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Henri Triballat : « Une démarche RSE pour montrer les efforts des éleveurs laitiers »

La laiterie Triballat a mis en place une démarche de responsabilité sociétale pour mieux respecter l’environnement, les animaux et les hommes. Premiers résultats avec Henri Triballat, directeur de la production laitière.

<em class="placeholder">Des chèvres à Rians en mars 2021</em>
Les premiers résultats de la démarche RSE de Triballat se dessinent mais la laiterie peine à valoriser ses efforts.
© T. Fox/B Side/Rians

Pourquoi avoir lancé une démarche RSE [Responsabilité sociétale des entreprises] à Rians ?

Henri Triballat - Nous avons lancé la démarche Laiterie familiale engagée il y a quatre ans. L’idée était de formaliser nos pratiques pour répondre aux attentes sociétales : respect de l’environnement, bien-être animal, et considération pour les hommes et femmes de la filière. Nous pensons que, demain, le consommateur choisira davantage des produits vertueux, respectueux de l’environnement, des animaux et des personnes. Mais, si la Covid-19 a renforcé cette aspiration, la crise inflationniste a relégué ces préoccupations au second plan dans les choix des consommateurs. Mais nous n’avons pas relâché nos efforts.

Quels progrès concrets avez-vous réalisés ?

H. T. - Notre engagement est ancien et nous avons par exemple réduit de moitié nos émissions de gaz à effet de serre entre 2007 et 2022, notamment grâce à une chaudière biomasse alimentée en bois local. Nous réfléchissons maintenant à installer des ombrières photovoltaïques sur les parkings du site de Rians (Cher). D’autres efforts portent sur le transport (écoconduite) ou les emballages (écoconception). Et nous accompagnons aussi nos 450 éleveurs de chèvres ou de vaches dans cette transition.

En quoi consiste cette démarche pour les éleveurs ?

H. T. - Elle repose sur trois piliers : bien-être animal, environnement et viabilité économique. Elle a été coconstruite avec les producteurs et des ONG. Pour le bien-être animal, nous visons 100 % des troupeaux avec un accès à l’extérieur d’ici 2030. Pour les situations complexes (voisinage…), des aménagements spécifiques sont envisagés mais doivent rester l’exception. En attendant le déploiement d’un outil national de mesure du bien-être des chèvres, nous visons un âge moyen du troupeau à quatre ans, en considérant que cela peut refléter un meilleur bien-être. Nous proposons aussi des formations de groupe à l’éthologie pour que les éleveurs appréhendent différemment le comportement animal.

Quels sont les objectifs environnementaux ?

H. T. - Nous visons 100 % d’alimentation française pour les animaux d’ici 2030, et 0 % issue de la déforestation dès 2025. Nous sommes actuellement à 91 % d’origine France. Nous proposons aussi des formations à l’agroécologie et à l’agroforesterie. Tous nos livreurs sont aussi invités à passer l’outil d’évaluation environnementale Cap’2ER.

Nos priorités pour l’avenir : nos engagements RSE, le renouvellement des générations, valoriser nos AOP et garder un prix du lait juste

Et sur la « vivabilité » du métier ?

H. T. - Nous évaluons tous les deux ans la relation entre les producteurs et la laiterie via un questionnaire anonyme. Notre objectif : une note moyenne supérieure à 85/100. Actuellement, nous sommes à 84 pour les chèvres et 86 pour les vaches. Nous avons signé des conventions avec tous les services de remplacement dans nos vingt-six départements de collecte. En 2024, nous avons cofinancé près de 500 jours de remplacement à hauteur de 30 euros par jour et jusqu’à 30 jours par an. Nous soutenons les jeunes installés avec notamment un prix minimum garanti pendant sept ans.

Y a-t-il des incitations pour les éleveurs ?

H. T. - Une prime de cinq euros les mille litres est versée aux éleveurs engagés dans la démarche. Elle sera progressivement conditionnée à l’atteinte de certains résultats à partir de 2026. Mais il faut que les efforts soient valorisés par toute la chaîne, y compris le consommateur. Cela passe par un prix du lait juste et durable. Hélas, les négociations commerciales avec la grande distribution ont été dures et les accords n’ont pas été au niveau que nous espérions. Nous continuons à communiquer vers le consommateur autour de nos démarches.

Curriculum

Henri Triballat

<em class="placeholder">Henri Triballat</em>

Petit-fils d’Hubert Triballat, le fondateur de la laiterie Rians, Henri Triballat s’est formé à l’économie avant de rejoindre l’entreprise familiale en 2013. À 39 ans, il est actuellement directeur de la production laitière et assure le lien avec les 450 producteurs qui produisent 140 millions de litres de lait de chèvre et de vache en France. Il représente aussi l’entreprise dans les interprofessions (Anicap) ou après des ODG et de l’Inao, un rôle clef alors que Rians est devenu le premier fabricant de fromages de chèvre AOP en Europe.

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