Joël Boueilh : "Le rapport sur les caves coopératives de vinification confirme que le statu quo n'est pas une option"
Les Vignerons coopérateurs n'ont pas pu rencontrer la ministre de l'Agriculture le 16 décembre, prise par l'actualité de la DNC. Mais la présentation du rapport d'audit sur les coopératives reconnaît la nécessité d'une aide de l'Etat. Entretien avec Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs.
Les Vignerons coopérateurs n'ont pas pu rencontrer la ministre de l'Agriculture le 16 décembre, prise par l'actualité de la DNC. Mais la présentation du rapport d'audit sur les coopératives reconnaît la nécessité d'une aide de l'Etat. Entretien avec Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs.
Que dit le rapport d’audit du CGAAER sur les caves coopératives et des 10 M€ à la clé ?
Joël Boueilh : « Le rapport nous a été présenté le 16 décembre et il nous a rassurés. Il confirme ce que nous disons depuis plusieurs mois sur le besoin de restructuration des coopératives. Il indique bien que le statu quo n'est pas une option et que nous avons besoin de l'appui des pouvoirs publics pour mener à bien ces opérations. Nous pressentons qu’un cinquième des caves coopératives sont en difficulté. La campagne d'arrachage à venir risque d'accentuer les problèmes. Il est urgent d'agir. Ce sera le sujet de notre rendez-vous avec la Ministre de l’agriculture en janvier. Et c'est pourquoi nous restons vigilants pour que l'enveloppe de 10 millions d'euros soit reconduite et même augmentée en 2026. »
Que pensez-vous de la proposition du rapport sénatorial de réorienter des budgets vers la communication ?
« Nous sommes bien conscients qu’il est nécessaire d’avoir un accompagnement pour mettre en marché. Depuis l’été dernier, nous rediscutons de la répartition des enveloppes OCM. Notre conseil coopératif était plutôt partagé, voire réservé, à ce sujet car la production était en difficulté pour trouver des prix avec le négoce. Les pays d’oc se sont saisis des accords de durabilité rendus possibles depuis cet été. Sauf qu’il est très difficile de mettre en œuvre cet accord car les propositions n’ont pas atteint le prix d’orientation. Pour quelques euros de l’hecto, c’est dommage.
Malgré l’amertume que cet échec a créée au sein des caves coopératives, nous avons validé une augmentation de l’enveloppe pour la promotion vers les pays tiers, avec, en contrepartie, une diminution sur les investissements dans les bâtiments. Nous recommandons que ces budgets soient plutôt orientés vers la promotion collective au niveau français. Cette décision porte le message fort de la volonté des caves coopératives pour accompagner le négoce. Mais ce n’est pas un blanc-seing. Nous espérons bien que les accords de durabilité vont fonctionner dès cette année en côtes-du-rhône. »
Pensez-vous que le dialogue interprofessionnel a progressé ?
« Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que dans un contexte de diminution de la consommation, nous aurions besoin de plus de fluidité entre la production et les metteurs en marché. Car nous allons devoir faire évoluer les produits et cela nécessite qu’il y ait une continuité plus naturelle du raisin au produit fini. Les caves coopératives sont elles-mêmes productrices et metteuses en marché. Si cette fluidité n’est pas possible je dis aux caves : préoccupez-vous en vous-mêmes.
En sachant que la mise en marché, c’est difficile. C’est déjà un investissement avant d’être un retour sur investissement. Et il y a des risques d’échec. Mais je pense que les caves coopératives sont bien placées pour innover car elles peuvent prendre des risques financiers, plus que des caves individuelles ou certains négoces. La question est : faut-il continuer à produire tout seul dans sa cave ? Pourrait-on mutualiser ? Il va être nécessaire de se poser pour réfléchir à travailler ensemble. »