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Marché international des grains
Guerre en Ukraine : la France pourra-t-elle pallier le manque d’offre de blé d'origine mer Noire ?

Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia, terminal céréalier sur le port de Rouen, nous livre son analyse des conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur le commerce mondial des grains.

Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia.
© Thierry Michel

La Dépêche - Le Petit Meunier : Quel est l’impact, dans l’immédiat, de la guerre en Ukraine sur les échanges agricoles mondiaux ?

Gilles Kindelberger : Ceux qui avaient acheté de la marchandise en Ukraine et en Russie essaient de s’approvisionner en d’autres origines, et la France peut en faire partie. Les risques encourus de naviguer sur la mer Noire sont importants et les taux d’assurance demandé aux armateurs fait flamber le prix du fret. Le fait que ces acheteurs veuillent s’approvisionner sur d’autres origines fait monter les prix comme nous avons pu le constater.

LD-LPM : A quelles conditions la France pourra-t-elle répondre à la demande internationale ?

G. K. : La question se pose en effet de savoir si la France sera en capacité de répondre aux différentes sollicitations car la moisson 2021 a été assez difficile. Beaucoup de pluie en juillet 2021 qui ont dégradé les qualités des blés. Le poids spécifique a été touché de façon diverse et disparate, ce qui fait que, face aux cahiers des charges des importateurs, nous pourrons difficilement, ou de façon limitée, répondre aux demandes que pourraient faire l’Algérie, la Tunisie, le Maroc ou l’Egypte, ces pays qui ont réorienté leurs sources d’approvisionnement en blé vers la zone mer Noire depuis quelques années. Par ailleurs, l’Algérie a modifié son cahier des charges il y a quelques mois, nouveau cahier des charges qui favorise les origines russes (augmentation du taux de protéines de 11,5% à 12%, et baisse de l’exigence sur les grains punaisés de 0,2% à 1%). Pour l’origine française, la teneur en protéines à12 % est difficile à obtenir, d’autant plus que les contraintes environnementales ont fait que nos agriculteurs sont limités dans les apports d’engrais à commencer par la solution azotée.

Donc, si l’Algérie, entre autres, ne modifie pas son cahier des charges, nous ne pourrons la satisfaire que pour une infime partie. Idem pour l’Egypte qui exige un taux d’humidité à 13%. S’ils ne le modifient pas, ça restera problématique pour nous de les satisfaire aussi.

LD-LPM : Quelles seraient les conséquences si le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine s’enlisait ?

G. K. : Si la guerre dure en Ukraine, il est évident que les personnes qui se protègent ou qui sont sur les théâtres d’opération, ne seront pas présents pour semer les maïs et les tournesols, de suivre la culture des céréales à paille qui a déjà été semée. Donc, il y a des risques sur leur capacité de production pour la campagne 2022/2023… Il en est de même, mais dans une moindre mesure, pour la Russie. Par ailleurs, les ports ukrainiens ont fait l’objet de bombardement : Odessa, Mykolayiv et peut-être d’autres aussi. Quelle sera demain, la capacité des ports ukrainiens à charger des navires de céréales ?

Dans le cas d’un long conflit armé, se posera également la problématique de l’approvisionnement en engrais et de leur prix : dans une telle tension avec des pays producteurs de gaz, comment nos agriculteurs vont être en capacité de s’approvisionner ?

Par ailleurs, comment vont faire les pays importateurs pour se sourcer en céréales d’ici juillet 2023 (et je dis bien 2023 au minimum), dans un contexte de raréfaction de l’offre et d’augmentation du prix du blé...  Quid d’un nouveau Printemps arabe ?

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