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« Au nom de la Terre » : pendant le tournage, le robot de traite a continué à tourner

Le temps du tournage du film « Au nom de la Terre », sorti il y a un an, la ferme de la Touche, à Saint-Pierre-sur Orthe en Mayenne s’est transformée en décor de cinéma. Concilier travail sur la ferme et cohabitation avec des acteurs et une équipe de production, c’est ce qu’ont fait Vincent et Valérie pendant 2 mois. Une vie « en coulisse » que France 2 a filmé et raconté dans un documentaire. « Au nom de mon père » a été diffusé ce dimanche 6 septembre dans le 20 h 30 présenté par Laurent Delahousse.

Le succès a été énorme : le film « Au nom de la Terre », sorti sur les écrans le 25 septembre 2019, a été vu par près de 2 millions de spectateurs. Le public a été ému par l’histoire de cet agriculteur qui, dans les années 90, a sombré dans la dépression. Une réforme de la PAC et toujours plus d’investissements, des cours qui baissent et des prix toujours plus bas, et surtout un incendie qui dévaste le troupeau de chèvres et le bâtiment d’élevage. Pour Christian Bergeon, le père du réalisateur du film, c’est la descente aux enfers. Dépression, prise excessive de médicaments et finalement le geste fatal : le suicide par ingestion de produits phytosanitaires.

Dans les coulisses du tournage

Pour France 2 François-Julien Piednoir et Smaïn Belhadj ont réalisé un reportage dans les coulisses du tournage. Leur documentaire « Au nom de mon père » a été diffusé le 6 septembre dans le « 20 h 30 le dimanche » présenté par Laurent Delahousse.

Dans la vraie vie d’Edouard Bergeon, l’histoire se passait dans une ferme caprine du Poitou. Dans sa fiction, le tournage a eu lieu dans une exploitation laitière de Mayenne, à la ferme de la Touche, à Saint-Pierre-sur Orthe. Vincent et Valérie sont « or champ » mais c’est leur ferme de 80 hectares qui a servi de décor au film. Ils ont loué une partie des bâtiments qu’ils n’occupaient pas. Pour les besoins du cinéma, il a fallu procéder à quelques aménagements. Un chemin, notamment, a été refait pour résister à deux mois de tournage. La déco a été revue également avec quelques rouleaux de papier peint.

Des vaches qui ont adopté la « zen attitude  »

Pour les éleveurs et leur fils Axel associé, le tournage n’a pas empêché le travail quotidien. « Cinéma ou pas cinéma, les vaches ne font pas la différence » dit Vincent. Heureusement « elles ont eu la zen attitude, ça n’a pas eu l’air de les déranger », commente-t-il. Le robot de traite ne s'est pas arrêté de tourner.

Quand il leur reste un peu de temps, ils peuvent assister aux prises. Pour Valérie, Guillaume Canet est  « complètement crédible » dans le rôle d’agriculteur. Pour ce rôle, il « s’est beaucoup inspiré de nos techniques, de nos mimiques », confie Valérie. Car avant le temps du tournage, les acteurs travaillent leur personnage. Un temps pour observer, pour écouter. « Il regarde comment on procède, remarque Valérie, et après, il ne met pas de temps à copier », constate l’éleveuse.

Un acteur en immersion dans une ferme

Pour s’imprégner de l’ambiance, Guillaume Canet a installé sa caravane au milieu des ballots de paille. Il dormait sur place. Dans le film, c’est lui qui conduit le tracteur. « Je m’éclate » dit-il en « off » pendant le tournage.

A 46 ans, l’acteur semble touché par cette profession et dit aimer « les gens de la terre ». Des gens « qui ont la tête sur les épaules », qui sont « travailleurs », qui sont « droits ».

La situation actuelle des 250 à 300 agriculteurs par an qui se suicident le « déprime ». Ils font « des journées de dingues ». Et « ce qui est terrible, c’est de voir des gens qui essaient de faire bien et qui sont condamnés à faire mal pour s’en sortir ».

Vincent, l’agriculteur de Mayenne, lui, a plutôt le sentiment de faire bien. En agriculture conventionnelle raisonnée, comme de très nombreux agriculteurs, il utilise des pesticides. « Je n’ai pas honte de dire que j’utilise des produits phytosanitaires », lance-t-il, « mais il faut dire qu’on ne le fait plus n’importe comment ». La preuve : les vers de terre qui témoignent de l’activité de la faune dans son sol.

Projection à la ferme en avant-première

Deux mois de tournage et un clap de fin où l’émotion est palpable, pour ceux qui vont partir comme pour ceux qui vont rester et qui ont eu « le plaisir de les accompagner » en restant « dans les coulisses ». Et puis, le retour, 6 mois après pour une projection à la ferme en avant-première. Un brin nostalgique, Guillaume Canet se demande s'il va pouvoir de nouveau manger un « sauciflard ».

Sur un grand écran, on parle du suicide des agriculteurs et de ce monde parfois impitoyable. Une histoire poignante qui a touché le grand-public et raisonné jusqu’au festival de Cannes. Pour le fils d’agriculteur Edouard Bergeon, « ce film est une résilience bien en cours ». Preuve que dans la vraie vie aussi, « ça tourne ».

Lire aussi « "Au nom de la Terre", au nom du père, au nom du monde paysan » .

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