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Communiquer positivement face aux attaques sur l’élevage

Une reconnexion durable entre citoyens et agriculteurs est essentielle dans le contexte actuel. Retour sur le débat organisé au Space par le Syrpa, réseau des agri-communicants, et l’association Agriculteurs de Bretagne.

Guillaume Divanac’h, éleveur laitier. « La violence gratuite ne sert pas la cause des anti-élevage. Mais la médiatisation de ces actions participe à entretenir un doute sur la qualité de notre travail en élevage. »
Guillaume Divanac’h, éleveur laitier. « La violence gratuite ne sert pas la cause des anti-élevage. Mais la médiatisation de ces actions participe à entretenir un doute sur la qualité de notre travail en élevage. »
© G. Divanc'h

Si la crise sanitaire a donné un petit coup de pouce à l’image des producteurs, l’opposition anti-élevage a paradoxalement tendance à se durcir. Le 28 août 2020, Guillaume Divanach, éleveur de porcs et vaches laitières avec son père dans le Finistère, découvre sur ses bâtiments des tags comparant l’élevage au nazisme. En 2019, Dominique Gautier, éleveuse de porcs dans les Côtes-d’Armor, reçoit sur sa ferme pendant quatre jours une équipe de télévision de France 5 qui prépare un film sur l’histoire de l’agriculture bretonne. Mais quelques mois plus tard, elle découvre un reportage à charge et sans rapport avec les propos échangés.

Face à ces actions violentes et avec la multiplication des attaques sur l’élevage, les éleveurs se sentent démunis. « Tellement de choses ont été mises en place, mais les médias nationaux ne relaient pas ces évolutions », déplore Dominique Gautier. « Il ne faut pas confondre le bruit médiatique et l’opinion du grand public, tempère Eddy Fougier, politologue, spécialiste des mouvements contestataires. Les antispécistes sont très peu nombreux et ces actions sont contre-productives. Le grand public n’y adhère pas et a majoritairement confiance dans les agriculteurs. » Le politologue invite le monde agricole à appréhender les parades anti-élevage comme une démarche plurielle sans focaliser uniquement sur les excès du militantisme.

Améliorer la compréhension de l’élevage

Se sentir harcelé à cause de son métier est éprouvant. Malgré le ras-le-bol qui les gagne parfois, les intervenants reconnaissent qu’il est indispensable de parler de ce qu’ils font dans leur exploitation. Après avoir effacé les tags au karcher, Guillaume Divanach a fait recouvrir les murs de son silo d’une fresque colorée « Nourrir notre humanité ». « Voir son exploitation comparée à Auschwitz ne s’oublie pas facilement, souligne-t-il. J’ai voulu rappeler le rôle fondamental de l’agriculture. »

La communication doit rester positive et non violente. Il n’est pas question d’opposer, mais de rassembler ! Chaque maillon de la chaîne alimentaire et environnementale doit œuvrer à améliorer la compréhension de l’agriculture et de l’élevage. Cela implique notamment de répondre aux exigences de transparence des consommateurs.

Pas question d’opposer mais de rassembler

Par ailleurs, tous le soulignent, il est nécessaire d’agir au niveau local et national, comme dans la sphère privée. Démultiplier les échanges formels et informels, sur les réseaux sociaux comme en direct, est primordial. Bref, il ne faut pas hésiter à saisir toutes les occasions d’apaiser les craintes des consommateurs et de freiner les idées reçues sur l’élevage. La proximité reste le meilleur atout.

Dominique Gautier redouble d’efforts pour communiquer avec le voisinage, à ouvrir sa ferme et à intervenir sur les réseaux sociaux. « Nous voulons continuer à dialoguer avec les consommateurs, assure-t-elle. Il faut utiliser tous les moyens pour expliquer et écouter les attentes. Une vidéo avec de l’émotion sur les réseaux sociaux a aussi beaucoup de force. Il est important de riposter sur les contre-vérités, estime Eddy Fougier. Mais la prudence est de mise sur les réseaux sociaux. Un terme mal utilisé peut entraîner un lynchage numérique. »

Le rôle des politiques est un soutien important

Enfin, le rôle des politiques peut être un soutien important, mais parfois trop clivant, selon Eddy Fougier. Une voie à explorer serait de créer des collectifs locaux autour de ces questions sociétales. Citons pour conclure l’exemple des Pays-Bas où un parti politique BoerBurgerBeweging (Mouvement des agriculteurs et des citoyens), créé par la journaliste agricole Caroline van der Plas, a fait campagne et a remporté un siège de député en 2021. Défendre notre agriculture et nos élevages, c’est l’affaire de tous !

Recours à la voie judiciaire

Face aux attaques, tous les moyens légaux doivent être utilisés. « La voie judiciaire fonctionne, assure Eddy Fougier. La cellule Demeter, déposer des plaintes qui entraînent de la prison ferme et de grosses amendes… limitent les actions violentes des mouvements extrémistes. » Si elle constitue un outil efficace pour stopper les excès des ultras, elle se révèle également un baume pour le moral des exploitants malmenés.

 

Avis : Romain Riera, éleveur dans les Alpes-de-Haute-Provence

« Ne pas tomber dans le piège de la provocation »

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© R. Riera
Romain Riera est connu sur Twitter pour être le Berger des étoiles. « Depuis trois ans, je parle de son métier et de son quotidien d’éleveur de chèvres et de brebis sur les réseaux sociaux. Pour mettre en avant une agriculture moderne et ne pas laisser toute la place à ceux qui occupent le terrain avec l’agribashing. Je conseille de prendre du plaisir à le faire et de garder un certain recul pour que ça ne nuise pas moralement. Il ne faut pas trop s’investir émotionnellement et ne pas tomber dans le piège de la provocation. Personnellement, si quelqu’un m’attaque, ça ne me touche pas, ça ne m’empêche pas de dormir. Il ne faut pas tomber dans le panneau de vouloir toujours répondre. Il ne faut pas hésiter à bloquer ceux qui sont juste là pour provoquer. Et quand on répond aux attaques, on peut les tourner en dérision. Une fois, j’ai répondu : « Ben dis donc, je me suis fait un nouveau copain ! » Et ça a été fini. Si tu te fais attaquer, réponds avec de l’humour et ils se lasseront avant toi. »

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Avis : Bruno Cardot, agriculteur dans l’Aisne

« Être dans l’autodérision et la satire »

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© YouTube
Depuis 2019, @BruCardot multiplie les coups de gueule mais sans jamais se mettre en colère. L’amuseur est un véritable ambassadeur du monde agricole. « Il y a un gros déficit d’information sur l’agriculture. Tous nos détracteurs et même certains politiques communiquent sur l’agribashing. Mais sur le métier, il y a très peu de communication et on fait peur au consommateur. Il faut arrêter cet engrenage. Je veux vulgariser mon métier très technique et qui est mal compris. Je ne veux pas faire des coups de gueule classiques, on en voit plein. Moi, je mise tout sur le flash de la première image. Je veux être visible et capter l’attention, être dans la vulgarisation et l’explication. Je veux envoyer des messages très forts en étant dans l’humour, l’autodérision et la satire. »

Avis : Cédric Viallemonteil, éleveur dans le Cantal

« De la pédagogie avant tout »

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© C. Viallemonteil

Cédric @agric15 est actif sur Twitter pour défendre sa profession. S’il combat les associations animalistes avec son côté « grande gueule », il est aussi très pédagogue. « J’aime expliquer mon métier d’éleveur aux citadins « déconnectés » du monde agricole. Les gens aiment bien les vidéos où on voit des animaux paisibles, des images de campagne. Ce qui m’exaspère, ce sont les vidéos des associations animalistes qui sont souvent mensongères. Leur communication s’appuie sur ces images et est en partie financée par l’industrie de la « malbouffe ». Mais ils commencent à avoir des détracteurs. Même des gens qui ne sont pas du milieu agricole commencent à leur répondre, c’est positif. »

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