaire. « Une caméra permet de surveiller les vaches depuis la maison ou sur notre téléphone. 90 % des vêlages se déroulent sans intervention. » Après vêlage, l’introduction dans le troupeau laitier se fait dans la salle de traite, pour que la vache s’imprègne des odeurs de ses congénères avant la stabulation. « Il est plus facile d’introduire une génisse dans un troupeau de 150 vaches que de 50 vaches, estime Janick. Il n’y a pas de dominatrice dans un troupeau de 150 vaches et pas de bagarres. »

 

À savoir

Innoval propose aux éleveurs bretons ayant un projet d’aménagement de réaliser un audit contention. Un point est fait sur la contention collective et individuelle, sur l’embarquement ainsi que sur la contention des veaux. La structure propose également des formations « Intervenir auprès de bovins en toute sécurité » réalisées par des formateurs agréés par l’Institut de l’élevage.

Avis d’expert : Nils Sanson, technicien bâtiment Innoval

« Garantir la sécurité et le confort de travail »

Nils Sanson, technicien Innoval.
Nils Sanson, technicien Innoval. © V. Bargain
« Lors de la conception d’un bâtiment, la contention est en général abordée, mais ce n’est pas toujours la priorité, car les budgets sont limités. Dans les élevages avec robot, il y a forcément des portes de tri et un box d’isolement. Ce n’est pas toujours le cas dans les élevages avec salle de traite. Beaucoup d’éleveurs pensent que l’on peut tout faire au cornadis, mais les interventions ne se font pas en toute sécurité. Emmanuel et Janick Menier ont réfléchi dès le début aux moyens de contention et d'isolement. L’espace contention représente des mètres carrés de charpente et beaucoup de tubulaire, mais il apporte du confort de travail et de la sécurité aux éleveurs et aux intervenants. Le fait que les éleveurs soient calmes et le temps passé avec les animaux facilitent aussi les manipulations. »

 

 

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