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DOSSIER : La matière grasse en quête de débouchés.

L’Union européenne produit plus de matière grasse qu’elle n’en consomme. Les excédents sont transformés en beurre, difficile à écouler écouler. Etat des lieux.

Emmanuel Bert, Office de l’élevage. 
« Les difficultés d’écoulement de la matière grasse se traduisent par une production de beurre. »
Emmanuel Bert, Office de l’élevage.
« Les difficultés d’écoulement de la matière grasse se traduisent par une production de beurre. »
© BABOUT/CIDIL

Avec ec 22,5 milliards de litres de lait collectés, la France produit chaque année environ 950000 tonnes de matière grasse. Dans l’Union européenne à 25, les disponibilités en matière grasse s’élèvent à près de 5,3 millions de tonnes. Le beurre et les fromages absorbent à eux deux, près des deux tiers de la matière grasse produite (voir ta tableau) avec il est vrai d’importantes variations selon les pays. L’Union européenne (UE) est structurellement excédentaire en matière grasse: entre 158000 et 300000 tonnes par an depuis 1999. « Les difficultés d’écoulement de la matière grasse se traduisent par une production de beurre qui n’a pas forcément de débouchés en France, en Europe ou à l’export. D’où les mesures européennes de soutien à l’écoulement du beurre », commente Emmanuel Bert, le responsable communication de l’Office de l’élevage. Quand il y a surplus de matière grasse, on le transforme en beurre. Côté débouchés, la situation du beurre n’est pas en enviable.


PÂTISSERIES INDUSTRIELLES
Les pays du Sud (Espagne, Portugal…) en consomment peu, lui préférant les huiles végétales. Le beurre pâtit également d’une mauvaise image et la consommation des ménages baisse dans l’Hexagone. Dans ce contexte de production excédentaire, la France fait cependant figure d’exception. Deuxième pays producteur de matière grasse, derrière l’Allemagne (environ un million de tonnes), l’Hexagone est en effet obligé d’importer du beurre pour subvenir à ses besoins, notamment dans le secteur de la pâtisserie industrielle. Mais la quasi-totalité des pays européens produisent plus de matière grasse laitière qu’ils n’en consomment. L’Irlande et les pays du sud de l’UE ont lourdement pesé sur les stocks publics à l’intervention jusqu’en 2006.

CONSOMMATION DE FROMAGES EN HAUSSE
La situation semble cependant s’améliorer. En 2006, l’excédent s’est atténué « en raison de la baisse de la collecte de lait » , précise Jean-François Rames, responsable du service statistique de l’Interprofession laitière (Cniel). Avec 132,6 millions de tonnes de lait collectés, l’UE à 25 était en sous réalisation de 414000 tonnes pour la campagne laitière 2005-2006. La production de beurre a diminué de près de 5 %. La consommation de produits laitiers, un levier pour diminuer les excédents de matière grasse, est en hausse dans l’UE. Mais en France, elle stagne tandis que les produits allégés rencontrent un réel succès. « Le phénomène est difficile à quantifier mais il est important, confirme Emmanuel Bert. La consommation de fromages est à la hausse. « La croissance des fabrications de fromages observée en 2005 (+ 1,8 %) s’est poursuivie en 2006 (+ 2,9 %) à l’issue des dix premiers mois de l’année », selon l’Office de l’élevage. Elle résulte du dynamisme de la consommation notamment en Allemagne (+ 2,9 %), en Italie (+ 1,3%), mais aussi en Russie, pays sur lequel l’UE a pu bien se positionner en 2006. « L’augmentation du pouvoir d’achat dans les dix nouveaux États membres de l’UE pourrait favoriser la consommation de fromages », souligne Jean-François Rames. La plupart des grands pays laitiers ont augmenté leur fabrication de fromages « à l’exception de la France (stable) et du Danemark (- 5 %) », constate l’Office de l’élevage.

LES STOCKS DE BEURRE FONDENT
Les stocks publics de beurre diminuent depuis 2003. Cette tendance a été marquée en 2006 en raison d’une hausse importante de ventes de stocks publics (86 000 tonnes en 2006 contre 40 000 tonnes en 2005) destinés pour l’essentiel à une utilisation industrielle. Ces stocks ont fondus de 60 000 tonnes, passant de 123 à 78 000 tonnes.
Malgré une amélioration notable, l’Europe devra compter de plus en plus sur son marché intérieur pour résorber ses excédents. À l’export, la concurrence est sévère, notamment avec l’Océanie et l’Argentine pour le beurre, et le sera d’autant plus avec la disparition programmée des restitutions. Le cas des poudres grasses illustre ce phénomène. La production a diminué au sein de l’UE de 10 % sur les dix premiers mois de 2006. Mais contrairement à la Nouvelle-Zélande et à l’Argentine, l’Europe et en particulier la France « n’a pas su profiter de la reprise de la demande mondiale qui s’est fait jour en Chine ainsi qu’en Afrique du Nord ».

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