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Hugo Clément vise la production de maïs française dans Sur le front : comment la filière contre-attaque et dénonce une émission à charge

L’émission sur le Front consacrée à la filière française de maïs et présentée par Hugo Clément le 16 juin suscite de vives réactions dans la filière qui dénonce une prise de position militante plutôt qu’un travail journalistique. Agriculteurs et organisations professionnelles lui répondent sur les réseaux sociaux.

Hugo Clément discuant avec une éleveuse dans une prairie devant une haie.
Hugo Clément avec Charlotte Kerglonou, éleveuse laitière en Ille-et-Vilaine, pour l’émission sur le Front sur la filière maïs diffusée le 16 juin dernier.
© Capture d'écran de l'émission Sur le Front

« Bien loin d’un documentaire journalistique qui aurait dû être étayé, équilibré et nuancé, le reportage a pris des allures de procès à charge et donné à avoir une réalisation inexacte, partiale et totalement déconnectée des réalités agronomiques, environnementales et économiques ». Huit organisations de producteurs agricoles (AGPB, AGPM, CGB, FNSEA, FOP, Jeunes agriculteurs, UNPT) réagissent ainsi dans un communiqué au nouvel épisode de l’émission « Sur le Front » animée par Hugo Clément, diffusé le 16 juin sur France 5 et consacré à la filière française de maïs.

Une immersion marquée par des propos manquant de nuances, parfois très raccourcis,

Intercéréales dénonce pour sa part sur linkedin « une immersion marquée par des propos manquant de nuances, parfois très raccourcis, qui s’éloignent des vérités de notre filière ».

 

Lire aussi : Sur le Front : les sept affirmations d’Hugo Clément qui irritent le monde agricole

Le maïs sert à 2% pour l’alimentation humaine et consomme 25% de l’eau, résume Hugo Clément

Avec une mise en scène de type « immersion », à grand renfort d’images de drones, et de filature de camions chagrés de maïs, Hugo Clément affirme que seuls 2% du maïs est utilisé directement pour l’alimentation humaine, alors qu’il représente 25% de la consommation d’eau en France et laisse à penser qu’une très grande partie du maïs part dans les méthaniseurs, pour l’exportation ou la production de fructose. Sans parler de l’impact de la culture sur le grand hamster d’Alsace.

Lire aussi : Fact checking : le Comté est-il « un mauvais produit sur le plan écologique » comme l’affirme Pierre Rigaux ?

En fin d’émission, Hugo Clément résume la filière maïs en chiffres. 1,6 million d’hectares produisent 33 millions de tonnes de maïs ayant une l’utilisation répartie de la manière uivante : 17 millions de tonnes vont à l’alimentation des vaches, 3,8 Mt pour l’alimentation des porcs et volailles, 2,8 Mt à la méthanisation, 3,7 Mt à l’export, 500 000 t pour le bioéthanol, 1,7 Mt en amidon, 260 000 t pour la farine de maïs, 410 000 t pour le maïs doux, 40 000 t pour le pop corn

Si les professionnels des grandes cultures ne contestent pas formellement ces derniers chiffres (à l'exception des chiffres sur la consommation d'eau) ils dénoncent dans un fact checking « les raccourcis », voire la présentation « caricaturale et mensongère » qui est faite de la filière maïs.

Lire aussi : Irrigation et réchauffement climatique : des situations à adapter en fonction des territoires

Comment les filières grandes cultures se défendent face à Hugo Clément ?

Face à ce qu’ils voient comme « un nouveau procès à charge déguisé en documentaire », Intercéréales et les 7 fédérations professionnelles se défendent en affirmant que :

  • 90% du maïs cultivé en France est destiné à l’alimentation humaine (directe ou indirecte) et seulement 7 à 10% du maïs est valorisé pour des usages non-alimentaires
  • Le maïs est un « apport complémentaire essentiel » pour les rations animales
  • Seuls 2,5% des surfaces de maïs sont utilisées pour la méthanisation et 4% pour le bioéthanol qui permet de produire 150 000 tonnes de drèches utilisées pour l’alimentation animale
  • Seulement un quart des surfaces de maïs est irrigué et sur les surfaces irriguées 75% de l’eau est rejetée par évapotranspiration. Par ailleurs l’irrigation du maïs ne prélève qu’1% de l’eau de la Gave d’Oloron ente juillet et août
  • « Si 32% de notre production nationale de maïs est bien exportée », cela contribue à la souveraineté européenne.

Lire aussi : VIDEO - L'agriculture consomme-t-elle beaucoup d'eau ?

Des agriculteurs excédés par Hugo Clément sur les réseaux sociaux

Au-delà de la réaction des organisations professionnelles, des agriculteurs ont réagi directement sur les réseaux sociaux dès la diffusion de l’émission pour dénoncer les méthodes et le ton utilisés par Hugo Clément dans l’émission Sur le Front.

On y voit des ensileuses et leurs remorques se faire survoler par des drones sans leur accord, au-dessus des champs et des propriétés privées

« J’y ai vu des confrères être pris en filature sur la route et filmés par des journalistes. On y voit des ensileuses et leurs remorques se faire survoler par des drones sans leur accord, au-dessus des champs et des propriétés privées. Il y a des personnes dans ces engins qui travaillent, et qui ont été épiées et harcelées. Je suis écœuré par ces méthodes absolument pas nécessaires pour comprendre la réalité d’une profession », écrit l'agriculture David Forge sur facebook dénonçant une émission qui étale les inconvénients de la culture du maïs sans en montrer les avantages.

« Le maïs va très bien cette année, il fait chaud et il pleut régulièrement. Mais ce qui va très bien c’est le Gave d’Oloron et les agriculteurs pour irriguer cet été prélèveront au maximum 1% », répond Franck Laborde, président de l’AGPM dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Et d’accuser Hugo Clément de faire la part belle aux importations à chaque fois qu’il attaque l’agriculture française.

Un producteur de maïs en Alsace s’est aussi filmé dans son champ pour répondre à Hugo Clément expliquant piloter son irrigation en temps réel pour apporter de manière plus juste l’eau. Et de l’inviter à venir dans son exploitation agricole pour « comprendre la réalité du terrain » plutôt « que de discréditer toute une profession ».

Lire aussi : L'agriculteur Bruno Cardot chez Hugo Clément : « C’est du théâtre mais il faut y aller »

Sur le menton : Les Jeunes agriculteurs du Lot-et-Garonne répondent avec humour 

Les Jeunes agriculteurs du Lot-et-Garonne ont pour leur part choisi de répondre avec humour à l’émission Sur le Front d’Hugo Clément avec une vidéo baptisée « sur le menton », revenant notamment sur la question de la consommation de l’eau pour la production de maïs.

Lire aussi : 

Broyage des poussins : là où L214 et Hugo Clément se trompent

Antibiotiques : comment Dr Toudou et des éleveurs répondent à Hugo Clément sur Twitter

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