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La sécheresse fait craindre une accélération des sorties

À l’image de la plupart des pays du nord de l’Europe, bon nombre de prairies françaises ont été transformées en paillasson dès la mi-juillet. Le manque d’herbe et l’obligation de puiser dans les stocks font désormais craindre une accélération des sorties de bovins.

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Après un printemps plutôt favorable à la pousse de l’herbe et à la constitution des stocks de fourrage, l’été 2018 aura été marqué dans bon nombre de départements par un déficit hydrique marqué, accentué pas plusieurs épisodes successifs de grosse chaleur. La combinaison de ces deux facteurs s’est traduite dès la mi-juillet par des prairies qui sont passées du vert au jaune paillasson puis au gris poussiéreux. Les orages du mois d’août ont très ponctuellement permis d’améliorer la situation. Mais depuis la fin de l’été, de nombreux élevages puisent dans leurs stocks d’hiver. Initialement, le grand quart nord-est de la France était le plus concerné. Tout au long du mois d’août le déficit hydrique s’est progressivement étendu à la plus grande partie du pays. Les premiers ensilages de maïs ont été récoltés avec un bon mois d’avance. Qualité et quantité ne sont évidemment pas au rendez-vous dans les parcelles non irriguées.

Toute l’Europe du Nord est touchée

La France est loin d’être le seul pays européen concerné. Toute l’Europe du Nord est touchée par ce manque de pluies et ces records de températures. En Suède, le feu a détruit des milliers d’hectares de forêt et la Fédération des agriculteurs Suédois parle de la "pire crise depuis plus de 50 ans". Idem en Allemagne et aux Pays-Bas où le déficit en fourrage est estimé entre 40 % et 60 % par le LTO, principal syndicat agricole néerlandais. Outre-Manche, la Grande-Bretagne n’a pas connu pareille sécheresse depuis au moins 80 ans. Dans ce pays, tout comme en Irlande, les éleveurs ont eux aussi commencé à puiser dans leurs stocks avec des interrogations pour savoir s’ils n’allaient pas être dans l’obligation d’anticiper des ventes au moins pour certaines catégories d’animaux ou bien raccourcir les cycles de production. Des ventes anticipées et accrues de bétail maigre irlandais en direction des habituels pays acheteurs du sud de l’Europe ne sont pas à exclure.

Tensions sur le prix de la paille

Ces aléas climatiques dans le nord de l’Europe accentuent les tensions sur le marché de la paille. Les Belges viennent régulièrement en acheter dans le nord de la France, en Picardie et en région Champagne-Ardenne. Ils ont par force été plus assidus cette année et ont surtout été rejoints sur le terrain par des opérateurs allemands et néerlandais, eux aussi en recherche de ce précieux sous-produit. La conséquence prévisible de ce phénomène est une tension soudaine sur les prix avec des tarifs qui, selon les régions et la plus ou moins grande proximité des zones céréalières ont augmenté de 15 à 25 euros la tonne. Ils se rapprochent désormais dangereusement des chiffres de 2003, année où dans bien des zones d’élevages les tarifs franchissaient allègrement le cap des 100 euros la tonne rendue cour de ferme.

Réserves d’eau pour irriguer

Cette nouvelle sécheresse estivale fait inévitablement resurgir le sujet de la constitution de réserves de l’eau pour l’irrigation. Une thématique d’autant plus urgente que pour bien des climatologues la sécheresse et les températures que nous avons connues cet été vont se renouveler avec une fréquence accrue dans les années à venir compte tenu des évolutions du climat.

Le recours anticipé aux stocks fourragers fait désormais surtout craindre une sortie plus précoce des animaux. Début septembre, les opérateurs ne constataient pas pour l’instant une forte accélération des mises en marché dans la mesure où la fin de l’été correspond aussi classiquement au redémarrage de la campagne. Ils s’interrogent en revanche pour les semaines à venir en espérant eux aussi que le ciel consente enfin à lâcher ses précieuses gouttes pour éviter d’avoir des files d’attente à l’entrée des abattoirs et des centres d’allotement.

Aliments du bétail annoncés à la hausse

Suite à la brutale hausse du prix des céréales, les fabricants d’aliments du bétail préparent les esprits à une hausse de leurs tarifs. Entre août 2017 et août 2018, le panier de matières premières pour l’alimentation animale (indice IPAA) a augmenté de 24 % (blé à + 35,5 %, tourteaux de colza et tournesol à + 30 %, maïs à + 14,2 %), indique par exemple Coop de France. Difficile de prédire de combien les aliments pour bovins vont augmenter dans les semaines à venir mais il est bien évident qu’il ne faut pas s’attendre à les voir baisser !

Trois questions à Jérôme Chartron, chef des ventes du marché au cadran de Chateaumeillant dans le Cher

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Est-ce que la sécheresse incite les éleveurs de votre région à mettre en vente plus précocement leurs lots de broutards ?
Jérôme Chartron - Dans l’immédiat (NDLR : propos recueillis le 4 septembre), nous ne sommes pas confrontés à une recrue sensible des apports, du moins pour l’instant. Les broutards sont correctement préparés et nos apporteurs les vendent dans la fourchette de poids à laquelle ils ont l’habitude de les vendre. Pas de bouleversement majeur non plus côté laitonnes. On sent cependant les éleveurs très inquiets par rapport à ces phénomènes de sécheresses récurrentes.
Et du côté des animaux adultes ?
J. C. - Là, nous observons en revanche des sorties anticipées de vaches. Ces animaux sont proposés par des éleveurs qui ont l’habitude de les vendre non finies. Ces sorties plus précoces correspondent à des animaux dont les veaux viennent d’être sevrés et que ces éleveurs avaient de toute façon prévu de réformer. Mais au lieu de leur faire reprendre un peu d’état, ils les vendent au plus tôt pour réduire le temps de présence de toute bouche inutile. Dans notre secteur, les éleveurs ont globalement fait des stocks satisfaisants au printemps mais ils veulent les gérer au mieux pour en avoir suffisamment jusqu’à la mise à l’herbe. Ils préfèrent sacrifier ces quelques vaches vides pour donner priorité à leur cheptel reproducteur. Avec ces vaches pas trop préparées, les prix sont plus discutés. Leurs engraisseurs devront les garder entre 30 et 50 jours supplémentaires avec un coût de ration annoncé à la hausse.
On entend aussi beaucoup parler d’une proportion non négligeable de vêlages tardifs ?
J. C. - Il va effectivement y avoir un petit retard dans les sorties. Pour les veaux nés à l’automne et en incluant les vêlages de décembre, il n’y a pas de grandes évolutions par rapport aux années précédentes. Par contre, pour les vêlages résultant des mises à la reproduction qui ont eu lieu à compter de la mise à l’herbe 2017 (veaux nés à partir de la seconde quinzaine de janvier 2018), il va effectivement y avoir un peu de retard dans les sorties. Dans les élevages, on voit actuellement des veaux légers pour la saison tout simplement car ils sont nés plus tard. Cela va aller dans le sens d’un étalement de l’offre.

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