Les surcoûts du robot mobile amortis par le 100 % pâturage à Trévarez
À la ferme expérimentale de Trévarez, un robot de traite mobile transhume vers un site estival pour permettre au troupeau bio d’être alimenté seulement avec de l’herbe pâturée. Depuis 2014, cette organisation a fait ses preuves techniques, mais le bilan économique est plus mitigé.
À la ferme expérimentale de Trévarez, un robot de traite mobile transhume vers un site estival pour permettre au troupeau bio d’être alimenté seulement avec de l’herbe pâturée. Depuis 2014, cette organisation a fait ses preuves techniques, mais le bilan économique est plus mitigé.
Pour baser la majeure partie de sa ration sur le pâturage, l’accessibilité est souvent un frein. D’autant plus si l’on opte pour une traite robotisée. C’est le cas à la ferme de Trévarez dans le Finistère, site d’expérimentation des chambres d’agriculture de Bretagne. La valorisation par le pâturage d’un site de 22 ha, mais distant de 4,5 km de la stabulation, était nécessaire pour contenir le coût alimentaire lors du passage en bio. Pour concilier pâturage et traite robotisée, l’équipe de Trévarez, épaulée par l’Institut de l’élevage, a imaginé une année en deux temps. De mi-octobre à mi-avril, la cinquantaine de vaches est en stabulation avec du pâturage en début et fin de saison sur les 16 ha à proximité du bâtiment. Et, le restant de l’année, les laitières prennent leurs quartiers d’été sur le second site pour valoriser 22 hectares de prairies. L’accès aux deux sites permet de huit à neuf mois de pâturage, dont cinq à six mois avec une ration 100 % pâturage. Depuis sept ans, à chaque changement de site, robot et laiterie accompagnent le troupeau.
Le robot est installé dans une remorque qui est garée dans le bâtiment en hiver et sur une aire d’attente stabilisée en été. Installée sur sa propre remorque, la laiterie est aussi mobile. Le transfert demande entre trois et quatre heures pour trois à quatre personnes. « Le robot est arrêté moins de trois heures, c’est plus long de transporter les vaches en bétaillère que de bouger l’installation de traite », remarque Estelle Cloët, chargée d’études en production laitière à la chambre d’agriculture de Bretagne. Une organisation similaire des espaces de circulation facilite l’adaptation des vaches entre les deux sites. La fréquence de traite redevient la même 24 à 48 heures après un changement de site.
Techniquement validé, économiquement mitigé
Techniquement, le déplacement du robot de traite a fait ses preuves. « Nos collègues de Derval ont le même modèle de robot mais en fixe. En comparant les coûts, nous voyons que la mobilité n’entraîne pas de surcoût de maintenance », souligne Valérie Brocard, responsable de projets à l’Institut de l’élevage.
Mais cette mobilité a exigé des investissements supplémentaires. Il a fallu adapter deux remorques pour y installer le robot et le tank à lait. Sur le site estival, d’autres investissements ont également été nécessaires pour viabiliser, créer des chemins stabilisés, construire une aire d’attente et le stockage des effluents et eaux vertes et blanches. « Il faudra la durée de vie du robot pour amortir ces surcoûts », reconnaît Valérie Brocard. Le bilan économique s’équilibre grâce au coût alimentaire maîtrisé. Par l’optimisation du pâturage, il diminue de 74 % entre l’hiver et l’été. En hiver, il est de 80 euros les 1 000 litres et descend à 15 euros les 1 000 litres pendant la période 100 % pâturage. L’optimisation du pâturage réduit aussi le temps de travail. Plus difficile à évaluer mais important au regard des attentes sociétales, ce même pâturage est aussi bénéfique au bien-être animal et à l’image de la production.
Dans des conditions autres qu’expérimentales, le jeu ne semble en valoir la chandelle que s’il y a en face une valorisation économique de la longue durée de pâturage ou d’un séjour en estive. Par ailleurs, rares sont les situations où l’on part d’une page blanche, comme c’était le cas sur le site estival… « Pour concilier pâturage et traite robotisée, un parcellaire groupé est une des clés de réussite, rappelle encore Estelle Cloët. Avant d’envisager la mobilité de son installation de traite, il faut d’abord explorer la piste des échanges parcellaires pour augmenter les surfaces accessibles. »
Sur d’autres fermes aussi
Il n’y a pas qu’en conditions expérimentales que des robots déplaçables fonctionnent. Par exemple, dans l’Aveyron, un élevage dont les 100 vaches partent en estive, a misé sur une double stalle mobile pour robotiser sa traite. Dans les Ardennes, un éleveur a aussi fait ce choix pour augmenter le temps de pâturage de son cheptel.