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Stockage des produits phytosanitaires : bien ranger son local phyto

Si toutes les fermes comportent un local pour stocker les produits phytosanitaire, ce dernier n’est pas toujours aux normes. Comment savoir si vous êtes dans les clous ? Que faire en cas de contrôle de conditionnalité ? Un bon rangement est la première des précautions.

Pour une bonne rotation des stocks, notez la date de rentrée des produits sur les bidons.  © N. Cornec/Aravalis
Pour une bonne rotation des stocks, notez la date de rentrée des produits sur les bidons.
© N. Cornec/Aravalis
 

Soigner le rangement des bidons

Dans le local de stockage des phytosanitaires, tous les produits doivent être rangés. La pratique veut que les bidons soient classés par usage : les herbicides, les insecticides, les fongicides.

Toutefois, les produits les plus toxiques, comportant le pictogramme [SGH 06 et SGH08], sont à stocker à part, par exemple sur l’étagère du haut.

De même, les acides et les bases, reconnaissables à leur logo [SGH05] ainsi que les comburants et les produits inflammables seront rangés séparément et pas côte à côte, pour des raisons de sécurité. Ainsi on évite un mélange détonnant s’ils venaient à se mélanger.

Autre précaution indispensable : conserver les produits dans leur emballage d’origine.

 

Des stocks à jour

À chaque rentrée de produit, pensez à mettre vos stocks à jour. Il est également conseillé de noter la date de rentrée des produits sur les bidons. Cela permettra de prendre toujours le premier produit arrivé et évitera de laisser un bidon au fond de l’étagère durant plusieurs campagnes. Quant aux ustensiles servant à la préparation des bouillies (doseur, balance, ouvre bidon…), ils doivent être rangés à l’intérieur du local.

 

Mettre les EPI à part

Autre règle à avoir en tête : stocker les PPNU (1) et les EPI (2) usagés bien à part dans le local avec la mention « PPNU à détruire ». Il est déconseillé de stocker les EPI vierges dans le local, en particulier le masque et les cartouches à charbon actif : le charbon actif continue d’absorber même lorsqu’on ne porte pas le masque.

L’idéal est d’avoir un local juste à côté du local phytosanitaire, qui comporte un point d’eau et une douche, dans lequel les EPI propres seront stockés. À défaut d’une douche classique, il est conseillé de s’équiper d’une douche de sécurité transportable : elle est facilement reconnaissable : c’est un extincteur vert. Si vous employez un salarié, la douche est obligatoire.

 

Des étagères et un sol adéquats

Les étagères qui constituent l’intérieur du local doivent être fixées au mur pour éviter les renversements. Il est recommandé de choisir des matériaux non absorbants : les tablettes en bois sont à éviter. Prévoir plutôt des étagères en métal faisant bac de rétention ainsi que des caillebotis pour que les bidons rangés en bas ne reposent pas à même le sol.

Le sol du local doit être étanche et en pente avec un seuil de porte et un puisard de récupération pour pouvoir récupérer les liquides si un bidon venait à se renverser ou à s’éventrer.

 

Ventilation et isolation

La bonne ventilation de la pièce est un élément important. Le plus souvent, deux ouvertures suffisent, l’une à un point bas de la pièce, l’autre à un point haut, à l’opposé dans le local. Cette ventilation n’exclut pas, lorsque le local est resté fermé longtemps, de laisser la porte ouverte pour accélérer l’aération.

Bien que non obligatoire, l’isolation du local est fortement recommandée. Elle permettra protéger les produits qui seront à l’abri des fortes chaleurs, limitant le risque de dégagement de vapeurs toxiques. L’hiver, les produits seront à l’abri du gel et leur efficacité restera garantie.

 

Accès et aération

Si le local est électrifié, l’installation doit être aux normes NF-C15-100. L’interrupteur doit être installé à l’extérieur. Enfin, la porte du local doit ouvrir sur l’extérieur et comporter une serrure.

Le local phytosanitaire doit toujours être fermé à clé. Plus généralement, le local doit être éloigné des habitations et des points d’eau. Il n’existe pas de distance minimale légale mais une trentaine de mètres semble pertinent.

 

Des obligations d’affichage

L’affichage des consignes de sécurité, des numéros d’urgence et des interdictions (interdictions de fumer, interdiction de pénétrer) à l’extérieur est obligatoire. Le risque de vol est à envisager avec votre assureur en déterminant une valeur de contenu correspondant. La présence d’enfants ou d’animaux est interdite dans le local.

À l’extérieur du local, prévoir également un extincteur à poudre ABC (à faire contrôler annuellement) ainsi qu’un bac de matériaux absorbants (sable ou autre matière minérale absorbante).

 

Quelle réglementation s’applique ?

Les obligations des agriculteurs en matière de stockage de phytos sont définies par le Code de santé publique, le Code rural et le Code de l’environnement. Le Code du travail s’applique si l’exploitation emploie au moins un salarié.

La réglementation local phyto vise à éviter les risques pour l’homme et l’environnement. Pour l’environnement, il s’agit d’éviter des fuites de produits dans le sol, l’air et l’eau et pour l’homme, d’empêcher les intoxications accidentelles.
Pour vérifier la bonne réalisation d’un local phytos, les services prévention des MSA (3) sont compétents pour réaliser des audits.

(1) Produits phytos non utilisables.

(2) Équipement de protection individuelle.

(3) Mutualité sociale agricole.

(4) Union des industries de la protection des plantes.

 

Bien se laver les mains

Le lavage des mains après une manipulation de produit est la première mesure de protection à respecter. « Il est recommandé de se laver les mains en trois temps : avant d’enfiler les gants, avant de les enlever et après les avoir enlevés », indique l’UIPP (4). Le syndicat recommande également de prendre une douche après chaque chantier de traitement, « afin d’éviter de contaminer les lieux de vie privés ».

Construire soi-même ou commander un conteneur

Le coût du local dépend de sa surface mais aussi s’il est réalisé par soi-même, par un artisan ou acheté prêt à servir. L’autoconstruction limitera le montant du projet autour de 150 €/m2. Pour l’achat d’un conteneur spécialement conçu, les prix oscillent entre 500 et 900 €/m2. Le conteneur est pratique : il est opérationnel quasi aussitôt livré. De nombreuses entreprises en proposent d’ailleurs. Les avantages ? Il peut être déplacé et ne nécessite pas de dépôt de déclaration préalable ou de permis de construire. Toutefois, il est rarement isolé et reste en métal : à l’intérieur, les produits seront soumis au froid, à la chaleur et à l’humidité, avec un risque de mauvaise conservation. Mais le principal inconvénient du conteneur reste son prix. Un conteneur de 6 m2 coûte autour de 5 000 €HT.

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