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Avez-vous adapté l’alimentation des vaches ?

Les prix des matières premières sont très élevés. Avez-vous modifié le système fourrager et l’alimentation des vaches pour y faire face ?

Avez-vous adapté l’alimentation des vaches ?
© C. Pruilh - Archives

Gérard Soëte, dans le Nord

 

 
Gérard Soëte, dans le Nord
Gérard Soëte, dans le Nord © G. Soete

 

NON, pas encore. Je ne baisse pas la quantité de correcteur azoté (170 g/l de lait), seul concentré utilisé. Je veux maintenir mes livraisons de lait à plus d’un million de litres de lait, et ne pas détériorer la santé et la reproduction des vaches. Je trais une centaine de prim’holstein (9 200 l/vache à 42,2-33,9 de TB-TP) qui ne pâturent quasiment pas (4 ha) et sont en ration complète. Pour l’ensilage d’herbe, je suis déjà en fauche précoce et je ne veux pas faire du très précoce, pour assurer aussi l’apport en fibres. Passer en très précoce a aussi un coût. Si les prix restent très élevés en colza, et que le soja n’augmente plus voire baisse un peu (NDLR : pour que le colza soit intéressant par rapport au soja, son prix doit être inférieur à 75 % du prix du soja), je pourrais stocker et incorporer du tourteau de soja dans mon correcteur. Pour réduire l’achat de concentré, il faudrait augmenter la surface en prairie, soit en passant une partie du blé en herbe, soit en acquérant de la surface. J’ai semé la même surface en blé que l’an dernier, malgré les incertitudes sur le prix et la disponibilité en engrais minéraux. Je ne suis pas couvert, comme sans doute beaucoup d’éleveurs qui attendent la morte saison pour faire leurs achats d’agrofourniture.

Valentin Crimet, en Gaec, dans la Somme

 

 
Valentin Crimet, en Gaec, dans la Somme
Valentin Crimet, en Gaec, dans la Somme © Gaec Crimet

 

OUI, un peu. J'ai commencé avant la flambée des prix. Aujourd’hui, nous sommes déjà économes en concentré : 150 g/l de correcteur azoté, tourteau de colza et de soja, pour 130 vaches à 9000 litres. Depuis quelques années, nous cherchons à faire le maximum de lait avec ce qui est produit sur l’exploitation : 46 ha d’herbe, 6 de luzerne, 50 de maïs et 1,5 de betterave. Cette année, nous agrandissons les silos existants et les réaménageons pour augmenter les stocks fourragers. Nous développons le maïs épi depuis deux ans pour réduire le concentré distribué pendant le pâturage. Pour 2021, nous étions couverts à 65 % en tourteaux jusqu’à janvier 2022 à un prix intéressant (233 €/t en colza, 350 €/t en soja). Mais 35 % des besoins ont été achetés au prix du jour, donc au prix fort ; par exemple 346 €/t pour du colza acheté en mars. Nous ajustons la proportion colza/soja en fonction des prix. Aujourd’hui, le colza est de moins en moins intéressant par rapport au soja. Chez nous, nous considérons qu’il ne faut pas que le colza dépasse deux-tiers du prix du soja. Donc nous prendrons plus de soja que de colza. La hausse du prix du lait (340 €/1 000 l prix de base pour octobre) ne couvre pas celle des aliments et autres charges. À quand une réaction des laiteries ? La filière va vers une grosse crise à moyen et long terme.

Guillaume Philippot, en Gaec, en Loire-Atlantique

OUI, mais avant la flambée des prix. Nous utilisons seulement 138 g/l de concentrés pour des vaches à 45 % d’herbe pâturée. Les 60 vaches, prim’hostein et jersiaise, produisent 500 000 litres de lait. Cette année très favorable à l’herbe a permis de fermer le silo durant trois mois. L’économie de concentré est due à l’optimisation du pâturage, avec des paddocks réduits à 1,5 ha maximum. Nous essayons l’ensilage d’herbe très précoce. La surface en maïs a été réduite - les rendements sont très aléatoires selon les années - pour augmenter la surface en herbe. Nous travaillons en matières premières et jusqu’au 31 décembre, nous sommes couverts avec un contrat 70 % tourteau de soja et 30 % tourteau de colza à 322 €/t. Cette année, vu le prix des céréales, nous les avons vendues et avons acheté 50 tonnes de VL, avec une couverture jusque fin mars 2022. Cela permet d’économiser du tourteau ; il y en a 30 % dans la VL. Par la suite, si les prix ne baissent pas, nous achèterons des aliments sans contrat. Nous ne baisserons pas les quantités, pour tenir la production : l’élevage fait vivre trois personnes, il y a des emprunts…

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