Aller au contenu principal

"pAnser Vaches", une vision globale de la nutrition

En Auvergne-Rhône-Alpes, la Fidocl a développé une expertise nutrition qui intègre l’observation du comportement alimentaire des animaux avec des caméras.

Le relevé de tête des vaches est caractéristique d’une bonne ingestion sans tri. Des prises rapides et concentrées permettent de réduire le temps debout au profit du couchage.
© Rhône Conseil élevage

« La vache ne pense pas 'panse', donc il faut y penser pour elle », se plaît à dire Patrice Dubois, directeur de Rhône Conseil élevage. Lors du Sommet de l’élevage, il a exposé avec ses collègues de la Fidocl(1) leur vision de la nutrition des vaches laitières, qu’ils ont globalisé sous le concept « pAnser Vaches ». Une « philosophie » très pragmatique qui consiste à « caractériser les fourrages et à observer les animaux pour être capable de prédire leur réponse au régime alimentaire. Nous nous intéressons non seulement aux fourrages mais aussi à un ensemble d’éléments (tri, logettes, confort des animaux...) pour avoir une vision globale de la nutrition ». Bien au-delà d’un simple rationnement UF/PDI. « Nous sommes revenus à la caractérisation des fourrages, poursuit-il. Nous avons fait beaucoup d’analyses AgriNir qui nous ont permis de caractériser et classifier les différents types de fourrages par rapport à la réponse des vaches en termes de production. » L’idée est de « normer les aliments » à partir des valeurs chimiques délivrées par l’analyse infrarouge (MS, amidon, MAT, NDF, ADF, cellulose brute, digestibilité...) et « d’être capable de dire comment ils vont se dégrader dans la panse ». La fibrosité chimique, exprimée par le NDF, est aujourd’hui considérée comme un élément clé du bon fonctionnement du rumen. Cette approche n’empêche pas de continuer à utiliser les équations et valeurs Inra, et demain le système Systali.

Dans 75 % des élevages, la ration n’est pas disponible en permanence

L’autre grande idée est d’observer les vaches. À l’auge, pour voir si elles passent leur temps à trier la ration et délaisser la fibre au profit des particules fines, ou au contraire font des prises rapides et concentrées. Observer les vaches aussi dans la stabulation pour voir si elles respectent l’emploi du temps qui permet un bon fonctionnement du rumen, à savoir dix à douze cycles en 24 heures, dont 65 % de repos et 25 % d’ingestion et abreuvement. Le bon « film alimentaire », c’est d’être toutes les deux heures à table. Pour savoir comment les animaux se comportent, rien de mieux que de les filmer pendant... 24 heures. Les conseillers installent dans la stabulation des caméras time-lapse qui capturent des images à intervalles réguliers. Un logiciel restitue en temps raccourci le film de la vie du troupeau, qui s’avère riche d’enseignements et de voies de progrès. « Dans 75 % des élevages, la ration n’est pas disponible en permanence », a observé Alexandre Batia, de Rhône Conseil élevage. Lorsque la ration est distribuée le matin, souvent elle n’est plus accessible pendant la nuit suivante. Le lendemain matin, les vaches ont un comportement boulimique et peuvent ingérer plus de 2 kg MS pendant le repas du matin. Le rumen fonctionne en accordéon, ce qui crée de l’instabilité ruminale.

Expertiser la conduite et le confort des vaches taries

Utilisées depuis huit mois, ces caméras ont déjà permis de produire trente films, qui ont une valeur pédagogique très forte. « Occupation du bâtiment, accessibilité à la ration et aux points d’eau, fréquentation et confort de couchage, circulation des animaux, tout est décrypté méthodiquement » avec l’éleveur ou dans des groupes de formation, « sans jugement, juste pour progresser », explique Patrice Dubois. Les éleveurs qui ont vu le film de la vie de  leur troupeau ont souvent été très surpris, et ils ont procédé à pas mal de modifications pour améliorer le comportement du troupeau, supprimer les causes d’inconfort.... Rhône Conseil élevage envisage de travailler avec un fabricant de robot d’alimentation et de robot repousse-fourrage pour étudier à l’aide des caméras les pratiques d’utilisation les plus optimales de ces outils. Au cours de l’hiver qui vient, les conseillers vont expertiser également la conduite alimentaire et le confort des vaches taries.

(1) Fédération des organismes de conseil élevage d’Auvergne-Rhône-Alpes et quelques départements voisins.

Les plus lus

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

Pièce de monnaie
Prix du lait : Sodiaal payera 485 €/1 000 l pour 2023 en conventionnel

En conférence de presse le 4 avril, Damien Lacombe, président de Sodiaal, a annoncé 14,4€/1000 litres de ristournes pour les…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Éleveuse veaux pouponnière
« J’utilise zéro antibiotique pour élever mes veaux laitiers »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Restquelen enregistre 3,3 % de mortalité périnatale sur les quatorze derniers mois. Les…

Yohann Barbe, président de la FNPL élu le 8 avril 2024
Yohann Barbe, nouveau président de la FNPL : « Nous ne devons plus perdre ni litre de lait, ni actif pour le produire »

Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a été élu président de la FNPL le 9 avril. Il livre sa feuille de route à Réussir Lait…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière