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Guerre en Ukraine : le biogaz comme solution pour réduire la dépendance au gaz russe

A la veille d’un sommet européen à Versailles sur l’indépendance énergétique de l’Union européenne, la Commission européenne et le ministre de l’économie français mettent en avant le biogaz parmi les solutions alternatives d’avenir.

unité de méthanisation
"La filière biogaz, en développement depuis 10 ans, participe déjà à l’indépendance énergétique de la France, avec une capacité installée couvrant 3% de la consommation de gaz", selon la FNSEA.
© Ludovic Vimond

La guerre en Ukraine, avec l’envolée des prix du gaz qu’elle entraine, oblige la France et l’Europe à revoir rapidement leur stratégie énergétique. Et le développement du biogaz est d’ores et déjà envisagé comme alternative à l’importation de gaz russe. On assiste aujourd’hui à un choc énergétique « comparable en intensité et en brutalité au choc pétrolier de 1973 » selon les propos de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, en introduction ce matin d’une conférence organisée à Bercy dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne intitulée « renforcer l’autonomie énergétique européenne et réussir la transition écologique ». Une journée qui précède le sommet européen sur la dépendance énergétique réuni par Emmanuel Macron jeudi 10 et vendredi 11 mars à Versailles. Ces discussions doivent permettre de faire émerger des solutions pour réduire la dépendance de la France et l’Europe aux importations de gaz russe à moyen terme.


45% des importations européennes de gaz de l’Europe viennent de Russie

L'Union européenne importe aujourd’hui 90 % de sa consommation de gaz, dont 45 % environ depuis la Russie, à des niveaux variables d'un État membre à l'autre, selon la Commission européenne. La Russie représente également quelque 25 % des importations de pétrole et 45 % des importations de charbon. La France est dépendante à 20% de son approvisionnement de gaz russe contre 40% pour l’Allemagne et même 100% pour la Finlande, a rappelé le ministre de l’Economie la veille en marge d’une visite d’un site de production d’hydrogène d’Air Liquide. Pour sortir de cette dépendance, Bruno Le Maire a évoqué plusieurs pistes à moyen terme dont la diversification des sources de production, citant la production de biomasse et de biogaz comme « solutions alternatives produites en France qui permettront de devenir indépendants du gaz russe ».
 

Le plan européen REPowerEU

Une solution étudiée également par la Commission européenne qui a ébauché le 8 mars « un plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030 », baptisé REPowerEU. « Le moment est venu de s’attaquer à nos vulnérabilités et de devenir rapidement plus indépendants dans nos choix énergétiques. Passons à l’énergie renouvelable sans plus tarder », a commenté à cette occasion Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne chargé du pacte vert pour l’Europe. Comme solution à moyen terme pour sortir de la dépendance aux combustibles fossiles russes, le plan propose de diversifier l’approvisionnement en gaz provenant de fournisseurs non russes et d’accroître les volumes de production et d’importations de biométhane et d’hydrogène.
 

Doubler la production de biométhane

Dans l’objectif de réduire la consommation totale de gaz de l’Union européenne de 30% d’ici à 2030, et de réduire des deux tiers les importations de gaz en provenance de Russie d’ici la fin de l’année (soit 100 milliards de m3), la Commission européenne prévoit de diversifier ses approvisionnements à hauteur de 60 millions de m3 sous un an et de doubler la production de biométhane pour une production de 18 milliards de m3 supplémentaires « en utilisant la politique agricole commune pour aider les agriculteurs à devenir des producteurs d’énergie », selon les propos de Frans Timmermans. Autre solution : augmenter la production et l’importation d’hydrogène renouvelable. « Nous devons installer des millions de panneaux photovoltaïques supplémentaires sur les toits de nos maisons, entreprises et fermes », poursuit le vice-président exécutif de la Commission européenne.

La FNSEA appelle à lever certaines contraintes administratives

Des propositions auxquelles la FNSEA semble adhérer. « La filière biogaz, en développement depuis 10 ans, participe déjà à l’indépendance énergétique de la France, avec une capacité installée couvrant 3% de la consommation de gaz soit l’équivalent de plus de 15% des importations russes », assure le syndicat majoritaire agricole dans un communiqué. « A court terme, elle peut être mise davantage à contribution en levant certaines contraintes administratives dans un contexte où les coûts du biogaz sont désormais inférieurs au prix de marché du gaz naturel » poursuite la FNSEA.

Le syndicat pointe quatre filières à privilégier :

  • La méthanisation à partir de déchets organiques
  • La pyrogazéification à partir de biomasse, de déchets dont les déchets de bois et les combustibles solides de récupération
  • La gazéification hydrothermale de biomasse humide
  • La méthanisation d’hydrogène avec le CO2 des méthanisations ou des industriels

Mais pour développer ces filières, la FNSEA associée aux chambres d’agriculture, à la FNCCR, Avergies, le club biogaz ATEE, l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) et France Gaz renouvelables, demande au gouvernement de : lever les verrous réglementaires à la production pour les installations existantes afin qu'elles participent à leur pleine capacité à la sécurité d'approvisionnement d'ici le prochain hiver ou encore de mettre en place les mesures pour accélérer le développement de ces filières, et particulièrement la méthanisation.

 

Des milliers d'unités à construire

« Aujourd’hui l’Union européenne produit 3 milliards de mètres cubes de biométhane ; atteindre 35 milliards en quelques années nécessitera une mobilisation sans précédent des matières premières pour la biomasse certifiées durables, principalement les déchets et résidus alimentaires, ainsi que la construction de milliers de nouvelles unités », a pour sa part réagi la Copa-Cogeca. L’organisation européenne affirme dans un communiqué que « le secteur agricole est prêt à contribuer à relever ce défi sans précédent ». En revanche, l’organisation se dit « choquée de l’absence de référence à d’autres formes de bioénergie telles que les biocarburants et la bioénergie solide », dans la communication de la Commission européenne.

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