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« Seul sur mon exploitation laitière, je délègue tous les travaux de culture »

Installé en 2016, Ludovic Ménoret a choisi de déléguer presque tous les travaux des champs. Un fonctionnement qui permet de gagner du temps et de se concentrer sur des activités plus rémunératrices.

Ludovic Ménoret préfère se concentrer sur la production de lait plutôt que sur les cultures. © V. Bargain
Ludovic Ménoret préfère se concentrer sur la production de lait plutôt que sur les cultures.
© V. Bargain

Pour Ludovic Ménoret, installé en 2016 par reprise de l’exploitation familiale, gagner du temps, notamment sur certaines tâches, est essentiel. « J’ai 32 ans, trois jeunes enfants et je veux avoir un rythme de vie correct », explique le jeune éleveur, qui a été auparavant salarié d’une chaîne de pizzerias. L’exploitation compte 80 hectares, 50 vaches laitières et la suite, et il élève 2 à 3 bœufs par an qu'il vend en direct. « Alors que mes parents produisaient 392 000 litres de lait à deux, j’en produis seul 455 000 litres, pour Lactalis, sur un contrat de 536 000 litres. »

Son objectif est d’améliorer son revenu « en se concentrant sur des activités plus rémunératrices. Nous avons avec ma femme le projet de transformer 40 000 litres de lait par an en glaces. Je suis aussi inscrit dans un projet de méthanisation et j’envisage de créer un nouveau bâtiment avec logettes et photovoltaïque. Je veux donc gagner du temps sur certaines tâches pour pourvoir m’investir dans ces projets. »

« Je ne veux pas investir dans du matériel »

Un premier axe pour gagner du temps et améliorer la production a été l’évolution des surfaces. Les céréales, qui prenaient du temps pour un faible potentiel de production, ont été arrêtées. Les 80 hectares se partagent aujourd’hui en 15 à 20 hectares de maïs, 10 hectares de ray-grass hybride, le reste en prairies temporaires de ray-grass anglais – trèfle blanc ; 76 hectares sont accessibles aux vaches. D’un système pâturant classique, Ludovic Ménoret est aussi passé au pâturage tournant dynamique, avec un gros travail, toujours en cours, pour installer des clôtures, l’eau et créer des chemins.

 

 
En déléguant les cultures, Ludovic Ménoret n’a pas eu à investir dans du matériel. Deux tracteurs de 80 ch, une désileuse-pailleuse et un rabot suffisent au fonctionnement de l’exploitation. © V. Bargain
En déléguant les cultures, Ludovic Ménoret n’a pas eu à investir dans du matériel. Deux tracteurs de 80 ch, une désileuse-pailleuse et un rabot suffisent au fonctionnement de l’exploitation. © V. Bargain

 

Mais le principal levier pour gagner du temps est la délégation des travaux de culture à deux Cuma. « Au nord de la Loire-Atlantique, il y a beaucoup de Cuma, précise l’éleveur. Mon père déléguait déjà pas mal de travaux et j’ai encore renforcé la délégation. Comme les Cuma ont de plus en plus d’outils lourds, il faut de la puissance pour les tirer. Je n’ai ni la puissance ni les outils dont elles disposent. Il n’y a sur la ferme que deux tracteurs de 80 ch, assez récents, un pour charger et un pour tirer la désileuse-pailleuse. Et je ne souhaite pas investir dans du matériel ni passer du temps à l’entretenir. De plus, mon objectif est de bien faire mon travail sur le lait, qui me fait vivre, et de laisser les cultures à ceux qui savent les mener. Enfin, je ne connais rien à la mécanique et ça ne m’intéresse pas ! »

Des débits de chantier importants

L’essentiel des travaux est délégué à la Cuma de la Vallée de l’Isac, basée à La Chevalerais, à 4 km de l’exploitation. « La Cuma est très bien équipée. Elle a trois tracteurs Fendt de 220-240 ch, un Massey-Ferguson de 180 ch et des outils qui permettent des débits de chantier importants. Il y a aussi quatre salariés représentant 3,5 ETP. » L’éleveur délègue ainsi les labours, la préparation du sol et les semis des prairies et du maïs. C’est aussi la Cuma qui fauche l’herbe et qui la presse. « Mais j’andaine les foins et les enrubannages et je ramasse les bottes. » Et c’est encore la Cuma qui assure l’ensilage. « Je mobilise alors trois ou quatre salariés de la Cuma et parfois d’autres adhérents. »

Ludovic Ménoret délègue également à la Cuma une partie de l’épandage des fumiers. « Pour limiter les problèmes sanitaires et les cellules, je nettoie et je paille chaque jour. Il y a donc beaucoup de fumier à épandre. S’il fait beau et que les sols sont secs, je le fais moi-même. Mais si les sols sont humides, je fais appel à la Cuma qui a la puissance nécessaire pour travailler dans ces conditions. » L’élagage des haies est délégué à la Cuma de Héric, elle aussi située à 4 km de l’exploitation. Enfin, Ludovic Ménoret ayant engagé la conversion bio de l’exploitation, le maïs sera désormais biné par la Cuma de la Vallée de l’Isac.

Un gain de temps et d’argent

Les travaux se font toujours en temps voulu. « Nous avons deux réunions par semaine à la Cuma, le lundi matin et le jeudi matin, explique Ludovic. Chaque adhérent exprime ses besoins et le chef d’atelier organise les chantiers au mieux pour satisfaire chacun. » Pour la fauche, la Cuma dispose d’un groupe de fauche à tapis de 9,50 m de large, qui permet un débit de 6 ha/h. Le labour se fait au rythme de 1,5 ha/h. La préparation de sol et les semis sont faits en combiné, à raison de 1,5 à 2,5 ha/h pour l’herbe et 2 ha/h pour le maïs. « Tout se passe bien, grâce à l’entente au sein du groupe et à du matériel performant », assure Ludovic. En moyenne, la délégation des cultures coûte à l’exploitation 25 000 à 26 000 euros par an. « Cela me coûterait plus cher si je devais le faire moi-même. »

6 à 7 heures de travail par jour mais peu de week-ends

L’éleveur emploie aussi 0,2 ETP d’un salarié dans le cadre d’un groupement d’employeurs qui emploie deux salariés pour neuf éleveurs. « L’idée du groupement est surtout d’avoir quelqu’un qui connaît la ferme, notamment en cas d’accident, précise Ludovic. Je l’emploie pour ma part deux jours par mois, pour installer des clôtures, tâche plus simple à deux, quand j’ai une réunion ou pour les chantiers d’ensilage. » Au final, avec une production de 9 000 l/VL, Ludovic Ménoret parvient ainsi à limiter son temps de travail à 6 à 7 heures par jour, avec par contre peu de vacances et de week-ends. « Actuellement, les vêlages sont étalés sur l’année, note-t-il. Je cherche à les grouper pour avoir moins de travail en juillet-août, voire même un mois sans traite, et pouvoir consacrer du temps à la fabrication et à la livraison des glaces. »

Un gain de temps sur la traite, les veaux, l'alimentation

° La salle de traite 2 x 5 postes avec décrochage automatique ne comporte ainsi pas d’aire attente. « Les vaches attendent dans le couloir de la stabulation où je les pousse grâce à une barrière, précise Ludovic Ménoret. Je n’ai pas d’aire d’attente à nettoyer. » La traite se fait ainsi en 1h30 le matin et 1h15 le soir.

° L’éleveur a aussi investi dans des niches à veaux.

 

 
En limitant les problèmes sanitaires, les niches à veaux ont fait gagner beaucoup de temps. © V. Bargain
En limitant les problèmes sanitaires, les niches à veaux ont fait gagner beaucoup de temps. © V. Bargain

 

« Auparavant, les veaux étaient élevés en case collective. Il y avait 20 % de mortalité. Avec les cases individuelles, la mortalité a chuté et je gagne beaucoup de temps, car soigner un veau est très chronophage ! » Il a aussi installé une deuxième case de DAC pour la distribution des concentrés et minéraux, ce qui lui a fait gagner 30 minutes par jour.

° L’alimentation des vaches laitières va désormais être déléguée à la Cuma de la Vallée de l’Isac, dans le cadre d’un groupe désileuse automotrice Lucas de 20 m³ avec salarié. « Actuellement, je distribue l’alimentation avec une désileuse-pailleuse qui a été renouvelée en 2018 et est très bien pour pailler mais un peu moins pour désiler. En délégant l’alimentation, je gagnerai 20 minutes par jour. Cela permettra aussi de faire vieillir ma désileuse-pailleuse en ne l’utilisant que pour le paillage. De plus, comme la désileuse ne mélange pas, j’apporte une couche de maïs, une couche d’herbe et parfois une couche de luzerne déshydratée. Mais je ne peux pas peser et les vaches trient ce qu’elles mangent. Avec la désileuse automotrice, je pourrai être plus précis et économiser sur l’alimentation. » Ludovic Ménoret a ainsi calculé que déléguer l’alimentation à la Cuma lui coûtera 14 à 15 €/1 000 l, alors qu’actuellement, comme il utilise un tracteur pour charger et un autre pour tirer la désileuse-pailleuse, cela lui revient à 22 €/1 000 l.

Chiffres clés

50 vaches à 9000 l
455 000 l produits sur un contrat de 536 000 l
80 ha
0,2 salarié

Le coût

Labour : 35 €/ha + 77 €/h tracteur et chauffeur
Semis maïs : 49 €/ha + 77 €/h tracteur et chauffeur
Semis herbe : 41 €/ha + 77 €/h tracteur et chauffeur
Fauche : 20 €/ha + 77 €/h tracteur et chauffeur
Ensilage herbe : 337 €/h ensileuse + chauffeur
Coût total de la délégation : 25 000 €/an

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