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La filière porcine danoise trace son plan de route pour 2050

Malgré une forme de déclin, la filière porcine danoise maintient sa stratégie de compétitivité à l’international. Son plan de route pour 2050 porte aussi sur l’acceptation environnementale et sociétale de sa production.

Anders Leegaard Riis, secrétaire en chef du secteur porcin au Seges, et Marianne Lynchøj, responsable communication, tous deux membres du Seges, ont présenté la feuille ...
Anders Leegaard Riis, secrétaire en chef du secteur porcin au Seges, et Marianne Lynchøj, responsable communication, tous deux membres du Seges, ont présenté la feuille de route de la filière porcine danoise.
© B. Plesse

Avec un prix d’acompte déconnecté des marchés européens depuis plus d’un an (1), la production porcine danoise paye sa stratégie de filière dépendante de l’exportation notamment vers le marché chinois.

Sur 2022, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le cheptel truie a reculé de 9,2 % passant à 1,118 million de têtes et revenant ainsi à « un niveau jamais atteint depuis 1995 » selon l’Ifip. L’abattage a diminué de 4 % pour 17 789 000 têtes et l’exportation de 3 %. Conséquence : son principal opérateur, Danish Crown, a annoncé plusieurs plans de licenciement sur plusieurs sites en Allemagne et au Danemark. Selon l’Ifip, cette tendance générale devrait continuer en 2023 avec un recul de la production estimé à 6,4 %.

Valoriser les déjections animales en biogaz

Malgré cette situation financière dégradée, la filière, par la voix de son institut porcin le Seges, trace sa route en établissant des échéances à moyen et à long terme, sans une remise en cause globale de sa stratégie. Bien au contraire ! Plus compétitif que ses partenaires européens sur les marchés des pays tiers, le pays ambitionne toujours de venir concurrencer les viandes américaines, brésiliennes et canadiennes. Pour les Danois, la population mondiale grandissante entraînera forcément des bouches supplémentaires à nourrir : une demande de +45 % en viande de porc est attendue pour 2035 (2).

Afin de rester dans la course, la profession mise sur son coût de production, l’un des plus faibles d’Europe (3), et sur sa génétique Danbred pour gagner en productivité et en indice de consommation. Pour continuer à se faire accepter sociétalement et environnementalement et ainsi répondre aux exigences européennes, la filière, responsable de 16 % des émissions des gaz à effet de serre de l’agriculture du pays, vise une réduction de 45 % de son dioxyde de carbone (CO2) d’ici 2030 (base 2005). Pour ce faire, elle ambitionne de développer la production de biogaz afin de valoriser 60 % des déjections animales (contre 20 % en 2020). Elle compte aussi sur l’amélioration de l’efficience alimentaire via sa génétique pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) par kilogramme de porc produit. « D’autres solutions sont développées comme le raclage ou le refroidissement du lisier type lisiothermie pour améliorer l’empreinte environnementale, commente Anders Leegard Riis, secrétaire en chef du secteur porcin au Seges. À terme, l’industrie agroalimentaire doit d’arriver à un bilan climatique neutre en 2050. »

L’arrêt de la caudectomie

D’ici 2050, tous les animaux devront également disposer de logement bien-être en liberté et les porcs charcutiers devront conserver leurs queues entières. L’objectif est que 90 % des élevages arrêtent la caudectomie d’ici 2035. Le programme débutera en 2025 sur la base du volontariat. À partir de cette date, chaque producteur contribuera financièrement pour permettre d’attribuer un bonus par porc produit aux éleveurs qui s’engageront dans la démarche. « Le but est de récupérer des données et des recommandations des éleveurs eux-mêmes afin de construire une méthode. La production d’animaux à queue entière doit passer à court terme de 0,5 million à 4 millions de porcs par an », détaille-t-il. « Néanmoins, tous ces projets vont coûter cher et nous sommes confrontés au même problème que dans les autres pays : le consommateur veut toujours plus, mais il n’est pas prêt à payer. » Ainsi, les éleveurs danois vont devoir financer eux-mêmes ces projets et comptent donc sur l’amélioration continue de leur compétitivité pour compresser ces coûts. Malgré tout, la volonté est de préserver la production avec une interprofession proactive qui dialogue en permanence avec les consommateurs et les politiques. Ces derniers ont d’ailleurs pris conscience de l’importance de maintenir des sites d’engraissement dans les zones rurales pour préserver l’emploi. Depuis mars, le Danemark enregistre une hausse sensible de la cotation de son opérateur principal Danish Crown grâce à une demande qui s’anime sur les pays tiers.

(1) 1,586 euro sur le premier trimestre 2023 contre 2,159 euros pour la France (base MPB 56 TMP).
(2) Source : Danbred.
(3) 1,45 euro par kilo contre 1,58 euro par kilo en France en 2021 selon Interpig.

Avis - Elisa Husson, ingénieure d’étude Ifip, experte en charge d’analyse des marchés du porc et du commerce international

La filière danoise a privilégié l’aval et ses marchés exports.

 

 
Elisa Husson, ingénieure d’étude Ifip, experte en charge d’analyse des marchés du porc et du commerce internationalLa filière a privilégié l’aval et ses marchés exports. © Ifip
Avec 400 % d’autosuffisance en viande porcine, le Danemark est structurellement tourné vers l’exportation au même titre que l’Espagne. Néanmoins, nous voyons la cotation de ces deux pays réagir diamétralement à l’opposé depuis plus d’un an. La simple dépendance au marché asiatique et à la Chine ne peut donc pas expliquer en intégralité le faible prix payé aux éleveurs danois. L’autre raison est liée à la structuration de leur filière porcine qui se rapproche d’un système intégré, mais également internationalisé dont trois quarts des éleveurs sont sous la coupe de l’opérateur principal Danish Crown. La baisse non négligeable de l’offre, ajoutée à l’explosion des coûts de production, a sûrement obligé les responsables de la filière à faire des choix stratégiques. Et c’est le maillon « aval » qui a été privilégié afin de rester compétitif à l’international et ne pas perdre des marchés. Nous sommes donc sur un équilibre économique différent de celui de la France. Cependant, nous avons les mêmes problématiques liées à la transmission et aux questions sociétales et environnementales. Tout cela cumulé a entraîné une baisse cheptel porcin et donc de l’abattage avec notamment une diminution actuelle de 13 % comparée au premier trimestre 2022.

 

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