Aller au contenu principal

[Edito] ZNT : le coup du parapluie, ou comment se couvrir en mécontentant tout le monde

Les zones non traitées sont désormais obligatoires à proximité des terrains habités. Mais en créant les ZNT, le gouvernement a ouvert le parapluie, éborgnant au passage les agriculteurs et les écologistes.

Epandage à proxmité d'habitation
Le respect des ZNT est un casse-tête pour les agriculteurs, sans même parler du manque à gagner, tandis que les détracteurs des pesticides ne sont pas convaincus par la mesure.
© N. Ouvrard

Cette fois, impossible d’y couper : les zones non traitées (ZNT) riverains vont faire leur trou dans toutes les parcelles jouxtant des habitations. Les semis d’automne vont devoir les intégrer et il serait très risqué d’y déroger. Ces contraintes supplémentaires passent mal chez un grand nombre d’agriculteurs. Cela ne devrait pas s’arranger lorsqu’ils se seront penchés sur les règles complexes qui encadrent ces fameuses bandes (voir le dossier de notre numéro de septembre).

Les ZNT s’inscrivent dans le débat difficile de la place des phytos dans le modèle agricole. Quelle que soit la position que l’on défend à ce propos, on peut s’interroger sur la pertinence de ces zones. La genèse des ZNT permet d’y voir plus clair. Tout est parti de la décision du Conseil d’État, en 2019, de casser l’arrêté encadrant l’usage des pesticides. Motif ? Le texte ne prévoyait pas de « protection des riverains », comme exigé par l’Europe. L’État avait alors six mois pour revoir sa copie, et les ZNT ont fait leur apparition.

En créant les ZNT, le gouvernement a ouvert le parapluie. ZNT = protection des riverains, CQFD. Sauf qu’en ouvrant ainsi, un peu brutalement, le parapluie, l’État a éborgné à la fois les agriculteurs et les écologistes antipesticides. Pour les premiers, ces bandes tournent au casse-tête pratique doublé d’une perte sèche de revenu. Il faut parfois composer avec des limites de terrain à la géométrie chaotique, gérer de nouveaux couverts, sans parler du risque de dépôts sauvages. Les pourfendeurs des produits phyto, eux, s’étranglent : 3 à 5 mètres en grandes cultures, 20 mètres dans de rares cas ? Quelle différence avec un épandage au ras du grillage ? Mascarade !

« Un petit coin de parapluie, contre un coin de paradis », chantait Brassens, qui disait aussi « au village, sans prétention, j’ai mauvaise réputation ». Dans la vie réelle, l'ouverture de parapluie peut aussi être synonyme d’enfer. Pavé de bonnes intentions. Ça va de soi.

Les plus lus

<em class="placeholder">Berthold Kress, maïsiculteur à Bourideys, en Gironde, devant son outil combiné.</em>
Ravageurs du maïs : « J’ai créé un outil qui fend les pieds de maïs pour éliminer pyrale et sésamie sur mon exploitation en Gironde »

Berthold Kress est maïsiculteur à Bourideys en Gironde. Pour gérer le maximum de larves de pyrale et sésamie après la récolte…

calculatrice
Indice des fermages 2025 en hausse de 0,42% : calculer son nouveau montant de fermage

L’indice des fermages 2025-2026 est annoncé à 123,06 soit une augmentation de 0,42 %, par rapport à 2024-2025. Comment l’…

<em class="placeholder">Hélène et Martin Gosse de Gorre, agriculteurs à Ostreville (62),&quot;Deux ans après semis de trèfle blanc, nous constatons l’absence de développement d’adventices ...</em>
Entretien des haies : « Dans le Pas-de-Calais, nous avons semé du trèfle blanc en bande enherbée pour empêcher les adventices de se développer »

Agriculteurs à Ostreville (Pas-de-Calais), Hélène et Martin Gosse de Gorre gèrent plusieurs kilomètre de haies sur leur…

<em class="placeholder">Jachère spontanée.</em>
Jachère 2025 : la surface la plus haute de la décennie à 511 000 ha
La surface mise en jachère en 2025 est la plus importante de ces dix dernières années en France malgré la suppression de leur…
<em class="placeholder">Panneaux photovoltaïques sur le toit de la stabulation des vaches laitières de la ferme expérimentale de Inrae Lusignan. </em>
Photovoltaïque sur bâtiments agricoles : qu’implique le nouveau système de tarifs d’achat ?
De nouvelles règles s’imposent pour les tarifs d’achat de l’électricité fournie par les panneaux photovoltaïques de moins de 500…
<em class="placeholder">Titouan Farcy, Stéphanie Waryn, Samuel Maréchal, et Pascal Farcy, membre du GIE des 4 épis. </em>
« En Côte d'Or, nous avons sécurisé notre revenu grâce à notre assolement en commun »

Le GIE des 4 Épis est un assolement en commun qui regroupe 670 hectares en Côte d’Or. Matériel en Cuma…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures