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Robot d’alimentation : « Nous consacrons six heures par semaine à nourrir 140 UGB en bio en Mayenne »

En Mayenne, les associés du Gaec Hivert ont opté pour un robot d’alimentation pour nourrir les vaches, les taries et les génisses en bio. Deux arguments justifient ce choix : souplesse de travail et capacité d’investissement suffisante.

« Le robot d’alimentation nous a coûté plus cher que de renouveler la désileuse automotrice. Mais la meilleure solution pour son exploitation dépend des objectifs que l’on se fixe. Nous, nous avons pour but de nous faire remplacer facilement pour prendre six ou sept week-ends par an et partir deux semaines en vacances, une l’été, une l’hiver » : Franck et Emilie Hivert, 38 et 43 ans, les deux associés du Gaec Hivert, ont conscience que leur choix d’installer un robot d’alimentation n’est pas le plus économe. Mais c’est le leur. Il s’ancre dans une stratégie de gagner en souplesse de travail : « nous avons déjà deux robots de traite. Nous voulions être tranquilles pendant au moins deux jours d’affilés sur la partie alimentation ».

Fiche élevage

Gaec Hivert

2 associés

2 robots de traite

1 robot d’alimentation

105 montbéliardes à 8 500 kg de lait

818 000 litres de lait vendus en 2024

92 ha de SAU dont 66 ha de prairies temporaires et permanentes, 30 ha attenants à la ferme

Le bon moment financièrement

Historiquement, les associés du Gaec travaillaient en Cuma pour la préparation et la distribution des rations. Jusqu’à ce que se pose la question de renouveler le matériel, en 2014. « Le coût augmentait, la taille de la machine aussi et elle ne passait pas partout chez nous. Nous gagnions du temps avec la Cuma mais pas assez. Et les animaux n’étaient pas nourris le dimanche. Le lundi matin, il y avait du temps à passer pour nettoyer les auges. C’est un ensemble de petites choses qui nous ont décidés à investir en propre. » Ils achètent alors une automotrice d’occasion, âgée de 14 ans. « L’objectif était de ne pas être plus chers que la Cuma et de gagner en régularité. »

La machine fait son temps et commence à montrer des signes de faiblesse. « Nous avons fait faire des devis pour un robot d’alimentation dès 2022, ainsi que pour des automotrices. La deuxième option était moins coûteuse, mais nous voulions nous faire remplacer facilement. » À cela s’ajoute toujours la question de l’accessibilité au bâtiment des génisses. « Nous nous sommes reposé la question et avons décidé d’accepter le surcoût pour notre confort de travail. À cette époque, nous arrivions à échéance des annuités du premier robot de traite, nous pouvions investir. » Le devis du robot d’alimentation est signé en décembre 2022.

Un temps de distribution divisé par deux avec le robot d’alimentation pour un coût de 1 500 euros de plus par an plutôt qu’une désileuse automotrice
 Désileuse automotrice 
de 14 ou 16 m3
Automatisation avec
 robot de distribution
Équipements nécessaires• Abords des silos stabilisés
• Table d’alimentation facile d’accès, 
large et haute
• Cuisine + vis + trémies minéraux et concentrés
• Couloirs d’alimentation + guide
• Vector + coupe cubes
Travaux qui incombent 
aux éleveurs
• Débâchage des silos + nettoyage
• Apport enrubannage/foin devant le silo + apport minéraux et concentrés devant le silo s’ils ne sont pas distribués au robot
• Débâchage des silos + nettoyage
• Remplissage de la cuisine 3 fois/semaine
• Gestion des refus en cuisine
• Programmation du robot
Temps de travail pour l’éleveur• 15 min/j pour préparer les minéraux 
et concentrés
• 2 à 3 tours en ¾ h à 1 h/j × 7 j = 350 h/an
+ temps génisses (30 min/j)
• 12 à 13 h/semaine = 620 à 650 h/an
5 à 6 h/semaine 
= 280 à 300 h/an
Amortissement investissement185 000 € pour 14 à 16 m3 à 3,1 % sur 10 ans = 21 800 €/an225 000 € à 3,1 % sur 10 ans = 
25 300 €/an 
Coût de fonctionnement10 l/h à 1 € + 10 €/h entretien 
= 7 000 €/an
5 000 €/an
Coût total28 800 €/an soit 36 €/1 000 l30 300 €/an soit 38 €/1 000 l 
Source : Seenovia

Gare à la mise en route

Le robot démarre en février 2024. « Chez nous, la mise en route a été chaotique. L’installateur s’est blessé. Je manquais de formation pour remplir la cuisine, il manquait toujours quelque chose et je devais y aller presque tous les jours. Je n’étais pas serein, tient à souligner Franck Hivert. Mais comme pour le démarrage d’un robot de traite, on apprend avec le temps. »

Au fil des semaines, Franck et Émilie apprivoisent le robot. « Il faut adapter le remplissage de la table d’alimentation. Avant, nous gérions l’avancement du silo. Là, il faut étalonner ce qu’on met dans la cuisine et la hauteur du laser à partir de laquelle le robot redistribue. Il faut quelques mois pour trouver l’équilibre et changer les paramètres entre l’été et l’hiver. » Les éleveurs apprennent aussi à composer avec le poids du bol, limité à 700 kg et à un volume de 2 m3. « L’ensilage d’herbe pèse plus lourd que celui de maïs. Nous adaptons le remplissage du bol en fonction de la composition de la ration, qui est plus ou moins fibreuse. »

Depuis la mise en route du robot, les éleveurs déplorent « une petite sortie de route mais sans casse ».

Un outil pas saturé, complémentaire du pâturage

Toute l’année, Franck Hivert « bloque la distribution de l’alimentation de 23 h à 4 h, pour éviter que l’alarme sonne s’il manque du fourrage ou s’il y a un problème. Je peux me le permettre car le robot d'alimentation n’est pas saturé. La nuit, le robot repousse uniquement au pied des auges ». Le robot reprend du service à 4 h avec la ration des génisses, puis il distribue celle des laitières à 6 h 30. « Quand j’arrive à 7 h30 pour nettoyer les logettes, toutes les vaches sont aux cornadis. »

L’hiver, le robot tourne toute la journée et distribue neuf bols pour les laitières, trois pour les taries et deux pour les génisses. Quand les vaches pâturent, de février à octobre, elles accèdent à un paddock de 40 ares par demi-journée, géré au fil avant, par une porte de pâturage. « Le matin et le soir, quand je bouge le fil du paddock, je vérifie que toutes les vaches sont rentrées pour être sûr qu’elles passent au moins deux fois par jour au robot de traite. En période de pâturage, le robot d’alimentation distribue entre deux et trois bols. Il scanne pour qu’elles aient à manger à l’auge le matin à 7 h et le soir vers 17 h. Je bloque alors la distribution de 10 h jusqu’en milieu d’après-midi pour qu’elles sortent et valorisent l’herbe. »

Un coût net de 225 000 euros
Plan d’investissement du robot d’alimentation du Gaec Hivert
Coût d’investissement
Trémie + vis + électricité : 18 000 €
Cuisine : 58 000 € (y compris bardage et terrassement)
Coupe-cube d’occasion : 4 000 €
Robot + grappin : 180 000 €
Coût total avant les aides : 260 000 €
Aides PCAE : 35 000 €
Coût net de l’investissement : 225 000 €
Coût de fonctionnement
Électricité : 13 000 kwh/an à 0,2 €/kwh = 2 600 € 
Entretien robot + grappin : 2 000 à 3 000 €/an(1)
Coût de fonctionnement estimé : 5 000 €/an
(1) Projection, car la première année les frais d’entretien sont offerts par Lely.

 

Franck Hivert compte une heure et trente minutes, trois fois par semaine, pour remplir la cuisine. Plus une dizaine de minutes tous les jours pour nettoyer le fourrage tombé au pied des cubes. Au total, l'éleveur estime consacrer cinq à six heures hebdomadaires pour l’alimentation des animaux (sans compter le temps de pilotage, qu'il consacre en même temps aux données de traite), contre douze à treize heures avec une désileuse automotrice. « Désormais, on se lève trente minutes plus tard. Avec le robot d’alimentation et les deux robots de traite, c’est plus simple de se faire remplacer. La personne vérifie les retards, nettoie les logettes et les robots, nourrit les veaux, paille les génisses et change la parcelle des vaches. »

Depuis la mise en route, avec une année de recul, l’éleveur juge que l’ingestion a « un peu augmenté. Le train-train des vaches – alimentation, rumination, logettes, robot de traite – est un peu plus actif. Le démarrage en lactation des primipares est bon, car elles ont du fourrage de qualité repoussé régulièrement ».

Si les éleveurs sont « satisfaits » de leur système, le seul hic est le dimensionnement du coupe cube, acquis d’occasion pour limiter le montant de l’investissement, mais « trop petit pour que la cuisine tienne trois jours ». Emilie et Franck Hivert envisagent d’en acheter un plus grand pour gagner encore un peu en souplesse de travail.

 

Chiffres clés

• Ration hivernale : 10 kg MS d'ensilage d’herbe, 5,5 kg MS d'ensilage de maïs, 2 kg MS d’enrubannage, 0,6 kg MS de foin, 2 kg MS de mash fermier (maïs épi déshydraté, triticale féverole aplati, coque de soja, herbe deshydratée, tout en bio), 1,3 kg MS de dyna terroir (tourteau de soja et féverole, bio et français), 300 g de CMV, 50 g de sel

• Marge sur coût alimentaire en janvier 2025 : 10 €/VL, pour un coût de ration de 5,56 €/VL et une production de 28 kg vendus 580 €/1 000 l. Elle prend en compte les charges opérationnelles, de foncier, de matériel y compris la distribution. Le coût de l’herbe s'établit à 173 €/t (ensilage, foin, enrubannage), le coût du maïs à 156 €/t et le coût du concentré à 930 €/t

• Marge sur coût alimentaire moyenne groupe bio Seenovia : 5,6 €/VL

Avis d'experts : Simon Serais et Didier Désarménien, conseillers Seenovia

« Une solution pas adaptée à tous les systèmes »

 

 
<em class="placeholder">Simon Serais et Didier Désarménien, conseillers Seenovia</em>
Simon Serais et Didier Désarménien, conseillers Seenovia, rappellent que « normalement, l’investissement du robot d’alimentation est dilué sur des volumes de lait produit supérieurs à 1 million de litres par an ». © J. Pertriaux

« Il est possible que le temps consacré à l’alimentation soit un peu sous-estimé ici car il faut aussi compter le temps de pilotage, plus diffus, ainsi que le temps passé à nettoyer les refus de fourrages aux pieds des cubes de la cuisine. L’investissement a été engagé pour gagner de la souplesse dans le remplacement. Avec un cheptel de cette taille, on peut considérer que le coût est important malgré un gros volume de lait vendu pour une exploitation bio. Normalement, l’investissement du robot d’alimentation est dilué dans des volumes de lait produits supérieurs à 1 million de litres par an. Il faut noter aussi que l’investissement, ramené aux heures de travail, coûte plus cher qu’un robot de traite : le robot de traite sera plus rentable ramené aux heures économisées.

Le robot d’alimentation est plus adapté aux systèmes qui distribuent de grandes quantités de fourrage dans différents bâtiments proches les uns des autres. Le Gaec Hivert est en bio avec du pâturage huit mois sur douze, ce qui diminue le temps de fonctionnement du robot d’alimentation. Ici, le système fonctionne car les vaches sortent mais elles reçoivent néanmoins du fourrage à l’auge toute l'année à cause d'une surface d’herbe accessible limitée. »

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