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Quel mélange pour un ensilage riche en protéines ?

Le choix des espèces et la proportion entre elles au semis sont des points clés. Résultat d'essais et suivis menés dans les groupes d'éleveurs. 

Le développement des méteils riches en protéine est récent. Leur ensilage est destiné aux laitières. L'objectif est de dépasser 17 % de MAT. " En dessous, on ne pourra pas réduire le correcteur azoté à production laitière équivalente ", insiste Anastasie Fesneau, de la chambre d'agriculture de la Manche. Quelques éleveurs enrubannent, pour de petites quantités. " Le méteil n'est pas adapté à l'enrubannage. Les balles sont assez molles et lourdes, donc difficiles à stocker, et la reprise n'est pas aisée. "

Un objectif de plus de 17 % de MAT

Dans les méteils riches en protéine, on trouve du méteil semé en été. Il peut comporter des céréales de printemps, et surtout des trèfles, des vesces, des pois de printemps. Son gros inconvénient réside dans son coût d'implantation par rapport au risque de sécheresse en été. Le rendement oscille entre 2 et 4 t MS/ha.

Celui qui intéresse plus particulièrement les éleveurs est le méteil d'hiver. Rares sont les éleveurs qui font du 100 % légumineuses. Conserver un minimum de céréales (10 à 30 %) présente un intérêt. La céréale sert de tuteur aux plantes qui versent, dope un peu le rendement, et limite le salissement car, présente en hiver, la céréale démarre plus vite au printemps. Pour ne pas trop diluer la valeur protéique du mélange, on prendra des variétés à épiaison tardive. Le rendement de ces méteils oscille entre 4 et 7 t MS/ha, dans les essais en Normandie et dans l'Ain.

Après cinq à dix années d'essais et de suivis de parcelles, les conseillers et les éleveurs ont dégagé les mélanges types de méteils d'hiver qui fonctionnent le mieux dans leur terroir. " Il faut semer au moins 80 % de légumineuses pour espérer obtenir un fourrage à plus de 17 % de MAT ", estime Emilie Vallet, de la chambre d'agriculture de l'Eure. Les mélanges ont une base de triticale ou d'avoine, de féverole, de pois - le plus souvent fourrager - , et souvent de vesce. Les trèfles sont moins utilisés. " On les retrouve peu à la récolte. Donc par rapport au coût de la semence, ce n'est pas valable ", estime Emilie Vallet. Cependant, dans l'Ain, " nous incorporons du trèfle squarrosum depuis trois ans et, après de nombreux comptages, nous sommes surpris par sa présence positive, alors qu'à l'œil sur l'ensemble de la parcelle, il est difficile de percevoir son intérêt ", développe Camille Olier, de Acsel conseil élevage.

Dans l'Ain, la vesce se plaît

Dans l'Ain, depuis 2014, le mélange "phare" des éleveurs a évolué. La proportion de féverole au semis a été réduite (40 kg/ha au lieu de 60) pour tenter de limiter la pression de l'anthracnose. La proportion de vesce a augmenté. " La vesce se plaît particulièrement dans la région. Sa quantité est passée de 15 à 25 kg/ha, voire 35 kg dans certaines exploitations ", détaille Camille Olier. Certains éleveurs ont opté pour le pois Arkta plutôt que Assas. " C'est le pois le moins gélif. En outre, son poids aux mille grains est inférieur à l'Assas et son coût au kilo est équivalent. Donc on réduit le coût d'implantation pour un même quantité de grains. " Ce mélange "phare" se compose aujourd'hui de 20 kg d'avoine, 40 kg de féverole Diva, 40 kg de pois Arkta, 25 kg de vesce gravesca. Certains éleveurs mettent du trèfle squarrosum (8 kg/ha). D'autres du ray-grass hybride (6 kg). " Le RGH sécurise le méteil en cas de forte gelée. Plus riche en sucre, il peut aussi sécuriser la conservation du silo. " En quatre ans de suivi, le rendement moyen est passé de 4 à 6 t MS/ha environ, et la MAT est passée d'environ 17 à 19 %. " L'amélioration des résultats est liée au changement de composition et aux préconisations suite aux nombreux essais menés sur la conduite de la culture ", commente Camille Olier.

En Normandie, un trio de choc

En Normandie, le mélange qui ressort le mieux est composé de triticale (27 kg), pois protéagineux (70 kg), féverole (105 kg). " Il permet de faire du rendement, avec de très bonnes teneurs en protéine ", indique Emilie Vallet. D'autres mélanges présentent de bons résultats, en mettant moins de céréale et de féverole et en ajoutant de la vesce.

Dans le Nord, le mélange phare comporte une céréale (avoine ou triticale à 20 kg/ha), de la féverole (60 kg), du pois fourrager (60 kg) et de la vesce (15 kg).

D'autres usages

Pour faire des stocks fourragers et produire de la matière sèche et des UF, les méteils comportent environ 90 % de céréales et 10 % de légumineuses. En Normandie, ces ensilages font entre 8 et 15 % de MAT et entre 0,69 et 0,83 UFL, pour un rendement de 7 à 13 t MS/ha. Ces méteils sont rarement distribués aux laitières, ou en faible quantité.
Pour réaliser un concentré équilibré, les méteils de printemps ou d'hiver sont récoltés en grains. Soit en grains moulus humides, soit en grains aplatis. Les mélanges sont riches en graminées (triticale, blé, avoine, seigle ou épeautre), avec du pois, de la féverole, de la vesce ou du lupin blanc. Les conseillers préconisent de limiter la complexité du mélange - en général à deux espèces - pour viser une maturité conjointe. Les essais conduits depuis huit ans dans le cadre du programme Reine Mathilde en Normandie font ressortir certains mélanges, avec des rendements entre 25 et 65 q/ha et des MAT entre 10 et 25 % : triticale ou avoine ou épeautre ou seigle (180 grains/m2) et féverole (24 grains). Ces méteils peuvent être pâturés à un stade très précoce (épi<1 cm), sans pénaliser, ou pas trop, le rendement en grain.

Atouts et limites des espèces utilisées

Faire baisser le coût de semence

La réduction du correcteur azoté et du travail du sol permettent de compenser le coût élevé des semences de légumineuses.

Pour un méteil riche en protéine, le coût du mélange de semences certifiées hors céréales est d'environ 300 €/ha quand on achète individuellement. En achetant groupé, on arrive à environ 150 €/ha le mélange de semences certifiées, hors céréales.

Les conseillers estiment qu'il faut au moins sortir 4 t MS/ha pour rentabiliser cette culture, même si l'intérêt économique du méteil se raisonne plus globalement. " Les éleveurs sont parfois déçus du rendement. Par contre, ils s'accordent sur la qualité du travail agronomique opéré par les racines d'un tel mélange ", expose Camille Olier, de Acsel conseil élevage. Le maïs qui suit est plus beau que derrière un ray-grass-trèfle. Et le travail des légumineuses doit permettre de réduire le travail du sol mécanique. " Dans l'Ain, de nombreux maïs sont semés en strip-till derrière un méteil. "

Produire ses semences n'est pas aisé

Selon les conseillers, " les éleveurs pourraient sans doute réduire davantage les concentrés des vaches ". Les méteils reçoivent une fertilisation minérale azotée. Les essais tendent à montrer que c'est rarement utile, voire délétère pour des mélanges à forte proportions en légumineuses.

De plus en plus d'éleveurs cultivent leurs semences, mais ce n'est pas évident. S'il y a de l'anthracnose, il est difficile d'amener la féverole à graines. Il faut trier, compter les graines pour faire son mélange. Les graines de légumineuses craignent la bruche. Il ne faut pas être trop juste en surface fourragère.

 

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