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Réduire l’empreinte carbone du soja importé

Face au peu de vertus environnementales du soja brésilien, la Coopération agricole Nutrition animale, cherche à bâtir des partenariats pour réduire l’impact carbone du soja importé.

 © J.C. Gutner
© J.C. Gutner

Le soja importé, essentiellement depuis le Brésil, n’a pas bonne presse car souvent cultivé sur des surfaces de forêt préalablement défrichées sans ménagement. La forêt amazonienne ne cesse de reculer pour laisser place au bétail puis au soja. Et le phénomène est en recrudescence depuis l’élection de Jair Bolsonaro. Il est pour partie attisé par la faim insatiable de la Chine pour les protéines végétales. 60 des 123 millions de tonnes de soja produites au Brésil en 2019 étaient destinées au débouché chinois. Et ces volumes ne cessent de croître. Au premier semestre 2020, les exportations brésiliennes de soja vers la Chine ont augmenté de 36,3 % en volume et de 33,3 % en valeur par rapport à la même période de 2019. Du côté des fabricants d’aliment du bétail français, la volonté est de chercher une parade face à la mauvaise image du soja brésilien, laquelle pourrait à terme pénaliser des produits carnés ou laitiers issus d’animaux pour partie nourris avec ce tourteau importé. D’après Comtrade, un organisme dépendant des Nations unies, la France avait importé en 2017 3,5 millions de tonnes de soja, sous forme d’huile ou de tourteaux. 61 % venaient du Brésil.

Le marché du carbone pour rester concurrentiel

La Coopération agricole Nutrition animale a annoncé le lancement d’une étude sur la possibilité de compenser le mauvais bilan carbone du soja « non déforestant » — mais pour autant quand même importé — par des crédits carbone. Son vice-président Frédéric Monnier, également directeur de l’activité alimentation animale de la Cavac, fait le constat que « 60 à 70 % de l’impact carbone des filières d’élevage viennent de leur alimentation, dont 80 % sont issues des matières premières contre 20 % pour la logistique et les process industriels associés. Il nous faut donc agir sur ces matières premières. » La filière — notamment au travers de la plateforme Duralim et son objectif « zéro déforestation d’ici 2025 » — cherche à montrer patte blanche mais la transition coûte cher. Le « soja non déforestant » représenterait un surcoût de 20 à 70 millions d’euros. D’après Frédéric Monnier, « l’amont ne peut le supporter, et le consommateur n’est pas prêt à payer. C’est la compétitivité de nos filières qui est en jeu ».

Le risque évident serait de voir bien des productions animales de l’Hexagone confrontées à une concurrence accrue d’importations provenant de pays dont le comportement ne serait pas aussi vertueux pour l’approvisionnement en tourteaux des entreprises de nutrition animale. Lesquelles privilégieront le soja le moins onéreux possible pour limiter leurs coûts de production. À côté de la volonté de renforcer la part des protéines végétales produites dans l’Hexagone en misant notamment sur le « Plan protéines » prévu par le gouvernement dans son plan de relance, la Coopération agricole Nutrition animale a choisi d’explorer une voie alternative de financement : le marché du carbone. Elle estime, sur la base de données du cabinet Cereopa, qu’un approvisionnement hexagonal en « soja non-déforestant » représente « un gain en carbone de 1,4 million de tonnes d’équivalent CO2 ». L’objectif est désormais de chercher à construire des partenariats. « La Coopération agricole Nutrition animale souhaite travailler, main dans la main, avec les filières animales et végétales, sur la question de l’impact carbone. Cette synergie entre les filières est essentielle au développement de productions animales durables, résilientes et économes en carbone », estime son président, Jean-Luc Cade.

Hausse prévisible du prix de l’aliment

Compte tenu de la nette progression du prix des céréales et des tourteaux depuis le début de l’automne, les représentants de la Coopération agricole Nutrition animale ne cachent pas qu’il faut s’attendre à une progression du prix des aliments du bétail à compter de janvier prochain.

 

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