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Exportations céréalières
Sénalia a présenté « une bonne résilience » et « une structure financière solide » sur l'exercice 2020-2021

La campagne 2020-2021 s’est traduite par une baisse des tonnages manutentionnés de 26 % alors que le chiffre d’affaires du prestataire de service rouennais n’a diminué que de 7 %.

« La campagne 2020/2021 se caractérise par une plus grande diversité de destinations », indique Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia.
© Haropa Port

« Notre modèle économique bien équilibré a permis de passer cette année contrastée », se félicite Gilles Kindelberger, le directeur général de Sénalia. Le chiffre d’affaires de Sénalia atteint 32,871 M€ sur l’exercice commercial 2020-2021 (contre 34,233 M€ la campagne précédente), dont 12,923 M€ (soit 32 %) concernent l’export céréalier (contre 18,211 M€). Le résultat net du groupe ressort à 1,2 M€, alors qu’en 2019/2020, il avait été « fortement impacté par l’amortissement exceptionnel de Robust [le terminal sucrier de Sénalia] », selon le rapport d’activité 2019-2020 du silo portuaire, qui avait alors préféré ne pas en dévoiler la valeur.

« Ces chiffres montrent que Sénalia présente une bonne résilience et une structure financière solide. Même si nous avons subi une baisse d’activité, nous nous en sortons bien économiquement, grâce à la mutualisation du personnel et notre conduite non dispendieuse », explique Gilles Kindelberger, directeur général du terminal portuaire rouennais. La place portuaire de Rouen demeure le premier port français et le premier port sur l’Ouest européen en termes d’exportation de céréales. A l’échelle de l’Hexagone, Port Atlantique La Rochelle se place sur la deuxième marche du podium et Dunkerque port sur la troisième.

 

Une faible récolte céréalière

« En juin 2020, dans les champs, tout était parfait, augurant d’une bonne récolte à venir », raconte Gilles Kindelberger. Hélas, les précipitations de juillet ont conduit à une nette baisse de la collecte attendue. « A titre d’exemple, alors que le récolte de blé tendre était prévue à 37,5 Mt, seules 35,5 Mt ont été moissonnées. »

Si la qualité intrinsèque des blés réceptionnés s’est caractérisée par « une forte homogénéité », avec « en moyenne un PS de 79,3 kg/hl, une humidité de 12,9 % et une teneur en protéines de 11,2 % », comme l’indique le rapport d’activité 2020/2021, la propreté des grains livrés tend à se dégrader, constate le directeur général de Sénalia. Cette situation s’explique, en partie, par la croissance des tonnages de grains stockés à la ferme, qui partent directement sur le port de Rouen, sans passer par la case « Travail du grain » chez les coopératives et négociants agricoles. Si « les organismes stockeurs ont énormément travaillé sur le séchage car ils ne pouvaient pas faire autrement », ces derniers sont contraints de « diminuer leurs coûts logistiques », ce qui a conduit à « une augmentation des « départs ferme » », selon Gilles Kindelberger.

Pour remédier à cette évolution de la gestion de la collecte, Sénalia a décidé d’agir. « Dans les quatre prochaines années, nous allons investir dans du matériel d’amélioration de la qualité des grains, qui ne pourra concerner qu’une frange de ce que nous recevons. A sachant que nous réceptionnons 500 camions par jour, soit 4 Mt de marchandises », tempère Gilles Kindelberger.

 

Une importante capacité d’allotement

« La force de Sénalia est de posséder de grandes capacités de stockage, avec la possibilité d’individualiser les lots dans des cellules allant de 450 t à 4 500 t. Cela nous permet de ségréguer les blés en fonction de leur PS, de leur teneur en protéines et de leur temps de chute de Hagberg. Au total, nous avons pu différencier 12 à 14 classes de qualité de blé, ce qui nous a permis de répondre aux divers besoins du marché », se réjouit le directeur de Sénalia.  

Par ailleurs, les capacités de ségrégation de Sénalia ont été fortement mobilisées pour répondre aux exigences des contrats en orge de brasserie à destination de la Chine, qui « imposent une traçabilité des lots en variété pure, client par client », indique le rapport d’activité 2020/2021. Les infrastructures du terminal céréalier ont permis « de gérer 38 classes et de piloter 12 lots différents en simultané ».

 

Une chute de 42 % des exportations de grains

Les exportations de céréales se sont élevées à 3,049 Mt en 2020/2021 (contre 5,286 Mt en 2019/2020 et 3,985 Mt en 2018/2019), soit 155 navires chargés d’un tonnage moyen de 20 000 t.  « Sénalia représente 22,77 % des exportations de céréales françaises par voie maritime », souligne son directeur général. Dans le détail, les chargements de blé meunier en 2020/2021 se sont élevés à 1,934 Mt (contre 3,511 Mt en 2019/2020 et 2,493 Mt en 2018/2019), à 516 000 t d’orge fourragère (contre 1,091 Mt et 71 000 t), 454 000 t d’orge de brasserie (contre (551 000 t et 275 000 t) et 21 000 t d’oléagineux (contre 32 000 t et 119 000 t).

« La campagne 2020/2021 se caractérise par une plus grande diversité de destinations », remarque Gilles Kindelberger. La Chine devient la première destination de Sénalia (39,5 % du trafic à l’export), avec 20 % du flux de blé tendre (434 000 t), 95 % du flux d’orge fourragère (494 000 t) et 61 % du flux d’orge de brasserie (278 000 t). La deuxième place du podium revient au Maroc (18,3 % du trafic export), avec 28 % du flux de blé tendre (558 000 t). L’Algérie (11,8 % du trafic export) en occupe la dernière marche, avec 18 % du flux de blé tendre (359 000 t). Les autres destinations sont le Cameroun (6,5 % du trafic export), le Mexique (4,1 %), l’UE (3,7 %), La Mauritanie (2,2 %) et le Gabon (2,6 %).

« Si, historiquement, la première destination des céréales de l’hinterland du port de Rouen est l’Algérie, depuis deux ans et demi, la Chine est arrivée en force pour devenir le premier client des grains français, en détrônant l’Algérie haut la main », rappelle le directeur général. De fait, l’Algérie a modifié son cahier des charges, « qui avantageait le blé français sur le critère des grains punaisés », facteur clef de la qualité de la panification. Le pays a ainsi augmenté le taux de grains punaisés autorisé, la teneur en protéines à 12 % et le PS à 78 kg/hl, avec un taux de réfaction important. « L’Algérie a de fait ouvert son marché aux blés russe, ukrainien et roumain, au détriment de l’origine française. »

 

Un préacheminement qui fait la part belle à la voie d’eau

« Concernant, les modes d’approvisionnement en grains, la campagne 2020/2021 est la copie conforme de la précédente », indique Gilles Kindelberger. Le camion représente 62 % de part modale, la péniche 31 % et le train 7 %, contre respectivement 55 %, 32 % et 13 % en 2018/2019. Et le directeur général de Sénalia de rappeler qu’« il y a une douzaine d’année, le camion représentait 80 % de nos acheminements ». La variation des parts modales des modes de transports s’explique de la façon suivante : « Tandis que, lors des petites campagnes, le transport routier est le plus utilisé car nous nous approvisionnons sur le proche hinterland, les grosses campagnes nous obligent à aller plus loin chercher de la marchandise et donc à privilégier le fret ferroviaire ».

Quant à la voie d’eau, sa part modale se maintient grâce à la création de notre navette fluviale. « Nous louons des péniches à l’année, mises à disposition de nos partenaires coopératives et négociants, qui bénéficient d’une ristourne de 30 centimes d’euros la tonne transportées », précise Gilles Kindelberger. Et de rappeler : « Le programme d’investissements qui s’est étalé sur le sept dernières années a été très orienté sur le transport fluvial, avec le rachat à neuf du matériel de déchargement des péniches, qui nous permet d’atteindre aujourd’hui une cadence de 14 000 tonnes de grains par jour ».

 

Une campagne 2021/2022 qui s’avère porteuse

Le 1er juillet 2021, Sénalia se fixait un objectif d’exportations céréalières de 4,5 Mt sur 2021/2022. Au 31 décembre 2021, 2,450 Mt étaient déjà chargées. « Contrairement aux exercices commerciaux précédents où la morte saison s’étant de novembre à février, nous avons bien travaillé sur le premier semestre de la campagne, et ce, malgré la crise sanitaire liée à la Covid-19, les stocks disponibles et la qualité reçue. D’ici le 30 juin prochain, nous devrions exporter 4 Mt de céréales au minimum », expliquait Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia, le mercredi 23 février.
Depuis, la Russie a envahi l’Ukraine, perturbant fortement les chargements au départ de la mer Noire de ces deux pays, grands exportateurs de grains et produits dérivés. Un contexte qui pourrait profiter à l’origine française sur le marché international, à la condition que les marchandises hexagonales puissent répondre aux besoins des importateurs.
Concernant la prochaine campagne, « aucun écho négatif n’est pour l’heure remonté sur l’état des cultures en place », se réjouit Gilles Kidelberger, qui tempère : « Cependant, l’hiver est clément et de fortes gelées en avril-mai ne sont pas à exclure. Reste à savoir comment vont se dérouler les semis de printemps et quel assolement va en découler ».

 

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