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[Tribune] Jérémy Decerle juge la réforme de la PAC « courageuse »

« Courageuse et droite dans ses bottes », tels sont les propos de Jérémy Decerle, député européen et agriculteur sur le projet de réforme de la Politique agricole commune adopté par le Parlement européen. Le parlementaire centriste s’en explique dans une tribune.

Jérémy Decerle sur son exploitation en Saône-et-Loire.
© Bruno Le Hir de Fallois

Les négociations entre les ministres de l'Agriculture des Etats membres de l'Union européenne à Bruxelles ont abouti, le 21 octobre 2020, à un projet de réforme de la politique agricole commune. La nouvelle PAC est prévue pour la période de 2021 à 2027. Une version du texte a été proposée également par le Parlement. Désormais, des triloges vont démarrer pour tenter de trouver un accord entre Parlement européen, Etats membres et Commission européenne.

Lire aussi « Julien de Normandie veut un projet de déclinaison nationale de la PAC pour le printemps »

Dans une tribune diffusée le 19 novembre, Jérémy Decerle, éleveur de bovins en Saône-et-Loire et député européen, livre son regard sur la nouvelle PAC, dans sa forme telle qu'adoptée par le Parlement européen. La politique agricole commune, est au cœur de ses préoccupations professionnelles et politiques. A 36 ans, il est membre du groupe parlementaire centriste Renew Europe et membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural au Parlement européen. La réforme de la PAC est « courageuse et droite dans ses bottes », dit-il en préambule.

Voici l’intégralité de son point de vue.

 « La PAC a cela d'extraordinaire qu'elle parvient, depuis plusieurs décennies déjà, à soutenir et orienter toutes les agricultures européennes, dans un but commun: nourrir notre population, protéger, soutenir, défendre nos agriculteurs, nos savoir-faire, nos spécificités, la diversité de nos produits, de nos territoires, de nos paysages... Et depuis des décennies déjà, réforme après réforme, les décideurs européens – qu'ils viennent des terres d'élevage françaises, des régions boisées du nord de l'Europe ou des anciennes structures agraires de l'Est de l'Europe - parviennent à s'entendre sur une feuille de route agricole commune. C'est déjà une prouesse en soit que nous ne mesurons parfois pas suffisamment.»

Une feuille de route agricole commune

 « Négocier une réforme de la PAC est un exercice d'une extrême complexité, qui nécessite ténacité, détermination, convictions, courage...La France se doit chaque fois d'être au rendez-vous pour ses agriculteurs et je crois que cette fois-ci encore, elle a d'ores et déjà prouvé qu'elle l'était en sauvant l'indispensable, le budget. Sur le contenu, le travail est en cours et à force de patience, de dialogue et de travail, je crois que nous avançons lentement mais sûrement vers une PAC courageuse et pragmatique, à même de répondre tant aux attentes de la société qu'aux besoins des agriculteurs. 

Alors, à ceux qui crient au scandale, à ceux qui accusent sans fondement, à ceux qui choisissent l'obstruction plutôt que l'action, à ceux qui aimeraient tout jeter à la poubelle, je veux dire mon incompréhension, ma déception et ma défiance. Dans un monde idéal, nous aimerions tous avoir plus, tout de suite, maintenant... mais les agriculteurs - eux - le savent mieux que personne, les meilleures récoltes demandent du temps. Rien ne sert de vouloir tout révolutionner du jour ou lendemain car en agriculture, seuls gagnent le temps, l'écoute et certainement l'amour pour le métier. »

Compromis équilibrés et ambitieux

 « Au Parlement, avec mes collègues rapporteurs, nous l'avons prouvé. Le temps a fait son œuvre. Nous sommes parvenus, le mois dernier, à des compromis équilibrés et ambitieux. Aujourd'hui, à nous de transformer l'essai en parvenant à convaincre les États membres du bien fondé de nos propositions pour l'Agriculture européenne. Ce marathon, appelé dans le jargon "trilogue", nous le démarrons depuis quelques jours et je formule le vœu qu'il puisse se faire dans les conditions les plus sereines possibles, dans la recherche de cet équilibre essentiel entre ambitions environnementales et réalités économiques, avec toujours, toujours, en ligne de mire ces femmes et ces hommes qui aiment leurs terres et leurs animaux, les chérissent au quotidien, nous offrant le meilleur pour nos territoires et pour notre alimentation. 

Gardons confiance, gardons la détermination, gardons le CAP pour offrir, demain, à nos agriculteurs la meilleure des PAC possible.»

Lire aussi [Tribune] Jérémy Decerle : « Ah, tiens, l’agriculture est un secteur stratégique »

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